Eglises d'Asie

Séoul : l’augmentation du nombre de Sud-Coréens vivant seuls inquiète les autorités

Publié le 09/06/2022




Selon une nouvelle étude publiée récemment par l’agence KOSTAT (Service coréen d’informations statistiques), 31,7 % de l’ensemble des foyers sud-coréens étaient composés de personnes seules en 2020 (contre 27,2 % en 2015). La première tranche d’âge concernée étant entre 40 et 69 ans, suivie des personnes ayant entre 20 et 39 ans. Le phénomène, appelé « honjok » par les Coréens, inquiète les autorités. « Cette tendance sociale est inquiétante et requiert une réponse cohérente et un système de soutiens », souligne le père Lee Young-woo, prêtre de l’archidiocèse de Séoul.

De plus en plus de jeunes sud-coréens choisissent de ne pas se marier et de ne pas avoir d’enfants.

Presque un foyer sud-coréen sur trois est composé d’une personne seule, une situation qui inquiète les autorités locales. Selon une enquête récente publiée par le Service coréen d’informations statistiques (KOSTAT), la Corée du Sud comptait 6 643 000 de personnes vivant seules en 2020, soit un niveau record de 31,7 % sur l’ensemble des foyers sud-coréens. Selon l’agence KOSTAT, ce chiffre s’élevait à seulement 27,2 % en 2015.

Ainsi que l’explique le groupe CPBC (Catholic Peace Broadcasting Corporation), une société audiovisuelle catholique coréenne, cette augmentation est attribuée à diverses causes socio-économiques dont le chômage, des dépenses immobilières excessives, des écarts de salaires entre les genres et des frais importants pour élever des enfants dans le pays. Les foyers coréens composés de personnes seules appartiennent à différents groupes d’âges, mais le plus important, soit 44,8 % d’entre eux, est dans la tranche de 40 à 69 ans, et le deuxième (35,9 %) entre 20 et 39 ans, selon KOSTAT.

Ce phénomène est souvent désigné par les Sud-Coréens sous le nom de « honjok » (soit des personnes qui choisissent volontairement le célibat et l’auto-isolement comme style de vie). « Cette tendance sociale est inquiétante et requiert une réponse cohérente et un système de soutiens », réagit le père Lee Young-woo, prêtre de l’archidiocèse de Séoul. « Il est nécessaire de préparer une réponse cohérente avec notamment des aides alimentaires et afin de soutenir leur sociabilisation et leurs relations sociales. Ces personnes méritent un logement accessible économiquement, ainsi qu’un emploi et un accès aux soins », poursuit le prêtre.

« Ils viennent ici parce qu’ils n’ont pas les moyens d’accéder à d’autres logements »

Lucia Park Bo-a, directrice générale de Gosi Village, un système de logement à bas coûts implanté à Séoul, la capitale, souligne que des gens âgés entre 40 et 60 ans ainsi que des personnes âgées isolées font souvent appel à son organisation afin de chercher de chambres à louer pour des loyers modérés. « Nous offrons ce service aux personnes défavorisées. Souvent, ces personnes viennent ici parce qu’elles n’ont pas les moyens d’accéder à de meilleurs logements. » Lucia estime que l’auto-isolement et les liens coupés avec la famille ou les amis les affectent et les plongent souvent dans un état d’esprit pessimiste. « Cela peut conduire au suicide et à des morts isolées », souligne-t-elle.

Le taux de chômage, qui a augmenté durant la pandémie en affectant davantage de familles coréennes, est actuellement d’environ 3,9 % en Corée du Sud, selon l’Organisation internationale du travail (le chômage a atteint son plus haut niveau en 20 ans en janvier 2021 avec 5,2 %). Concernant la situation immobilière, les options de logements bon marché se raréfient en Corée du Sud. Par exemple, un appartement qui coûtait 607 millions de wons (452 240 euros) en 2017 coûtait 1,21 milliard de wons (901 500 euros) en octobre 2021, à Séoul. Enfin, selon l’OCDE, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes s’élève à 31,5 % en Corée du Sud, ce qui place le pays en bas du classement sur 29 pays développés.

Une enquête récente du Korea Institute of Child Care and Education affirme que 53,1 % des répondants ont indiqué qu’ils n’avaient pas la capacité financière d’élever plus d’un enfant. Une autre étude, publiée l’an dernier par le ministère de l’Égalité des genres et de la Famille, a constaté que 6 personnes sur 10 ne jugent pas nécessaire de se marier et d’avoir des enfants. La Corée du Sud, qui compte 51,8 millions d’habitants, compte l’un des taux de natalité les plus bas au monde (0,84 enfant par femme en 2020).

(Avec Ucanews)