Eglises d'Asie

Singapour exécute un condamné à mort malgré les appels à la clémence

Publié le 27/04/2023




Un homme condamné pour trafic de cannabis a été exécuté le 26 avril, malgré des appels répétés des groupes de défense des droits humains à suspendre la sentence. Dans un communiqué, la Fédération Internationale pour les Droits Humains a condamné le recours à la peine de mort par Singapour dans les affaires mineures de stupéfiants. En 2022, le pays a exécuté 11 personnes, toutes reconnues coupables d’infractions liées à la drogue.

Une bannière affichée sur le mur de la prison de Changi, à Singapour en 2019. En 2022, le pays a exécuté 11 personnes, toutes reconnues coupables d’infractions liées à la drogue.

Tangaraju Suppiah, un Singapourien de 46 ans condamné pour trafic de cannabis, a été exécuté par pendaison à la prison de Changi, le 26 avril au petit matin. La famille de Tangaraju Suppiah avait été informée le 19 avril par l’administration pénitentiaire de la date de son exécution.

Dans un communiqué de presse publié le 24 avril, la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), basée à Paris, a condamné le recours à la peine de mort par le gouvernement de Singapour dans les affaires mineures de stupéfiants.

« La FIDH réitère sa condamnation de l’application continue de la peine de mort par le gouvernement singapourien, en particulier pour des délits qui n’atteignent pas le niveau des crimes les plus graves », a déclaré le groupe.

L’accusé avait été reconnu coupable par un tribunal de grande instance singapourien d’avoir participé à une tentative de trafic d’environ 1 kg de cannabis dans le pays et condamné à la peine de mort. Le tribunal a retenu le chef d’accusation de trafic parce qu’un numéro de téléphone appartenant à l’accusé aurait été utilisé pour coordonner des livraisons de cannabis. Suppiah a plaidé non coupable.

En août 2022, Suppiah et 23 autres condamnés à mort ont déposé une requête conjointe auprès de la cour d’appel pour demander la révision de leur condamnation à mort. La requête a été rejetée par la cour. Les membres de la famille de Suppiah ont fait appel à la présidente singapourienne, Halimah Yacob, dans l’espoir d’obtenir une grâce.

Adilur Rahman Khan, secrétaire général de la FIDH, a exhorté le gouvernement à s’aligner sur les normes internationales en matière de lois sur les drogues « Le recours persistant des autorités singapouriennes à la peine de mort dans le cadre de leur guerre contre la drogue est répréhensible. Le gouvernement singapourien devrait aligner ses lois et politiques en matière de drogue sur les lois et normes internationales, conformément aux droits humains », a déclaré M. Khan.

Le groupe invoque les dispositions de l’article 6, paragraphe 2, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et engage le gouvernement singapourien à s’y conformer. Selon ce texte, les pays qui n’ont pas aboli la peine de mort ne peuvent l’appliquer que pour les crimes les plus graves. Le groupe souligne que « la jurisprudence des Nations unies a déclaré à plusieurs reprises et sans équivoque que les délits liés à la drogue ne font pas partie des crimes les plus graves ». Le groupe a en outre réitéré sa « ferme opposition à la peine de mort pour tous les crimes et en toutes circonstances ».

Singapour applique l’une des législations les plus sévères au monde en matière de trafic de stupéfiants. Le pays se trouve aujourd’hui en décalage en la matière avec ses voisins sud-est asiatiques, alors que la Thaïlande a récemment légalisé l’usage du cannabis.

La condamnation à mort des individus qui introduisent de la drogue sur le territoire singapourien est justifiée par le fait que cette pratique contribuerait à sauver un plus grand nombre de vies, en vertu de la loi de 1973 sur l’abus de drogues (Misuse of Drugs Act 1973). Les seuils de quantités qui peuvent entraîner une condamnation à mort pour trafic sont néanmoins parmi les plus bas au monde : 15 grammes pour l’héroïne, 500 grammes pour le cannabis.

En 2022, le pays a exécuté 11 personnes, toutes reconnues coupables d’infractions liées à la drogue. Selon les données officielles, il s’agit du deuxième plus grand nombre d’exécutions enregistrées en une année depuis 2007. Selon Amnesty International, 579 exécutions ont eu lieu dans 18 pays en 2021, soit une augmentation de 20 % par rapport aux 483 exécutions enregistrées en 2020. La plupart des exécutions connues ont eu lieu en Chine, en Iran, en Égypte, en Arabie saoudite et en Syrie. Amnesty désigne la Chine comme le premier pays exécuteur au monde, mais le pays ne publie pas de statistiques officielles.

(Avec Ucanews)