Eglises d'Asie

Séoul encourage le mouvement « kwichon » (retour au village) après la crise sanitaire

Publié le 13/09/2022




Selon des chiffres publiés cet été par le ministère sud-coréen de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales, 515 000 personnes ont quitté les villes principales du pays pour les régions rurales en 2021, soit 5,6 % de plus qu’en 2020. Cette tendance semble se développer à cause des prix de l’immobilier en hausse et du télétravail qui s’est accéléré avec la pandémie. De son côté, le gouvernement encourage ce mouvement appelé « kwichon » (retour au village) afin de lutter contre le dépeuplement des campagnes.

Le parc de la pagode, ou Tapgol Park, en 2019 à Séoul. Plusieurs centaines de milliers d’habitants des grandes villes coréennes ont rejoint les régions rurales du pays en 2021.

La Corée du Sud a l’un des taux de fécondité les plus bas au monde. Avec seulement 0,8 enfant par femme, le pays est loin derrière de nombreux autres pays, y compris derrière le Japon où le taux de fécondité est de seulement 1,3 enfant par femme. De plus, près de la moitié de la population sud-coréenne vit dans la région de Séoul, la capitale – un signe du déclin des régions rurales du pays. Plus récemment, toutefois, une tendance semble se développer, donnant de l’espoir à ces régions dont les perspectives étaient jusqu’ici peu enviables.

En fait, de plus en plus de jeunes Sud-Coréens semblent quitter les villes pour la campagne. Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales a publié de nouveaux chiffres cet été, qui montrent que 515 000 personnes (soit 378 000 foyers) ont participé à ce mini-exode urbain en 2021, soit 5,6 % de plus qu’en 2020. Depuis que le gouvernement local a débuté l’enregistrement de ses analyses statistiques, il s’agit là de la plus forte augmentation en une décennie.

Ainsi, alors que beaucoup de personnes âgées déménagent après avoir vécu toute leur carrière en ville, de plus en plus de jeunes décident aussi de renoncer à la vie urbaine effrénée de Séoul et des autres villes principales du pays. Cette tendance a pris beaucoup d’ampleur. Ainsi que le souligne le journal The Economist, un peu moins de la moitié des foyers concernés sont des couples âgés de moins de 40 ans. Ce mouvement de « retour au village », appelé kwichon en coréen, est lié à plusieurs facteurs.

Un mouvement encouragé par le gouvernement contre le dépeuplement rural

Tout d’abord à cause des prix de l’immobilier dans les grandes villes de Corée du Sud ; par exemple, le prix moyen d’un appartement à Séoul a plus que doublé depuis 2017. Autre cause de ce phénomène, la pandémie a entraîné un nouveau modèle pour la vie active, avec de fortes pressions en faveur de la numérisation et du télétravail, ce qui pousse plusieurs centaines de milliers de jeunes coréens à chercher un nouveau logement loin de la ville. D’autres se disent frustrés par le caractère impitoyable du marché du travail et renoncent à chercher un emploi de bureau bien payé pour se rabattre plutôt sur l’agriculture.

Ces foyers sont également encouragés par le gouvernement, qui cherche à lutter contre le dépeuplement rural. Il y a ainsi de nombreuses initiatives dans ce sens, et certaines se sont révélées particulièrement ingénieuses. Plutôt que de dépenser de l’argent (souvent en vain) pour pousser les gens à déménager dans des régions rurales dépeuplées, de nouveaux programmes sont lancés afin d’établir de nouvelles relations entre les populations urbaines et rurales.

Dans la province de Gyeongsang du Sud, dans le sud-est du pays, un projet cherche ainsi à apprendre aux jeunes urbains comment préparer des plats équilibrés typiques de la cuisine coréenne, en les emmenant dans le district de Hamyang où des villageoises âgées transmettent leur savoir-faire et leurs connaissances. Une telle synergie permet ainsi d’apporter un nouveau souffle dans les zones rurales.

(Avec Asianews)