Taiwan : 8 marins indonésiens bloqués depuis sept mois sur un cargo en panne

Publié le 28/09/2022




Bloqués depuis le 23 février sur leur bateau à cause du non-respect des engagements contractuels de la part de l’entreprise qui les emploient, les huit marins souhaitent retrouver leurs familles et ont reçu le soutien d’organisations catholiques, qui demandent au gouvernement de les rapatrier.

Le cargo MV Jiang Ye, bloqué au port de Kaohsiung à Taïwan avec huit marins indonésiens à bord.

Un groupe religieux de Taïwan demande au gouvernement d’autoriser rapidement le rapatriement de huit marins indonésiens qui sont bloqués depuis sept mois sur un cargo en panne.

Les membres de l’équipage du cargo MV Jiang Ye, battant pavillon togolais, ont été contraints de rester à bord depuis le remorquage de leur navire jusqu’au port de Kaohsiung, à Taïwan, le 23 février dernier, à la suite d’un dysfonctionnement du moteur du bateau.

Pour le père Ansensius Guntur, prêtre indonésien, membre de la Congrégation des Missionnaires de Saint-Charles (Scalabriniens) et directeur exécutif de Stella Maris Kaohsiung, une organisation catholique qui s’occupe du bien-être des migrants, des marins et des réfugiés, ces marins « doivent être autorisés au plus vite à retrouver leur famille dans leur pays ». Il souligne l’état de fragilité psychologique de l’équipage, qui n’aurait reçu aucun salaire depuis le mois de février et n’a pas été autorisé à quitter le navire depuis la même date. « Ils veulent juste rentrer chez eux après des mois passés à l’isolement », affirme-t-il. « Malheureusement, ils ont été privés de leur liberté. Leurs familles les attendent en Indonésie. »

Selon le site d’information Focus Taïwan, le Bureau des affaires maritimes et des ports de Taïwan, qui dépend du ministère des Transports et des Communications, estime que l’équipage ne sera pas autorisé à quitter le navire tant que l’armateur n’envoie un autre équipage pour le remplacer.

Depuis le mois de février, le bateau, qui appartenait à un citoyen hongkongais, aurait changé de propriétaire. Le nouveau propriétaire s’était engagé à envoyer un équipage birman pour remplacer l’équipage existant, mais n’a pas encore entamé les démarches administratives nécessaires.

Pour le père Guntur, la situation actuelle constitue une violation des droits des marins indonésiens. « Les autorités taïwanaises n’ont aucune base légale pour les détenir. C’est le propriétaire du bateau qui est responsable de l’exécution du contrat. Malheureusement, c’est l’équipage qui paie les conséquences de la négligence du propriétaire du navire. » Il souligne de plus que les contrats de travail de l’équipage ayant expiré au mois de mai, les membres de l’équipage n’ont plus aucune responsabilité vis-à-vis du navire.

Pour l’instant, ces marins survivent grâce aux dons, notamment ceux de l’organisation Stella Maris Kaohsiung. « Nous avons apporté des vivres à leur navire en grande quantité, deux fois, comme d’autres groupes » explique le père Guntur. Selon les marins, le bateau est désormais envahi par les rats et les cafards.

Selon le père Guntur, l’équipage a choisi une solution de compromis, en acceptant de signer un accord avec les nouveaux propriétaires du navire le 6 septembre, dans lequel ils acceptent de recevoir 700 dollars chacun, à condition de renoncer à porter plainte contre le propriétaire du navire. Ils ne toucheront pas non plus leurs salaires impayés.

« C’est triste, mais ils doivent le faire pour pouvoir retourner auprès de leurs familles. C’est tout ce qu’ils espèrent », affirme le père Guntur, précisant que « leur rapatriement, qui bénéficie du soutien de représentants du gouvernement indonésien, n’attend plus que l’approbation des autorités taïwanaises ». Il ajoute que si les marins ne sont renvoyés chez eux rapidement, « nous en serions tous tenus pour responsables ».

Selon Focus Taïwan, Fahmi, un jeune marin de 22 ans, membre de l’équipage, a déclaré que lui-même et ses collègues désiraient avant tout trouver un autre emploi. « Notre famille a besoin d’argent pour acheter de la nourriture, mais comment pouvons-nous trouver un autre emploi si nous sommes coincés ici ? »

L’Indonésie est l’un des principaux pays de provenance des membres d’équipage en Asie du Sud-Est, notamment à bord des bateaux de pêche. Un rapport publié en mai 2021, fruit d’une enquête conjointe de Greenpeace Asie du Sud-Est et du syndicat indonésien des travailleurs migrants, souligne leur extrême vulnérabilité à la violence et au travail forcé.

Selon le père Gunthur, l’organisation Stella Maris Kaoshiung est venue en aide l’année dernière à 98 pêcheurs migrants, principalement pour régler des problèmes liés au paiement des salaires et à la violence.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Stella Maris Kaohsiung / Ucanews