Eglises d'Asie

Tamil Nadu : Noël chez les chrétiens Dalits au sanctuaire de Notre-Dame de Periyanayagi

Publié le 19/12/2020




Malgré la crise sanitaire, les chrétiens Dalits de Konankuppam préparent les fêtes de Noël. Le sanctuaire de Notre-Dame de Periyanayagi, au village de Konankuppam, attire tous les ans de nombreux pèlerins durant les fêtes de Noël. Le sanctuaire, situé dans le district de Cuddalore, dans l’État du Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde, attire des fidèles de différentes régions de l’État voire même d’États voisins. La paroisse, où vivent une centaine de familles catholiques, compte au moins 90 familles Dalits, dont beaucoup sont ouvriers agricoles. D’autres vont chercher du travail en ville et ont été fortement affectés par la pandémie.

Le 25 décembre 2018, des chrétiens célèbrent Noël dans une église d’Hyderabad, la capitale de l’État du Telangana, dans le sud de l’Inde.

La fête de Noël, pour les chrétiens Dalits vivant dans les villages, est toujours centrée autour de l’église. Que ce soit la saison de Noël ou non, leurs maisons restent inchangées. Mais à l’approche de Noël, chaque famille des villages Dalits donne une contribution pour les décorations de l’église et pour la crèche. Les jeunes du village, en général, s’occupent des décorations et de la crèche, en utilisant leur créativité et en s’inspirant de différents thèmes chaque année. Les chrétiens ne représentent que 2,3 % de la population indienne, mais la Nativité attire de nombreuses personnes d’autres religions. Quelles que soient les castes ou les religions, d’autres croyants viennent voir les crèches et rendre hommage à l’Enfant Jésus. Dès le 1er décembre, des enfants et des jeunes organisent des processions de rue dans leurs villages. Dans les maisons des chrétiens Dalits, en revanche, les décorations de Noël restent très simples. Le jour de Noël, les enfants sont sûrs d’avoir un bon petit-déjeuner – les autres jours, beaucoup n’en prennent pas ou se contentent d’un simple porridge de riz. L’après-midi, le jour de Noël, il y a de la viande à table. Une fois par an, les gens achètent des vêtements neufs pour Noël. Comme ce sont des gens pauvres, ils n’ont pas les moyens de partager des cadeaux avec les autres, mais ils partagent les repas de fête avec les veuves et les plus pauvres du village et se réjouissent des illuminations de Noël. C’est donc davantage une célébration communautaire que familiale.

Noël chez les Dalits de Konankuppam

Konankuppam est un petit village du district de Cuddalore, dans l’État du Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde. Près d’une centaine de familles catholiques y vivent, doit 90 sont Dalits. L’église paroissiale a été construite par un missionnaire italien, le père Joseph Beschi, en 1720. C’est un petit sanctuaire local visité par beaucoup de fidèles de différentes régions du Tamil Nadu voire d’États voisins, en particulier durant la fête annuelle de la paroisse. La plupart des chrétiens Dalits du village sont des ouvriers agricoles sans terres. Beaucoup d’entre eux vont aussi travailler dans les villes. Comme D’Souza Arockiasamy, âgé de 25 ans, qui a travaillé dans une pâtisserie de Chennai pour un maigre salaire. Il a perdu son père, et sa mère Louise Sagaya Mary, est gravement malade. Sa sœur célibataire, Jaya Arockiasamy, a besoin de lui financièrement. Il a dû retourner au village durant la pandémie, et il est resté sans travail depuis huit mois. Sans économies, ils ont dû vivre au jour le jour durant cette crise. D’Souza Arockiasamy s’inquiète de pouvoir acheter de nouveaux habits pour sa mère et sa sœur. Il songe à faire un emprunt pour elles. Mais malgré les difficultés, il compte partager le repas de Noël avec les familles Dalits hindoues vivant à côté de chez eux.

Il est également membre du mouvement des jeunes catholiques du Tamil Nadu (Tamil Nadu Catholic Youth), dont sa sœur Jaya est secrétaire. Tous les jeunes du village participent à la confection de la crèche, de la célébration de Noël et des décorations de l’église. Ainsi, ils peuvent célébrer les fêtes joyeusement, malgré la pandémie qui a fortement affecté les plus fragiles. « Même si la paroisse peut en loger certains, nous devons inciter les fidèles à venir en aide à ceux qui sont dans le besoin », confie le père Raj Devasagaya. Le 19 avril, il a lancé un appel sur Facebook, afin d’organiser une soupe populaire au sanctuaire. Depuis, des repas sont distribués aux plus âgés et aux plus démunis, quelles que soient les castes ou les croyances. Le père Raj fournit également du travail au sanctuaire et vient en aide à ceux qui sont les plus affectés financièrement, en particulier les familles qui ont perdu leur travail durant le confinement.

(Avec Asianews, Mumbai)


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