Eglises d'Asie

Un épidémiologiste catholique nommé comme nouveau Premier ministre à Taïwan

Publié le 01/02/2023




Le jeudi 26 janvier, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a nommé l’ancien vice-président Philip Chen Chien-jen, catholique et épidémiologiste, comme nouveau Premier ministre. Cette décision est annoncée dans le cadre d’un remaniement lancé après une défaite importante du parti DPP (Parti démocrate progressiste) aux dernières élections locales de novembre 2022. Membre de l’Académie pontificale des sciences depuis août dernier, il a représenté la nation insulaire lors des funérailles de Benoît XVI début janvier.

Chen Chien-jen, 71 ans (ici lors d’un déplacement au Vatican en 2016), épidémiologiste et homme politique catholique taïwanais, a été nommé Premier ministre.

Le 26 janvier, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a nommé l’ancien vice-président Philip Chen Chien-jen, catholique et épidémiologiste reconnu, comme nouveau Premier ministre de la nation insulaire, selon les médias locaux.

La nomination de cet homme politique taïwanais âgé de 71 ans survient alors que le parti Minjindang ou DPP (Parti démocrate progressiste) projette un remaniement ministériel après des pertes importantes subies au cours des dernières élections locales. La nomination de Chen Chien-jen par la présidente Tsai a été annoncée par Xavier Chang, porte-parole du Bureau présidentiel taïwanais, dans un communiqué de presse publié le 25 janvier, selon Focus Taiwan.

Le DPP a subi une défaite importante en novembre 2022 durant les élections locales, avec seulement 5 sièges sur 21 remportés parmi les postes importants. Ces élections municipales, régionales et locales, représentent en quelque sorte un test de mi-mandat pour le pouvoir central. Durant ce scrutin, les électeurs votent notamment pour les maires des six agglomérations municipales spéciales (Taipei, New Taipei, Taoyuan, Taichung, Tainan et Kaohsiung) et les magistrats de départements (ou comtés).

Chen Chien-jen succède à Su Tseng-chang, qui est resté le plus longtemps au poste de Premier ministre depuis le début des élections présidentielles directes à Taïwan en 1996. Il a démissionné le 19 janvier ainsi que d’autres membres du cabinet en citant les derniers échecs électoraux. Après cette défaite, Tsai Ing-wen a immédiatement renoncé à la présidence du parti DPP tout en annonçant une réforme structurelle au sein du gouvernement.

Des enjeux urgents comme les relations autour du détroit de Taïwan avec la Chine

Le nouveau Premier ministre a participé à la campagne du DPP avant les élections locales de novembre, après avoir rejoint le parti l’an dernier. Il a également été ministre de la Santé de Taïwan de 2003 à 2005, responsable du Conseil national scientifique de 2006 à 2008, et vice-président taïwanais de 2016 à 2020. Il a aussi été vice-président de l’Académie Sinica, l’académie nationale de Taïwan, de 2011 à 2015.

En janvier, Philip Chen Chien-jen a également assisté aux funérailles du pape Benoît Xvi au Vatican, comme envoyé spécial de la présidente Tsai. En août, il a été nommé membre de l’Académie pontificale des sciences au Vatican. Il a été le second Taïwanais à rejoindre l’académie depuis Lee Yuan-tseh, lauréat du prix Nobel de chimie en 1986.

Catholique pratiquant, il est entré en politique à Taïwan en 2003 quand il a été nommé ministre de la Sante et des Affaires sociales, dans la lutte contre l’épidémie de SRAS-CoV (2002-2004). Il a été salué pour son rôle vital dans la politique efficace de l’île contre la pandémie de Covid-19.

Toutefois, la décision du DPP de le nommer Premier ministre, avec une nouvelle série de nominations, est censée stabiliser les tensions politiques actuelles depuis l’échec du parti aux dernières élections locales et préparer les élections présidentielles et parlementaires de 2024. Pourtant, beaucoup de membres du parti se montrent sceptiques vis-à-vis de cette nomination. Jang Chyi-lu, un parlementaire du DPP, estime notamment que Chen Chien-jen doit faire face « immédiatement » à des enjeux urgents pour la nation comme les relations autour du détroit de Taïwan avec la Chine, selon Taipei Times.

« Le pays fait face à toutes sortes de problèmes, des relations dans le détroit à la montée en flèche des prix de l’immobilier, en passant par des salaires stagnants, des retards des livraisons d’armes par les États-Unis à Taïwan, et un déclin des exportations agricoles et piscicoles. Ces problèmes doivent être saisis sans tarder une fois au poste de Premier ministre », insiste-t-il.

« Il a montré ses talents en communication »

Cela dit, de nombreux membres de son parti, dont le parlementaire Hsu Chih-chieh, estiment que l’image donnée par Chen Chien-jen, comme catholique et épidémiologiste ainsi que comme excellent communicant, contribuera à une meilleure gouvernance. « Comme responsable de la réforme des systèmes de pension pour les militaires, les fonctionnaires et les enseignants, il a montré ses talents en communication », a-t-il souligné Hsu Chih-chieh, cité par Taipei Times. « En tant que catholique, il se préoccupe des plus défavorisés économiquement, et il connaît beaucoup de monde dans les cercles diplomatiques et religieux. »

Taïwan, aussi appelé officiellement République de Chine, est considéré comme un pays démocratique et souverain bien que l’indépendance n’ait jamais été déclarée. La Chine voit toujours le pays comme une province rebelle et menace régulièrement de l’annexer. Par conséquent, la nation insulaire n’a pas de statut souverain aux Nations unies en raison de l’opposition chinoise.

Toutefois, le pays maintient des relations diplomatiques avec 14 pays et des relations commerciales avec 47 pays. Les États-Unis sont ses principaux alliés, et le Vatican est le seul État européen à maintenir des relations diplomatiques officielles avec Taïwan. Près de 4 % des Taïwanais sont chrétiens sur environ 24 millions d’habitants, tandis que les bouddhistes sont près de 35 %, les taoïstes 33 %, et les personnes sans religion environ 19 %, selon les chiffres officiels.

(Avec Ucanews)