Eglises d'Asie

Suwon : une commission diocésaine dénonce le revirement du gouvernement sur l’énergie nucléaire

Publié le 23/07/2022




Le 17 juillet, le père Ki-Seok Yang, président de la Commission Écologie et Environnement du diocèse de Suwon (à environ 30 km au sud de Séoul), a réagi suite à une déclaration du gouvernement du nouveau président Yoon Suk-yeol à propos de l’énergie nucléaire. Les autorités ont annoncé leur revirement sur la question, après avoir évoqué dans un premier temps une dénucléarisation progressive. « La politique pronucléaire du gouvernement est régressive et suscite de l’anxiété pour la génération actuelle et les générations futures », a-t-il commenté.

Des manifestants, en janvier 2022 à Séoul, demandent aux candidats à la présidentielle de s’engager à réduire l’énergie nucléaire.

Plusieurs organisations catholiques sud-coréennes, dont la Commission Écologie et Environnement du diocèse de Suwon (à environ 30 km au sud de Séoul), ont critiqué le revirement du gouvernement sur la question de l’énergie nucléaire. Les groupes catholiques et militants écologistes ont annoncé vouloir continuer d’organiser des manifestations afin d’insister pour une suppression progressive du nucléaire.

Le nouveau gouvernement du président Yoon Suk-yeol a en effet déclaré vouloir s’engager à nouveau dans le nucléaire afin d’accélérer la décarbonisation du pays, après avoir évoqué une dénucléarisation progressive dans un premier temps. « La politique pronucléaire du gouvernement est une politique régressive qui suscite de l’anxiété non seulement vis-à-vis de la génération actuelle mais également pour les générations futures », a réagi le père Ki-Seok Yang, président de la commission diocésaine de Suwon.

Le prêtre a fait cette déclaration durant une interview donnée le 17 juillet auprès de la CPBC (Catholic Peace Broadcasting Corporation). « Les centrales nucléaires sont particulièrement vulnérables à la crise climatique », a-t-il souligné. Par ailleurs, le 8 juillet, le Conseil catholique pour l’action climatique du diocèse de Suwon a organisé une manifestation devant la Porte de Gwanghwa, la porte principale du palais de Gyeongbokgung, dans l’arrondissement Jongno-gu, à Séoul, afin de dénoncer le revirement du gouvernement. Les manifestants ont demandé la fermeture des centrales nucléaires et des centrales thermiques au charbon dans le pays.

« Il est crucial de fixer de nouveaux objectifs énergétiques »

Le parti PPP (Pouvoir au peuple) du président Yoon Seok-you a annoncé officiellement sa décision le 5 juillet, dans le cadre d’un programme destiné à contrer la crise énergétique en Corée du Sud. Le gouvernement a précisé que cela correspondait à l’engagement du pays à la neutralité carbone, en s’efforçant de limiter les émissions carbones en assurant une réduction progressive des énergies fossiles comme le charbon. « Il est crucial de fixer de nouveaux objectifs énergétiques afin de mieux assurer la neutralité carbone et d’accomplir l’expansion de l’énergie nucléaire », a déclaré le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie dans un communiqué.

La décision s’oppose totalement à la position du Parti Minju (Parti démocrate) de l’ancien président Moon Jae-in, qui avait projeté la fin progressive de l’énergie nucléaire. L’administration Moon, toutefois, a subi des critiques après l’échec de l’introduction des énergies renouvelables et face à des pénuries d’électricité, ce qui a poussé l’opposition à demander la réouverture des centrales nucléaires pour combler les manques. Le gouvernement Moon cherchait à réduire l’énergie nucléaire de 30 % en 2021 à 23,9 % d’ici 2030, et à augmenter les énergies renouvelables de 6,6 % actuellement à 20 %.

L’an dernier, la Corée du sud a voté une loi en faveur de la neutralité carbone, devenant le 14e pays au monde à légiférer dans ce sens. La loi impose au pays de réduire ses émissions carbones d’au moins 472,9 millions de tonnes d’ici 2030, alors qu’elles s’élevaient à 727,6 millions de tonnes en 2018.

Une décision considérée comme contradictoire

Les groupes catholiques et environnementaux estiment qu’il est contradictoire de défendre d’un côté la neutralité carbone et de l’autre la reprise de l’énergie nucléaire, qui aurait selon eux un « impact nocif » sur les générations futures et l’environnement. Les manifestants soulignent que très peu de pays respectent les mesures de sécurité fixées par l’Union européenne pour de telles centrales nucléaires. Ils ajoutent que l’industrie nucléaire sud-coréenne n’est pas préparée à assumer ces normes de sécurité.

Le gouvernement a également annoncé vouloir reprendre la construction des réacteurs Shin-Hanul N° 3 et N° 4. La part de l’énergie nucléaire est censée augmenter de 30 % d’ici 2030 selon les nouveaux projets de Séoul. Le gouvernement sud-coréen a également prévu d’exporter l’énergie nucléaire de ses dix centrales d’ici 2030 et de développer son propre petit réacteur modulaire (une catégorie de réacteur nucléaire à fission).

La Corée du Sud fait partie des pays au monde qui ont le plus recours à l’énergie nucléaire (le premier en Asie en termes de part de l’électricité totale produite), selon l’Association nucléaire mondiale (ANM). Le pays compte actuellement 25 réacteurs actifs qui produisent un tiers de l’électricité totale en Corée du Sud.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Catholic Times of Korea / Ucanews