Eglises d'Asie

Trois évêques philippins appellent les catholiques à lutter contre une culture de mort et de corruption

Publié le 17/09/2021




Ce dimanche 12 septembre, Mgr Marlo Peralta, archevêque de Nuevo Segovia, Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan et Mgr Ricardo Baccay, archevêque de Tuguegarao, dans le nord de l’archipel philippin, ont publié un communiqué conjoint afin de dénoncer la situation sociopolitique du pays. Ils évoquent en particulier la guerre meurtrière du président Rodrigo Duterte contre la drogue et une corruption de masse au sein du gouvernement. « Ce n’est pas le moment de se taire mais de s’engager, soyons des témoins de la vérité et de la vie », écrivent-ils.

De gauche à droite, Mgr Marlo Peralta, Mgr Socrates Villegas et Mgr Ricardo Baccay, archevêques dans le nord des Philippines.

Le 12 septembre, trois archevêques du nord des Philippines ont publié un communiqué conjoint avec des mots particulièrement sévères contre la situation sociopolitique du pays, en la dénonçant comme une « vallée de la mort » à cause de la guerre du président Rodrigo Duterte contre les drogues illégales. Mgr Marlo Peralta, archevêque de Nuevo Segovia, Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan et Mgr Ricardo Baccay, archevêque de Tuguegarao, ont appelé à la pénitence et à la rédemption pour toutes les tueries et pour la corruption de masse dans le pays. « Comment pourrions-nous décrire la situation sociale actuelle dans notre pays ? C’est comme une vallée de la mort avec les meurtres de drogués et d’opposants ; ce sont des victimes d’un gouvernement sans vision et d’une corruption honteuse qui semble battre tous les records. Ce sont bien des tueries, des meurtriers, des morts ! », ont notamment dénoncé les évêques philippins dans leur lettre.

Les trois évêques appellent à garder la foi

Selon eux, plus de 30 000 Philippins de milieux défavorisés ont été tués dans la campagne du gouvernement contre la drogue. Ils dénoncent également de nombreux meurtres irrésolus dont ont été victimes des journalistes et des opposants politiques au gouvernement, depuis que le président Duterte est arrivé au pouvoir. « Des journalistes ont été tués, des opposants politiques ont été assassinés ainsi que des juges ; des prêtres ont été abattus et des voix critiques ont été harcelées et menacées. Les meurtriers ne sont pas inquiétés, et leurs partisans aveugles les applaudissent », ajoutent-ils. Les trois évêques évoquent également le personnel soignant philippin, qui a été, selon eux, victime de la corruption des autorités.

Ils ont notamment mentionné une accusation de fraude estimée à 47,4 milliards de pesos philippins (807,8 millions d’euros) au sein du Département de la Santé, au détriment des soignants luttant contre la pandémie de Covid-19, privés d’avantages et de primes promises. « Les soignants héroïques ont risqué leur vie, et certains sont même décédés malgré leur équipement de protection. Alors que d’autres nations sont sorties de la pandémie, le nombre des victimes continue de monter ici », déplorent-ils. « Les balles tuent, tout comme les virus. Un gouvernement sans vision tue aussi, ainsi que la corruption, et les trolls qui diffusent les fake news, et la faim… Quand est-ce que ces morts cesseront ? Les pauvres sont victimes de la corruption des puissants, alors que la nation se noie dans la dette », soulignent-ils. Les évêques appellent les catholiques à garder la foi, en assurant que le mal n’aura pas le premier mot.

« Que notre pénitence nous inspire des actes courageux et généreux, à notre mesure »

« Sommes-nous face à une voie sans issue et sommes-nous sans défense ? Non. Nous vaincrons le mal par le pouvoir du bien. Ce n’est pas le moment de désespérer mais de prendre courage. Ce n’est pas le moment de se taire mais de s’engager pour Dieu. Soyons des témoins de la vérité et de la vie contre la vague de meurtres et de pillages », insistent-ils. Les archevêques invitent tous les catholiques philippins à se repentir pour les péchés personnels et pour ceux de la nation, en priant le chapelet ainsi qu’une neuvaine à la miséricorde divine. « Que notre pénitence nous inspire des actes d’amour et de charité, avec courage et générosité, à notre mesure », concluent-ils, en invitant les catholiques à résister aux comportements assassins et corrompus. Selon eux, les chrétiens ont le devoir moral de résister et de lutter contre une culture de mort et de pillage, ainsi que contre une tendance de longue date à dissimuler la vérité.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Paul Peter Valdepenas & Sabins Studio / Ucanews