Eglises d'Asie

Un film sur la vie d’un héro catholique de l’indépendance coréenne au sommet du box-office

Publié le 18/01/2023




Sorti le 21 décembre en Corée du Sud, le film musical « Hero », consacré à Ahn Jung-geun (1876-1910), catholique et militant indépendantiste coréen, est actuellement au sommet du box-office national. Ce succès est salué par l’Association des cinéastes catholiques locale, qui estime que l’œuvre « intègre bien l’histoire, le personnage et la foi ». Exécuté en 1910 pour l’assassinat d’Hirobumi Ito, gouverneur japonais en Corée, son acte est considéré comme un symbole de la résistance contre le militarisme et l’impérialisme japonais de l’époque.

Une scène du film Hero, sur la vie d’Ahn Jung-geun, catholique et militant indépendantiste coréen.

Le film musical sud-coréen Hero, consacré à Ahn Jung-geun (1876-1910), un catholique et militant indépendantiste coréen, figure importante de l’histoire récente du pays, est sorti en salles le 21 décembre dernier en Corée du Sud. Il s’agit d’une adaptation de la pièce musicale du même nom, qui documente la dernière année de sa vie. Le film occupe actuellement une place de choix au box-office parmi les films en langue coréenne les plus réputés du moment. Selon le Catholic Times of Korea, il se trouve déjà encensé par l’Association des cinéastes catholiques locale, qui a salué le succès du film.

Lee Kyung-sook, président de l’association, souligne que l’œuvre rend vraiment hommage à la foi catholique Ahn Jung-geun et qu’elle est très bien conçue. « C’est un film qui intègre bien les trois éléments que sont l’histoire, le personnage et la foi. Par-dessus tout, selon le point de vue d’un croyant, la dimension catholique est rendue vivante et de manière très détaillée, cet aspect est très bien présenté », assure-t-il.

La pièce musicale Hero, qui était sortie pour la première fois en 2009, avait attiré l’attention des Coréens en présentant le portrait d’Ahn, un bouddhiste converti au catholicisme qui s’est battu pour la liberté des siens jusqu’à devenir un martyr de l’indépendance coréenne. Depuis, la pièce a été montée à neuf reprises, y compris durant deux semaines en 2011 au Lincoln Center de New York.

L’adaptation cinématographique du même nom du réalisateur Yoon Je-kyun est le premier film musical basé sur un spectacle créé en Corée, selon les médias locaux. Selon le Conseil du Film Coréen (Korean Film Council), actuellement, le film est même à la deuxième place au box-office, juste après le blockbuster Avatar 2 : la voie de l’eau. Le film coréen a attiré près de 100 000 spectateurs dès le premier jour de sa sortie, en dépassant le précédent record national détenu par Aladdin (environ 72 000 entrées).

« Il a agi de manière juste en défendant la nation »

Né le 2 septembre 1879 à Haeju, dans la province de Hwanghae (aujourd’hui en Corée du Nord), Ahn Jung-geun était l’aîné des quatre enfants de ses parents bouddhistes. Inspirés par l’œuvre d’évangélisation des missionnaires, Ahn et les membres de sa famille se sont convertis au catholicisme en 1897.

Le 26 octobre 1909 en Chine, dans la gare de Harbin, en vue de résister à l’occupation japonaise dans la péninsule coréenne, Ahn Jung-geun a abattu le Hirobumi Ito, quatre fois Premier ministre au Japon et premier gouverneur japonais en Corée. Il a été ensuite détenu et emprisonné par les forces japonaises, avant d’être exécuté par pendaison le 26 mars 1910 dans la prison chinoise de Lushun, à l’âge de 31 ans.

Son acte est considéré par ses compatriotes comme un symbole de résistance contre le militarisme et l’impérialisme japonais de l’époque. Il est devenu un sujet populaire dans la culture coréenne (théâtre, art, littérature, musique…). Malgré ce statut de combattant de la liberté et de résistant pour la cause nationale, l’Église catholique locale l’a condamné durant des décennies pour son acte, en le considérant comme un meurtrier.

Toutefois, en 1993, l’Église a changé de position quand le cardinal Stephen Kim Sou-hwan (1922-2009), alors archevêque de Séoul, a décidé de lui rendre hommage lors d’une messe célébrée en sa mémoire. « Il a agi de manière juste en défendant la nation. L’Église catholique ne considère pas comme un crime un meurtre qui est commis dans le but de défendre la nation contre des violences injustes », avait-il confié, interrogé par le Vatican Insider.

En 1962, le gouvernement sud-coréen a accordé à Ahn Jung-geun L’Ordre du mérite de la Fondation nationale pour ses contributions au mouvement pour l’indépendance coréenne. En mars 2022, Mgr Pierre Chung Soon-taick, archevêque de Séoul, a également présidé une messe dans la cathédrale de Myeongdong afin d’honorer la foi des ancêtres de l’histoire moderne et contemporaine coréenne. À cette occasion, Mgr Chung a salué Ahn comme un « martyr patriote ».

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

CJENM / Catholic Times (Ucanews)