Eglises d'Asie – Indonésie
Un centre catholique indonésien accompagne les personnes handicapées mentales dans l’île de Flores
Publié le 23/03/2021
Sœur Lucia, de la congrégation des Sœurs de l’Imitation de Jésus, âgée de 55 ans, consacre sa vie aux personnes handicapées depuis 17 ans. La religieuse leur apporte soin, amour et réconfort dans une société où elles sont souvent ignorées et discriminées, y compris au sein de leurs propres familles. C’est une mission à laquelle elle s’est sentie appelée dès son arrivée en 2003 à Maumere, une ville de l’île de Flores, dans la province des Petites îles de la Sonde orientales (Nusa Tenggara), majoritairement catholique, dans l’est de l’archipel indonésien. Elle a été profondément bouleversée par le sort de personnes handicapées mentales vivant dans la rue, et en voyant des gens les exploiter en gardant la plus grande partie de ce qu’on leur donnait. Elle s’est décidée de faire quelque chose quand une dizaine de filles sourdes et muettes négligées par leur famille lui ont demandé de les aider et de leur apprendre à coudre. « Je leur ai dit que je pouvais seulement les aider pour la couture. Pour faire davantage, j’avais besoin d’un centre spécialisé, ce qui demandait beaucoup d’argent », explique sœur Lucia, qui a rejoint sa congrégation en 1988. Toutefois, la demande a continué de la travailler jusqu’à ce qu’elle essaie de collecter les fonds nécessaires.
700 personnes accompagnées par le centre depuis 2004
Finalement, elle n’a pu rassembler que près de 1 000 dollars US, mais c’était malgré tout suffisant pour lancer la construction d’un centre en janvier 2004. D’autres collectes de fonds et appels aux dons au cours des années suivantes ont permis de rassembler l’argent nécessaire pour achever les travaux du Centre de réhabilitation et de formation Sainte Dymphne. Cette dernière est une sainte martyre du VIIe siècle, qui est devenue sainte patronne des handicapés mentaux. « Nous utilisons le centre pour soigner les handicapés mentaux et pour accueillir et accompagner ceux qui sont abandonnés et marginalisés », confie la religieuse. Les gens du quartier ont commencé à amener leurs enfants et leurs proches au centre, puis d’autres sont venus de plus loin, y compris de Jakarta et des provinces de Java occidental et de Sumatra du Nord, après avoir entendu parler du centre sur Internet. Aujourd’hui, plus de 700 personnes ont été accompagnées par le centre. Actuellement, le centre accueille 127 personnes – 117 femmes et 8 hommes souffrant de handicaps mentaux et psychologiques. Ils sont assistés par 25 infirmières et un psychologue, avec des programmes de soins qui peuvent durer de quatre mois à cinq ans.
« Nous ne sommes que des instruments »
Un problème majeur parmi les personnes handicapées, confie sœur Lucia, vient du fait que nombre d’entre elles ont été enchaînées et enfermées par leurs proches durant des années, ce qui a affaibli leurs jambes, à tel point que certaines ne peuvent plus marcher. « Les conditions dans lesquelles elles ont vécu avant que nous les accueillions sont souvent misérables, et beaucoup ont des problèmes de santé comme la tuberculose. » Une fois rétablies, elles peuvent apprendre différentes activités comme la couture ou la cuisine, afin de pouvoir gagner leur vie. Sœur Lucia explique que quelques jeunes accompagnés par le centre ont poursuivi leurs études et sont devenus soignants et enseignants, entre autres. « Nous n’utilisons pas que des moyens médicaux, mais aussi spirituels. Il y a les services de conseil et de thérapie, mais aussi la prière et la messe. Nous ne sommes que des instruments. C’est Dieu qui s’occupe de tout et qui prend soin d’eux. » La religieuse ajoute que le centre est confronté à de nombreuses difficultés, sans compter la pandémie et ses conséquences, et que l’équipe lutte en permanence pour sa survie. Sœur Lucia assure pourtant que « Dieu nous aidera à dépasser les épreuves ». Les dépenses mensuelles du centre s’élèvent à environ 28 500 dollars US, entre les frais alimentaires et les salaires, entre autres. La plus grande partie de cet argent vient des dons individuels et des aides du gouvernement local. D’autres aides viennent aussi de petites entreprises fondées par sœur Lucia, comme un restaurant et une boutique. « Je dois payer les salaires. Ma congrégation ne peut me donner qu’un soutien spirituel, et non financier, donc je dois me débrouiller seule. »
(Avec Ucanews, Jakarta)
CRÉDITS
Ucanews