Eglises d'Asie

Sœur Patricia Fox quitte les Philippines

Publié le 08/11/2018




Sœur Patricia Fox, une religieuse missionnaire australienne, a dû quitter les Philippines le 3 novembre après que les autorités ont refusé de prolonger son visa temporaire. À son arrivée à Melbourne le 4 novembre, elle a appelé l’Église philippine à continuer de lutter contre les injustices. Pour la religieuse, les chrétiens doivent être présents auprès de ceux qui sont opprimés. Elle a suscité la colère de l’administration Duterte qui l’accusait d’activités politiques partisanes dans le cadre de sa défense des Droits de l’Homme dans le sud de l’archipel.

Sœur Patricia Fox, 72 ans, a dû quitter les Philippines. La religieuse missionnaire australienne n’a pas pu prolonger son visa. Avant de quitter le pays, elle a appelé les évêques du pays à combattre les injustices. La religieuse, membre de la congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Sion, confie que les autorités religieuses « doivent agir et non pas se contenter de faire du bruit », contre les violations des Droits de l’Homme dans l’archipel philippin. « Les mots ne suffisent pas », souligne-t-elle. « Là où sont les opprimés, c’est là que les chrétiens doivent aller », ajoute la religieuse qui s’est attiré la colère du président philippin Rodrigo Duterte pour avoir rejoint les mouvements de protestation. « Le pape François a dit qu’on ne peut pas se considérer comme chrétien quand on reste silencieux face aux violations massives des Droits de l’Homme », poursuit sœur Fox. « Tous les secteurs, l’Église, tout le monde doit sortir et revendiquer ce que nous voulons pour notre société, pour notre monde », soutient la religieuse.

Dans un communiqué, les évêques philippins ont déclaré que le départ de la religieuse était « un coup dur pour l’esprit missionnaire de l’Église philippine ». « La foi qu’elle proclame n’est pas au détriment de la vie des Philippins », souligne le père Jerome Secillano, directeur des relations avec les médias pour la conférence épiscopale. « Au contraire, c’est une source d’espoir et de consolation pour ceux qui souffrent », ajoute le prêtre. L’évêque auxiliaire de manille, Mgr Broderick Pabillo, estime que le refus des autorités de renouveler le visa de sœur Patricia Fox montrait « les préjugés du gouvernement vis-à-vis de l’Église », et contre « ceux qui sont considérés comme des opposants à la politique » de l’administration Duterte. « Ce n’est pas la fin de votre histoire, soyez forte », a confié l’évêque à la religieuse dans un message. « Nous savons que Dieu travaille à nos côtés, c’est pourquoi il y aura de nouvelles surprises. Tenez bon et soyeux courageuse », a-t-il ajouté.

« Écoutez les pauvres »

Le groupe œcuménique Promotion of Church Peoples’ Response a déclaré que sœur Fox manqueraient à tous ceux qui ont bénéficié de son ministère. « Les fidèles sentiront son absence et son éloignement, alors que nous continuerons de travailler pour les communautés défavorisées », poursuit le groupe, qui ajoute que sœur Fox, qui a vécu 27 ans auprès des communautés pauvres aux Philippines, « nous a incités à oser répondre à l’impératif missionnaire qui nous invite à nous immerger au cœur des difficultés rencontrées par les démunis et à avancer avec eux ». Après son arrivée à Melbourne le 4 novembre, sœur Fox a déclaré que « les violations contre les Droits de l’Homme augmentent » aux Philippines. Elle a décrit l’administration du président Duterte comme « un règne tyrannique », ajoutant « qu’il y a une culture d’impunité depuis longtemps et que les choses continuent d’empirer ». Avant son départ le 3 novembre, la religieuse a appelé le président philippin à « écouter les pauvres, et non seulement les militaires ». « Écoutez les pauvres des villes, les agriculteurs, les travailleurs, les personnes indigènes. Écoutez-les, et agissez pour eux, pas seulement pour les riches » a appelé la religieuse lors d’un rassemblement de soutiens à Quezon City.

Le porte-parole de Duterte, Salvador Panelo, a affirmé que « les bienfaits » de sœur Fox dans le pays « ne peuvent pas l’exempter des peines imposées par la loi en conséquence de ses actions ». « La loi est peut-être dure, mais c’est la loi, et l’obéissance à la loi n’exempte personne de s’y conformer. » La religieuse australienne a été accusée par le président d’avoir participé à des activités politiques partisanes. Elle aurait provoqué la colère du président en participant à une « mission exploratrice » à la recherche des violations des Droits de l’Homme commises dans le sud des Philippines. En avril, elle a été arrêtée pour avoir violé les termes de son visa en participant à des activités politiques. Le mois dernier, les services d’immigration philippins ont refusé d’étendre son visa temporaire et lui ont ordonné de quitter le pays le 3 novembre. « Je reviendrai un jour », a soutenu sœur Fox, ajoutant qu’elle sera toujours religieuse tandis que Duterte n’a plus que trois autres années de mandat en tant que président.

(Avec Ucanews, Manille)


CRÉDITS

Photo Jire Carreon / Ucanews