Eglises d'Asie

Tokyo : les écoles publiques japonaises manquent d’enseignants selon une nouvelle étude

Publié le 05/02/2022




Le 31 janvier, le gouvernement japonais a publié une nouvelle étude sur l’enseignement public dans le pays, en révélant une diminution du nombre d’enseignants à temps plein dans les écoles (avec 2 558 postes vacants en avril 2021 pour 1 897 établissements). Aki Sakuma, de l’université Keio de Tokyo, évoque l’incapacité du système éducatif japonais à attirer les jeunes vers l’enseignement. Dans un pays où l’enseignement public bénéfice d’un taux de diplômés de 96,7 %, cette tendance risque d’ébranler un des piliers du système.

Selon une nouvelle étude publiée ce lundi 31 janvier, l’éducation publique japonaise manque d’enseignants à plein temps. Plus précisément, en avril 2021 (soit au début de l’année scolaire actuelle au Japon), le nombre de postes manquants dans les écoles primaires, les collèges et les lycées était de 2 558 pour 1 897 établissements. Cela signifie que près de 5,8 % de toutes les écoles publiques examinées par l’étude ont des problèmes de personnel enseignant.

Selon les résultats de l’étude, ces problèmes affectent particulièrement les écoles primaires, où l’on compte 1 218 de ces postes vacants, et dans les collèges avec 868 enseignants manquants. Les chiffres montrent également que cette pénurie d’enseignants à plein temps dans le public a quelque peu diminué au cours de l’année, et qu’au mois de mai, le nombre de postes vacants était de 2 065.

Toutefois, selon le journal Asahi Shimbun, cette légère diminution peut être liée à des ajustements au cas par cas, comme des rappels d’enseignants à la retraite ou des horaires doublés pour des enseignants et des directeurs d’école.

C’est la première fois que le gouvernement japonais mène une telle enquête sur le manque d’enseignants dans les écoles du pays. Les causes désignées seraient liées aux congés parentaux et aux congés maladie, mais en réalité, cela masque un autre problème bien plus profond et plus sérieux : le manque de remplaçants.

Une profession de moins en moins attractive

Aki Sakuma, un conférencier de l’université Keio de Tokyo, a longtemps étudié le problème du manque d’enseignants au Japon. L’incapacité du système d’éducation publique à attirer des jeunes vers l’enseignement est au cœur du problème. Selon lui, « le gouvernement doit prendre des mesures drastiques, comme augmenter les salaires [des enseignants], afin de stimuler l’intérêt des diplômés récents et de les pousser à poursuivre leur carrière ».

Depuis des années, la profession est considérée comme de moins en moins attractive, comme le montrent les chiffres. Seules 134 000 personnes ont participé aux examens de 2020 préparant à l’enseignement public, soit près de la moitié des chiffres enregistrés 40 ans plus tôt. De plus, la part du nombre de participants sur le nombre de postes disponibles était parmi les plus bas jamais enregistrés concernant les écoles primaires et les collèges. Le Japon a pourtant une longue et noble tradition d’égalité d’accès à l’éducation, garantie par un système d’éducation public efficace qui a permis au pays d’obtenir un taux de diplômés de 96,7 %.

Bien que Tokyo investisse moins en matière d’éducation par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE, les ressources nécessaires ont pu être distribuées de manière adaptée afin d’assurer une égalité d’accès à l’éducation pour tous les citoyens japonais. Pour cette raison, les chiffres publiés par la nouvelle étude sont inquiétants, même s’ils restent mesurés : à ce jour, l’école publique japonaise est toujours parvenue à offrir une éducation de qualité grâce à son corps enseignant. Mais cette pénurie risque d’ébranler un des piliers de ce système, qui a pourtant permis à des générations de jeunes japonais d’étudier dans un environnement scolaire veillant à ne laisser personne de côté.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Ucanews