Eglises d'Asie

Séoul reproche à Pékin le rapatriement forcé de plusieurs centaines de transfuges nord-coréens

Publié le 18/10/2023




Le 13 octobre, le ministère sud-coréen de l’Unification a confirmé plusieurs rapports d’organisations humanitaires, signalant que Pékin aurait rapatrié de force près de 600 transfuges nord-coréens. Selon les autorités sud-coréennes, la réouverture prochaine des frontières nord-coréennes risquerait d’entraîner l’expulsion d’environ 2 000 Nord-Coréens détenus actuellement en Chine. Dans son communiqué, le gouvernement sud-coréen a ajouté qu’il ferait tout son possible pour protéger les droits des Nord-Coréens à l’étranger.

Lee Chul-hwan, un transfuge nord-coréen.

Vendredi dernier, Koo Byoung-sam, porte-parole du ministère sud-coréen de l’Unification, a confirmé les rapports de plusieurs groupes de défense des droits de l’homme, selon lesquels la Chine aurait rapatrié de force plusieurs centaines de transfuges nord-coréens. M. Koo a ajouté qu’à l’heure actuelle, il est impossible de connaître le nombre exact de personnes impliquées dans l’opération chinoise. Les organisations humanitaires à l’origine de l’alerte ont parlé de près de 600 Nord-Coréens expulsés dans la région du nord-ouest de la Chine, dans le cadre de ce qui semble être un rapatriement massif.

Le porte-parole sud-coréen a également remarqué que son pays avait pourtant sollicité la coopération de la Chine afin de prévenir les rapatriements de transfuges – une initiative rare de la part des autorités sud-coréennes, qui évitent en général de traiter directement avec leurs homologues chinois à ce sujet. Ce genre de demande est inhabituelle non seulement parce qu’il est difficile de déterminer le nombre exact et les conditions de vie des Nord-Coréens réfugiés en Chine continentale, mais aussi en raison de la nécessité pour la Corée du Sud d’éviter d’envenimer les relations avec son puissant voisin.

De son côté, la Chine a nié les rapports parlant d’expulsions de masse. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré avoir toujours maintenu une « attitude responsable » vis-à-vis des Nord-Coréens qui franchissent la frontière pour des raisons économiques. De manière générale, les Nord-Coréens bénéficient toujours du statut de réfugiés quand ils parviennent à rejoindre d’autres pays, et la Chine est signataire de la Convention de Genève de l’Onu (établie en 1951, relative au statut des réfugiés).

Pourtant, Pékin ne reconnaît pas le droit d’asile des transfuges Nord-Coréens. Au contraire, les réfugiés sont traités par Pékin comme des migrants illégaux et expulsés en Corée du Nord dans le cadre d’un accord bilatéral avec Pyongyang, y compris concernant de nombreux Nord-Coréens vivant parfois depuis plusieurs années en Chine, où certains ont même fondé une famille.

2 000 Nord-Coréens détenus en Chine risquent d’être expulsés

Dans son communiqué, Koo Byoung-sam a ajouté que le gouvernement sud-coréen ferait tout son possible pour protéger les droits des Nord-Coréens à l’étranger. Le ministre de l’Unification, Kim Yung-ho, âgé de 63 ans, qui a enseigné à la Sungshin Women’s University de Séoul, est quant à lui connu pour sa position ferme vis-à-vis du régime de Kim Jong-un. En août, le Centre de données pour les droits humains nord-coréens (NKDB) et Choe Jaehyeong, membre de l’Assemblée nationale sud-coréenne, ont organisé un séminaire sur le rapatriement forcé des Nord-Coréens détenus en Chine.

À cette occasion, le ministre Kim a exprimé son opposition au rapatriement des Nord-Coréens, auxquels la Corée du Sud accorde systématiquement la citoyenneté. Il a souligné que les transfuges devaient non seulement bénéficier du statut de réfugiés, mais qu’ils devaient aussi pouvoir être autorisés à entrer en Corée du Sud.

Récemment, plusieurs organisations sud-coréennes ont alerté sur la situation des Nord-Coréens vivant en Chine ; en septembre dernier, par exemple, une manifestation a été organisée devant l’ambassade chinoise à Séoul. Ces groupes craignent qu’après trois ans de pandémie et de fermeture des frontières nord-coréennes, Pyongyang ouvre à nouveau ses frontières, ce qui faciliterait les expulsions depuis la Chine.

Une enquête récente de 38 North (un site internet consacré à l’analyse des événements liés à la Corée du Nord, en référence au 38e parallèle nord divisant la péninsule coréenne) signale un regain de trafic près de la frontière sino-coréenne, ce qui indiquerait une réouverture prochaine des frontières avec la Corée du Nord. Selon Elizabeth Salmon, Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Corée du Nord, près de 2 000 Nord-Coréens sont actuellement détenus en Chine. Si les frontières étaient rouvertes, ils risqueraient d’être renvoyés dans leur pays.

(Avec Asianews et Ucanews)


CRÉDITS

picryl.com