Eglises d'Asie

Un évêque indonésien lance un appel au calme face aux violences en Papouasie

Publié le 04/01/2020




Le 1er janvier, Mgr Petrus Canisius Mandagi, administrateur apostolique de l’archidiocèse de Merauke, dans la province de Papouasie (dans l’est de l’archipel indonésien, en Nouvelle Guinée), a publié un message pour la nouvelle année, en lançant un appel au calme après une année de violences. De nombreux troubles ont secoué la région dans le cadre des violences entre la police, l’armée et les groupes indépendantistes papous, entraînant plusieurs centaines de morts. Le père Anselmus Amo, directeur du secrétariat pour la Justice et la Paix de l’archidiocèse, estime que « cet appel est crucial pour un meilleur avenir en Papouasie, où de nombreuses violations des droits de l’homme ont été commises depuis des années ».

Mgr Petrus Canisius Mandagi, administrateur apostolique de l’archidiocèse de Merauke, dans la province indonésienne de Papouasie, a appelé au calme après une année de violences entre les forces de l’ordre et les groupes indépendantistes, qui ont entraîné plusieurs centaines de morts. L’évêque a appelé l’armée et la police, qui ont été critiqués par plusieurs groupes de défenses des droits de l’homme pour avoir adopté une approche autoritaire, à traiter les indigènes papous « avec amour et espoir ». « Je vous en prie, abandonnez les approches violentes comme les corrections et l’usage des armes », a-t-il demandé dans son message pour la nouvelle année, publié le 1er janvier. Pour lui, tous les problèmes « doivent être résolus par le dialogue, ce qui demande de la patience ». Depuis un an, les tensions entre les autorités et les groupes pro indépendance ont entraîné des troubles et des violences dans plusieurs villes de la région. Les événements se sont aggravés en août à Java oriental, quand un groupe d’étudiants papous a été accusé d’avoir dégradé un drapeau indonésien – les étudiants auraient été traités de « singes », de « chiens » et de « porcs ». Des émeutes ont ensuite éclaté en septembre à Wamena, entraînant la mort de 40 personnes. Dans son rapport de fin d’année, le chef de la police de Papouasie, Paulus Waterpauw, a évoqué 23 fusillades qui ont été menées par des « groupes criminels armés », tuant 20 personnes dont 8 soldats et 2 policiers. Il a également cité la mort de 257 civils et plus de 50 000 déplacés dans le district de Nduga (Papouasie), suite aux troubles provoqués par l’assassinat de plusieurs ouvriers du bâtiment par un groupe séparatiste en décembre 2018.

Dans son message, Mgr Mandagi a également critiqué les arrestations de nombreux militants dont celle d’un groupe d’étudiants, arrêtés le 1er décembre dans une école catholique pour avoir porté le drapeau de « l’étoile du matin », considéré comme un symbole pro indépendance. L’évêque a également appelé les Papous au calme et à la retenue. « L’amour est plus fort que la haine, la tendresse l’emporte sur la violence, et le pardon sur la vengeance ; et le maintien de l’ordre est plus fort que la justice de rue », a affirmé Mgr Mandagi, en charge de l’archidiocèse de Merauke depuis août dernier. Le père Anselmus Amo, directeur du secrétariat pour la Justice et la Paix de l’archidiocèse, partage l’appel de l’évêque. « Cet appel est crucial pour un meilleur avenir en Papouasie, où de nombreuses violations des droits de l’homme ont été commises depuis des années », explique-t-il. Theo Hesegem, président du groupe Jaringan Advokasi Penegakan Hukum, une organisation basée à Wamena, dans le district de Jayawijaya, pour l’application des lois et la protection des droits de l’homme en Papouasie, affirme qu’une approche répressive ne réglera pas les problèmes dans la région. « Les gouvernements régionaux et provinciaux ainsi que les ONG engagées dans la région ont demandé à Jakarta d’assouplir son approche sécuritaire en retirant des troupes, mais ils ont été ignorés », explique-t-il. Selon lui, s’il n’y a pas de changements de méthodes, « il est difficile d’espérer une meilleure situation humanitaire cette année ».

(Avec Ucanews, Jakarta)


CRÉDITS

Cabinet Secretariat / Ucanews