Eglises d'Asie – Taiwan
Taïwan : plusieurs centaines de manifestants lors d’une veillée en mémoire des victimes de Tiananmen
Publié le 07/06/2023
Plusieurs centaines de manifestants prodémocratie ont participé à une veillée organisée à Taipei, la capitale taïwanaise, ce dimanche 4 juin afin de commémorer les victimes du massacre de la place Tiananmen à Pékin en 1989. L’événement a eu lieu au Mémorial de Tchang Kaï-chek (un monument national érigé en mémoire du premier président de la République de Chine – nom officiel de l’île), selon Hong Kong Free Press.
L’artiste Kacey Wong et d’autres militants sont venus dénoncer la répression des commémorations de Tiananmen par Pékin, qui tente d’effacer le massacre des mémoires. « Le fait d’interdire ces expressions d’empathie et de sympathie [envers les victimes] est vraiment inhumain. Taïwan, au contraire, nous permet de continuer ces pratiques, d’exprimer notre douleur et notre compassion. C’est pourquoi je pense que l’issue est ici plus positive que jamais », estime Kacey, qui a fui Hong-Kong comme artiste politique par précaution.
Chen Jiangang, un avocat chinois pour les droits de l’homme, et Lee Ming-che, un militant taïwanais qui travaille pour une ONG locale, faisaient partie des principaux intervenants. L’artiste danois Jens Galschiot, créateur d’une statue de huit mètres de haut en mémoire de Tiananmen, intitulée « Pillar of Shame » (Pilier de la honte) et démontée en 2021 par les autorités hongkongaises, s’est également joint à l’événement à distance. La statue, qui a été considérée comme une « incitation à la subversion », avait été installée sur le campus de l’université de Hong Kong (HKU). À Taipei, une réplique de la statue d’origine a été présentée durant la manifestation.
« Les Taïwanais aiment la démocratie et la liberté »
Par ailleurs, Zhou Fengsuo, un ancien étudiant qui était présent à Tiananmen, a témoigné en ligne depuis New-York, où se trouve l’unique musée au monde consacré aux événements de 1989. Les victimes du massacre sont estimées entre quelques centaines à près de dix mille selon les sources. La Chine a interdit toute évocation publique des événements et supprimé ou bloqué toute référence sur les réseaux sociaux chinois.
Le 4 juin, la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a publié un message sur Facebook afin de dénoncer la répression brutale de la Chine envers la liberté d’expression sur ses territoires. « Sur la terre taïwanaise, les gens aiment la démocratie et la liberté », a-t-elle déclaré. « Nous avons hâte de voir le jour où nos jeunes amis chinois pourront chanter et exprimer librement leur créativité et leur passion sans inquiétude », a-t-elle.
Avant la veillée, l’Association des anciens élèves de l’université nationale de Taïwan (National Taiwan University Graduate Student Association) a également organisé une conférence de presse au Liberty Square afin de demander la « libération immédiate » de Lau Ka-yee, une diplômée de l’université qui aurait été arrêtée le même jour à Causeway Bay, à Hong-Kong.
Taïwan est de fait un État démocratique et souverain bien que le pays n’ait jamais déclaré officiellement son indépendance. La Chine considère l’État insulaire comme une province rebelle et menace de l’annexer, y compris par la force. Taïwan ne bénéficie pas du statut d’État souverain auprès des Nations unies en raison de l’opposition de la Chine. Toutefois, des relations diplomatiques existent toujours avec 14 États dont le Vatican, et des relations commerciales avec près de 47 États.
(Avec Ucanews)