Eglises d'Asie – Népal
Quatre ans après le séisme de 2015, les écoles se reconstruisent peu à peu
Publié le 30/04/2019
Le 24 avril, trois séismes ont touché le Népal, un jour avant que le pays himalayen ne commémore le tremblement de terre dévastateur de 2015, qui a causé plus de 8 000 morts et plus de 20 000 blessés. Les secousses successives sont survenues à l’aube, comme un rappel que ce pays isolé, coincé entre les superpuissances chinoises et indiennes, était toujours dépendant des caprices de la nature. La première secousse a été ressentie à Katmandou à 6 h 14 du matin (heure locale), avec une magnitude de 4,8 sur l’échelle de Richter. Elle a été suivie d’une seconde secousse de magnitude 5,2 un quart d’heure plus tard, à Naubise, à 15 kilomètres dans l’ouest de la capitale. Une troisième secousse, plus faible, a frappé le même village onze minutes plus tard. Pour beaucoup de villageois et d’habitants de la région, cela leur a rappelé le terrible séisme du 25 avril 2015, comme si la catastrophe revenait les hanter et provoquer encore d’autres dégâts dans leurs communautés déjà fragiles.
« C’était bouleversant de voir nos maisons s’effondrer devant nos yeux. Les gens pleuraient et criaient. Quelques villageois étaient coincés dans les décombres et d’autres essayaient de se dégager », se souvient Sushmita Tamang, qui avait dix ans à l’époque. Sushmita venait de déjeuner et faisait la vaisselle devant la maison quand le séisme historique, de magnitude 7,8, a frappé son village de Duwachaur il y a quatre ans, dans les montagnes du district de Sindupalchok. « Par chance, personne n’était dans la maison à ce moment-là », ajoute-t-elle. En quelques secondes, la maison, faite de boue et de tôle, s’est complètement désintégrée. La mère de Sushmita travaillait à l’époque comme domestique à Dubai, et son père travaillait à Katmandou. Sushmita, à seulement dix ans, était donc obligée de se débrouiller et de s’occuper seule de sa petite sœur.
760 000 logements et 8 000 écoles à reconstruire
Le district de Sindupalchok a été l’un des plus touchés, avec près de 3 000 victimes et des dégâts considérables. Le séisme de 2015 a ravagé 32 des 75 districts du pays, détruisant environ 760 000 logements et endommageant près de 8 000 écoles, affectant environ un million d’élèves. « J’avais l’impression que le sol était sur le point de se fissurer et que nous allions tomber à l’intérieur », raconte Sushmita. « Partout, des maisons étaient enfouies sous des piles de gravats. Notre école, à quelques centaines de mètres, avait été rasée. » Sushmita et les quelques centaines de milliers d’habitants des villages ruraux ont dû subir la double perte de leurs foyers et de leurs écoles. « J’étais en sixième et les cours venaient de commencer », explique Sushmita. « Je me souviens que j’étais heureuse de retourner à l’école avec mes amis, et j’étais pleine d’énergie. Mais le jour du séisme, nous n’étions pas en cours. C’est une chance parce que j’ai vu que notre salle de classe, où nous étions la veille, avait été complètement détruite. »
Mais les 600 élèves de son collège n’ont pas tous eu cette chance ; trois sont morts et beaucoup ont été blessés. Krishna Dhungana, la directrice de l’école, a repris les cours un mois plus tard dans un des Centres éducatifs temporaires (TLC). Mais ce n’est que l’an dernier que l’école a pu être complètement rénovée et opérationnelle. « Nous avons donné les cours au TLC pendant trois ans. C’était une période difficile pour les élèves et pour les enseignants », explique Krishna Dhungana. « L’été, il faisait trop chaud à l’intérieur du centre, et l’hiver il faisait terriblement froid. La situation était encore pire les jours de pluie, quand l’eau ruisselait jusqu’à l’intérieur du bâtiment, ou que le vent faisait s’envoler la tôle qui servait de toit. » Le collège de Sushmita est l’une des dix premières écoles publiques à avoir été reconstruite dans le district de Sindupalchok, grâce au soutien de la Caritas suisse et de l’ONG suisse Helvetas. Le nouveau bâtiment, prévu pour résister aux séismes, compte 18 salles de classe. Il a été inauguré officiellement le 4 novembre 2018.
Intervention de Caritas
Après le séisme de 2015, la Caritas suisse est rapidement intervenue, fournissant du matériel et une aide d’urgence, distribuant des bâches, des couvertures, des trousses médicales et des tentes aux familles affectées par la catastrophe. Le Vatican a également participé en faisant un don de 100 000 dollars. Les catholiques indiens ont également joué un rôle important en organisant des collectes de fonds, afin de construire des centaines de logements temporaires en périphérie de la capitale népalaise. Avec l’aide de l’ONG Helvetas, 200 écoles temporaires ont également vu le jour pour permettre à 6 500 élèves de reprendre les cours. « Caritas Suisse a travaillé avec beaucoup de pays asiatiques frappés par les catastrophes naturelles. Au Népal, nous voulions participer en particulier pour la reconstruction des écoles, parce que nous sentions que c’est ce que nous pouvions maîtriser le mieux », explique Bernd Schafer, directeur de la Caritas népalaise.
Après s’être associé avec Helvetas, Caritas a participé à la construction d’écoles résistantes au séisme dans le district de Sindupalchok. Vingt écoles sont désormais terminées, pour près de 3 000 élèves. Cependant, des milliers d’élèves étudient encore dans des centres temporaires à cause des délais de construction et du manque d’aides financières. Quatre ans après la catastrophe, seulement 45 % des 7 553 écoles endommagées ou détruites ont été reconstruites. Les autorités locales auraient demandé au gouvernement népalais une aide de 27 milliards de roupies (386 000 dollars) pour pouvoir terminer les travaux de construction. Sushmita a emménagé dans sa nouvelle maison le mois dernier, et sa famille a reçu une aide de 300 000 roupies (3 000 dollars) du gouvernement. Aujourd’hui en troisième, elle salue cette aide comme un don de Dieu, après avoir habité quatre ans dans un abri temporaire. « C’est bon de savoir que ma maison et mon école, où je passe le plus clair de mon temps, sont en sécurité. Maintenant, je peux me concentrer sur mes études sans regarder tout le temps par la fenêtre, inquiète à l’idée que la terre tremble à nouveau. »
(Avec Ucanews, Katmandou)
CRÉDITS
Pragati Shahi et Ucanews