Eglises d'Asie

Ranchi : Mgr Mascarenhas intervient après une nouvelle attaque contre les Missionnaires de la Charité

Publié le 23/11/2019




Mgr Theodore Mascarenhas, évêque auxiliaire de Ranchi (dans l’État de Jharkhand, dans l’est de l’Inde) et ancien secrétaire général de la Conférence épiscopale indienne, a demandé au Bureau central d’enquête (le CBI – Central Bureau of Investigation, l’équivalent du FBI en Inde) de mener l’enquête sur le rôle suspect joué par le CWC (Child Welfare Committee), une agence du gouvernement. Mgr Mascarenhas suspecte l’organisation d’être liée aux charges répétées visant les Missionnaires de la Charité, la congrégation fondée par sainte Teresa de Calcutta, accusant les religieuses au sari bleu et blanc de trafic d’enfant.

Le 20 novembre, l’évêque auxiliaire de Ranchi, Mgr Theodore Mascarenhas, a demandé au CBI (Central Bureau of Investigation – équivalent du FBI en Inde), de mener une enquête approfondie auprès du CWC (Child Welfare Committee), une agence du gouvernement. La demande de l’évêque est intervenue plusieurs jours après un raid de la police dans un couvent des Missionnaires de la Charité dans l’État de Jharkhand, à propos de trois affaires de vente de bébés, enregistrées contre les religieuses. « La police a enregistré de fausses plaintes contre des religieuses innocentes, pour être venues en aide à des mères célibataires en détresse », a protesté Mgr Mascarenhas. Le raid du 18 novembre, mené par la police au couvent de Dumka, fait partie, pour lui, de « la dernière d’une série d’attaques contre les religieuses ». L’évêque accuse la police de « fabriquer » les accusations, sous l’autorité du gouvernement de l’État de Jharkhand, du parti du BJP (Bharatiya Janata Party). Selon lui, les religieuses ont donné les enfants à l’adoption avec l’accord du CWC de Ranchi, la capitale de l’État ; il affirme qu’elles ont respecté toutes les lois et les régulations. Dans chacune des trois affaires concernées, les religieuses sont accusées d’avoir vendu des bébés nés à Nirmal Hriday (« Cœur tendre »), le foyer géré par les religieuses pour les mères célibataires. La police a enregistré la première affaire en juillet 2018. Sœur Concelia Baxla, qui dirigeait le foyer, a également été arrêtée et détenue. La libération sous caution de la religieuse de 62 ans a été refusée pendant plus d’un an ; elle n’a été libérée que le 27 septembre dernier. La seconde affaire a été enregistrée en octobre 2019, et la troisième en novembre. Mgr Mascarenhas affirme pourtant que les religieuses ont tous les documents nécessaires qui prouvent que les enfants ont été donnés à l’adoption avec l’accord du CWC. En cas de soupçons de violations ou d’accusations concernant le processus d’adoption, la police devrait plutôt enquêter sur le rôle de la CWC. « Mais ils ont fait des choix biaisés en visant les religieuses », dénonce-t-il. Il ajoute que la police, durant sa perquisition du couvent de Dumka, a accusé les religieuses de trafic d’être humains.

La police a demandé certains documents concernant les enfants, mais qui devraient être entre les mains de la CWC. Ils ont menacé d’arrêter les religieuses à défaut de pouvoir présenter les documents avant le 22 novembre.  « Dans une affaire, une femme a accouché dans un hôpital public de Ranchi, et le CWC a donné le bébé à adopter. Mais ce n’est pas le CWC qui est accusé par la police aujourd’hui, mais les religieuses qui se sont occupées de la mère », poursuit l’évêque. Dans la plupart des cas, assure-t-il, les mères célibataires demandent l’avortement, mais auprès des religieuses, elles sont conseillées et soutenues, dans un cadre privé et protégé. « Mais le sentiment, aujourd’hui au Jharkhand, c’est qu’aider les pauvres est un crime », regrette Mgr Mascarenhas. Depuis l’arrivée du BJP à la tête de l’État de Jharkhand, en 2014, les chrétiens ont subi de nombreux cas de violences et de harcèlement de la part de groupes pro hindous. Ces groupes s’opposent également aux missionnaires et à leurs œuvres sociales et éducatives, en les considérant comme une façade dissimulant des conversions forcées. Près d’1,5 million de chrétiens vivent au Jharkhand, membres des minorités tribales pour la plupart, sur une population de 35 millions d’habitants. Leur proportion est d’environ 4,3 % au Jharkhand, soit presque le double de la moyenne nationale. Mère Teresa, canonisée en 2016 à Rome par le pape François, a fondé la congrégation des Missionnaires de la Charité en 1950 afin de servir « les plus pauvres d’entre les pauvres ». La congrégation compte aujourd’hui 5 000 religieuses et plus de 770 maisons, dont 243 en Inde. Les sœurs gèrent des foyers pour les plus démunis et les personnes mourantes, ainsi que des foyers d’hébergement pour les orphelins et les mères célibataires.

(Avec Ucanews, Bhopal)


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Ians