Eglises d'Asie – Corée du sud
Un évêque catholique parmi 1 145 chrétiens morts en martyrs durant la Guerre de Corée
Publié le 08/03/2022
L’Église catholique en Corée du Sud a salué un rapport d’une organisation gouvernementale évoquant plus de 1 100 chrétiens, dont un évêque catholique, qui ont été massacrés par les forces nord-coréennes à cause de leur foi durant la Guerre de Corée. Selon la Commission Vérité et Réconciliation, les militaires nord-coréens ont assassiné 1 145 chrétiens, dont 119 catholiques et 1 026 protestants, en se retirant depuis le Sud après des opérations militaires menées par des forces des Nations unies à partir du 26 septembre 1950.
Ces massacres contre les populations chrétiennes ont eu lieu quand la Corée du Nord a donné l’ordre d’« éliminer les forces réactionnaires » avant leur départ du Sud, selon un rapport basé sur des documents de recherche, des témoignages et des visites auprès des églises des victimes. Selon l’agence de presse Yonhap, la Commission sud-coréenne estime que ces massacres étaient liés à une politique du Nord définissant le christianisme comme « une force impure » amenant l’oppression.
Le père Francis Cho Han-geon, directeur de l’Institut de recherche sur l’histoire de l’Église coréenne, souligne l’importance de ce nouveau rapport pour l’Église locale. « Ce rapport est d’une importance significative parce qu’il prend en compte tous les martyrs avant et après la Guerre de Corée, et dont l’Église coréenne appelle à la canonisation », ajoute le père Cho, interrogé par le journal Catholic Times of Korea.
Parmi les victimes, on compte Mgr Francis Hong Yong-ho, évêque de Pyongyang, qui a été emprisonné par les forces nord-coréennes en 1949 avant d’être porté disparu. En 2014, le Vatican a reconnu Mgr Hong comme « Serviteur de Dieu » – la première étape vers la béatification –, faisant de lui le premier candidat à la sainteté originaire de Corée du Nord. Mgr Hong est né en 1906. Il a été ordonné prêtre en 1933, alors que la Corée était sous occupation japonaise. Il a été ordonné évêque en 1944, et nommé vicaire apostolique de Pyongyang.
« Un geste du Saint-Siège pour montrer la tragédie subie par l’Église en Corée »
Jusqu’en 2013, le Vatican mentionnait Mgr Hong comme chef de l’Église à Pyongyang et le considérait comme « disparu » (cette année-là, il aurait eu 107 ans). Bien que non déclaré mort officiellement, la Conférence épiscopale coréenne (CBCK) a alors demandé l’ouverture de sa cause de béatification avec 80 autres catholiques, également martyrisés par les militaires nord-coréens.
En 2014, le cardinal Nicholas Cheong, ancien archevêque de Séoul, avait salué la reconnaissance de Mgr Hong comme « Serviteur de Dieu », comme « un geste du Saint-Siège montrant la tragédie subie par l’Église en Corée, qui se poursuit toujours aujourd’hui ». La Corée a été une nation unifiée et dirigée durant des siècles par la dynastie Joseon (1392-1897). Le pays est devenu un protectorat du Japon avec le traité d’Eulsa, signé le 17 novembre 1905 entre l’Empire du Japon et l’Empire de Corée, après la victoire du japon durant la guerre russo-japonaise durant la même année. Le traité fut suivi par l’annexion de la Corée en 1910.
La présence japonaise (1905-1945) a pris fin après la Deuxième Guerre mondiale, conduisant à une séparation en deux de la Corée entre les forces américaines et soviétiques. Les efforts d’unifier la Corée ont échoué après les désaccords entre les États-Unis et l’URSS, qui ont entraîné la Guerre de Corée (1950-1953). Les forces communistes nord-coréennes ont envahi le Sud durant la guerre, et la violence des combats a fait près de 4 millions de morts et déplacé environ 10 millions de familles. La guerre a pris fin avec un armistice mais sans véritable traité de paix, le 27 juillet 1953. Les deux pays sont donc toujours techniquement en guerre.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Catholic Bishops’ Conference of Korea / Ucanews