Séoul : un catholique handicapé mental aide des villageois démunis à Jjokbang

Le cardinal Andrew Yeom (au centre) et le père Francis Kim (à gauche) lors d’une soupe populaire lancée en janvier 2021 dans l’archidiocèse de Séoul.

Tous les habitants du village de Jjokbang, à Huam-dong près de Séoul, connaissent Won Yong-hee comme quelqu’un de bon, qui salue toujours les gens avec le sourire quand il traverse les alentours à vélo. Won Yong-hee, âgé de 53 ans, atteint d’un handicap intellectuel, a été pauvre et sans-abri depuis l’enfance. Pourtant, au cours des cinq dernières années, il a continué de se rendre dans le village de Jjokbang, où il est né. Il y distribue des repas pour une vingtaine de personnes dans le besoin, comme volontaire d’une organisation catholique locale. Il explique qu’il se sent heureux quand les gens le remercient pour les services qu’il rend, en collaboration avec l’association Catholic House of Love and Peace. « Je suis heureux quand je les entends dire merci, et quand je peux servir avec joie », ajoute-t-il après une livraison, interrogé par The Catholic Times of Korea.

Sa vie n’a pas été épargnée par les difficultés depuis l’âge de onze ans. Il a grandi comme orphelin après la mort de ses parents. Il a fait ce qu’il a pu pour gagner de l’argent pour survivre, comme cireur de chaussures, en vendant des journaux, en ramassant des objets usagés ou en accumulant de nombreux autres petits boulots. À cause de la pauvreté, il n’a pas pu recevoir une éducation basique, et son handicap l’a empêché de décrocher un emploi décent. Il s’est donc démené pour s’en sortir dans ce contexte difficile. Malgré la forte progression de la Corée du Sud comme puissance économique, près de 16,7 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté, selon l’OCDE (Organisation économique pour la coopération et le développement), basée à Paris. Selon des chiffres de 2019, l’organisation classe le pays 5^e sur 33 pays développés selon leur taux de pauvreté relative. Près de la moitié des personnes âgées en Corée du Sud vivent dans la pauvreté, faute de revenus et d’économies, remarque le groupe Borgen Project, une ONG qui lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde.

« Je veux servir tant que je vis »

Depuis des années, l’Église locale fournit un toit et une aide alimentaire aux plus nécessiteux à travers le pays, avec l’aide de volontaires comme Won. Ainsi, en janvier, l’archidiocèse de Séoul a ouvert une soupe populaire afin de fournir des repas gratuits à plusieurs centaines de sans-abri. Les Sœurs de la Charité de Saint-Vincent de Paul de Suwon-si, dans la province de Gyeonggi, fournissent également de la nourriture, des vêtements et d’autres biens essentiels aux plus démunis depuis près de dix ans. En janvier 2017, l’association Catholic House of Love and Peace a aussi lancé une initiative locale afin de venir en aide aux plus pauvres dans le village de Jjokbang. Won a participé au programme et a commencé à livrer des repas aux voisins démunis. Depuis l’an dernier, il est hébergé par le centre de l’association. De temps en temps, il se rend dans le village pour vérifier si des gens ont besoin d’aide.

Autrefois, des villageois se moquaient de lui à cause de son handicap et de sa pauvreté, mais aujourd’hui, tout le monde le traite avec respect. Certains vont le voir quand il rencontre une situation difficile. Won explique qu’il rend grâce à Dieu et qu’il prie à chaque fois qu’il part de chez lui et quand il rentre, parce qu’il considère son service comme « l’œuvre de Dieu ». Ses prières sont simples : « Je ferai de mon mieux pour servir » et « J’ai travaillé dur au service ». Outre les livraisons de nourriture dans le village, qui est situé à 40 minutes de marche de chez lui, Won ramasse aussi de la ferraille et d’autres objets qu’il revend pour gagner un peu d’argent. Il donne parfois de l’argent au centre afin de procurer davantage de nourriture pour les personnes âgées démunies du village. Il souligne qu’il souhaite continuer ce service aussi longtemps que possible. « L’argent que l’on gagne en travaillant, cela varie, mais le travail que l’on fait pour Dieu, cela ne disparaît jamais. Je prie Dieu pour m’améliorer dans mon service. Je veux servir davantage et tant que je vis. »

(Avec Ucanews)