Eglises d'Asie

Séoul : le gouvernement municipal rejette l’installation d’un mémorial pour les victimes d’Itaewon

Publié le 10/02/2023




Le samedi 4 février, près de 5 000 personnes ont participé à une commémoration publique des victimes de la bousculade d’Itaewon sur la place de Gwanghwamun, en installant un mémorial devant l’hôtel de ville malgré le refus des autorités municipales. L’initiative a été décidée contre l’avis du gouvernement local à l’occasion du 100e jour depuis la catastrophe qui a fait 159 victimes le 29 octobre 2022. Par ailleurs, ce mercredi, une motion de destitution a été votée au Parlement contre le ministre de l’Intérieur pour sa gestion du drame.

Des Coréens font mémoire des victimes de la bousculade d’Halloween d’Itaewon, le 1er novembre 2022 à Séoul.

La bousculade d’Halloween à Itaewon, un quartier populaire de la capitale sud-coréenne, reste un cauchemar inoubliable pour les familles des 159 victimes de la tragédie. Dans ce contexte, les autorités municipales de Séoul, qui sont accusées de ne rien faire pour les aider dans leur traumatisme, ont refusé l’installation d’un mémorial devant l’hôtel de ville.

Le 4 février, afin de commémorer le 100e jour depuis la catastrophe (survenue le 29 octobre 2022), des familles de victimes avaient demandé aux autorités l’autorisation d’organiser une commémoration publique sur la place de Gwanghwamun, située au cœur de la ville historique de Séoul. Le gouvernement conservateur de la capitale a toutefois rejeté la demande en expliquant que le site avait déjà été réservé pour d’autres activités ce jour-là.

Près de 5 000 participants le 4 février

Samedi dernier, les proches des victimes d’Itaewon se sont malgré tout rassemblées à Gwanghwamun. Avec près de 5 000 personnes, ils ont parcouru les rues de la capitale jusqu’à la place principale afin d’y ériger une structure devant l’hôtel de ville, sans le consentement des autorités locales. La police est intervenue afin de tenter de bloquer l’installation du mémorial, avant de céder après une brève altercation.

De nombreux groupes et partis politiques de l’opposition se sont joints à la commémoration. Le ton de l’événement, selon la presse locale, s’est rapidement transformé en attaque ouverte contre le gouvernement du président Yoon Suk-yeol, accusé de n’avoir pas su protéger les victimes. Lee Jae-myung, avocat et membre du Parti démocrate sud-coréen, figure de l’opposition, a notamment pris la parole en parlant de la responsabilité de l’État « avant la tragédie, après la tragédie et aujourd’hui ».

En lançant des appels virulents contre le style prétendument dictatorial des autorités actuelles, Lee a ajouté que « le gouvernement de la ville de Séoul a également rejeté froidement les demandes des familles endeuillées d’avoir un petit espace leur permettant de faire mémoire des victimes ». Toutefois, les autorités municipales ont insisté en demandant le retrait de l’installation. À l’origine, la municipalité avait demandé que le mémorial soit retiré le 6 février, mais ce délai a été repoussé.

Une motion de destitution votée contre le ministre de l’Intérieur

Par ailleurs, le maire adjoint de Séoul a contacté un des représentants des familles des victimes afin de proposer un autre espace situé dans la station de métro de Noksapyeong. La proposition n’a pas été appréciée et a été interprétée comme une tentative de dissimuler et de faire taire les manifestations publiques de condoléances. De plus, les familles avaient déjà érigé un autre mémorial près de la station de Noksapyeong, mais l’espace s’est avéré étroit et difficile d’accès pour beaucoup de gens. Sans compter le fait que la structure a été abîmée à plusieurs reprises par un groupe d’extrême droite local.

Les familles des victimes ont persisté en montant la garde à tour de rôle près de la structure installée devant l’hôtel de ville. Mais depuis l’intérieur du bâtiment, les autorités continuent de demander son retrait. Le 7 février, le maire adjoint de Séoul a lancé un dernier avertissement en annonçant aux familles qu’elles avaient jusqu’au 12 février pour retirer la structure non autorisée.

Par ailleurs, ce mercredi, les membres du Parlement sud-coréen étaient invités à voter la destitution du ministre de l’Intérieur sud-coréen, Lee Sang-min, qui risque de devoir démissionner de son poste à cause de sa gestion de la catastrophe du 29 octobre. Il devrait être suspendu de ses fonctions après la motion de destitution, en attendant une décision de la Cour constitutionnelle.

Selon la motion, le ministre n’avait pas pris les mesures préventives adéquates pour des événements aussi fréquentés, sans compter ses responsabilités en tant que ministre de l’Intérieur. De son côté, le gouvernement de Yoon Suk-yeol a défendu fermement sa gestion de la catastrophe en estimant que sa destitution serait « un épisode honteux de l’histoire du Parlement ».

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Youngjin (CC BY-SA 3.0)