Eglises d'Asie – Corée du sud
Séoul : le gouvernement sud-coréen cherche à lutter contre le harcèlement scolaire
Publié le 14/04/2023
Le 12 avril, le gouvernement sud-coréen a annoncé qu’à compter de 2026, les cas de harcèlement scolaire inscrits dans le dossier des élèves entraîneront des répercussions sur leurs inscriptions à l’université. Les archives sur les cas graves de harcèlement seront conservées durant quatre ans, soit deux fois plus longtemps qu’aujourd’hui, ce qui désavantagera les étudiants coupables de violences en termes d’accès à l’emploi.
Le Premier ministre Han Duck-so et son cabinet ont pris cette décision après l’annulation par le Bureau présidentiel de la nomination de Chung Sun-sin comme nouveau responsable du Service national du renseignement (NIS), son fils ayant été accusé de harcèlement scolaire.
Le problème, largement répandu dans les écoles sud-coréennes, a fait l’objet d’une série Netflix parue récemment et intitulée The Glory. Basée sur une histoire vraie survenue en 2006 dans un collège pour filles basé à Cheongju, dans la province de Chungcheong du Nord, la série raconte l’expérience d’une enseignante en école primaire.
Celle-ci cherche à se venger d’anciennes camarades de classe qui l’ont harcelée à l’école, la soumettant à des pratiques cruelles comme lui brûler la peau avec un fer à lisser lui griffer la poitrine avec une épingle à nourrice. L’établissement a inscrit les coupables sur une liste mais sans imposer d’autres poursuites particulières, tandis que la victime est restée traumatisée des années plus tard.
Bien que la Corée du Sud ait adopté une loi spéciale sur la prévention des violences à l’école en 2004, la situation persiste dans le pays. En fait, le nombre de cas de harcèlement est passé de 11 749 en 2013 à 31 130 en 2019. Quand la pandémie de Covid-19 a éclaté en 2020, le nombre a diminué avant d’augmenter à nouveau avec près de 15 000 cas en 2021. Près de la moitié de ces affaires impliquent des violences physiques, mais les violences verbales ont plus que doublé ces dernières années.
La moitié des cas de harcèlement impliquent des violences physiques
Dans chaque école, le harcèlement est géré par les autorités scolaires, tandis que les cas les plus graves sont confiés aux comités de prévention, considérés comme inefficaces puisque composés essentiellement de parents, d’enseignants et de fonctionnaires qui n’ont souvent aucune expertise juridique. « Beaucoup de magistrats ne participent même pas aux réunions des comités, parce que c’est non rémunéré », explique Park Keun-byeong, président de la Seoul School Teachers’ Union, interrogé par The Korea Times. « Ils sont en général occupés par leur travail, sans compter qu’il y a très peu d’entre eux dans chaque comité. »
Dans le cas de Chung Sun-sin, ce dernier a refusé de reconnaître la mauvaise conduite de son fils malgré des accusations validées par le comité de prévention de son école, qui a ordonné son transfert. Ce n’est qu’après une décision de la Cour Suprême que Chung a été forcé de reconnaître les actes de harcèlement commis par son fils. Le manque d’autorité juridique des comités force les victimes à poursuivre les élèves coupables en justice.
Quand cela arrive, la stratégie des familles des abuseurs est de prolonger le procès afin que les actions dénoncées ne soient pas inscrites dans les documents scolaires officiels. Par conséquent, les victimes et les coupables finissent souvent par rester dans la même classe. De plus, il est facile de trouver en ligne des avocats prêts à défendre les coupables au tribunal.
Pourtant, certains affirment que la situation peut changer. Récemment, une étude impliquant 48 classes basées à Séoul a constaté que les enseignants peuvent favoriser une atmosphère anti-harcèlement en privilégiant une approche bienveillante et en réduisant la compétition entre élèves. La recherche montre que sur une période de 18 semaines, le nombre de cas de harcèlement scolaire a chuté. Pour les chercheurs, le plus efficace est de se concentrer sur l’ensemble de la classe plutôt que sur les abuseurs seulement.
(Avec Ucanews)