Eglises d'Asie – Inde
Un groupe de sikhs nationalistes vandalise une Pietà et la voiture d’un prêtre au Pendjab
Publié le 02/09/2022
Une statue de la Pietà et une voiture appartenant à un prêtre diocésain de l’État du Pendjab, dans le nord de l’Inde, ont été vandalisées ce mercredi 31 août. Le père Thomas Poochalil, curé de la paroisse de l’Enfant-Jésus de Patti, a signalé qu’un groupe non identifié a menacé les gardiens de l’église avec des armes à feu avant de s’en prendre à une statue de la Pietà placée devant l’édifice. Ils ont également incendié à la voiture du prêtre.
Le groupe a fait cela en chantant « Nous sommes Khalistanis » (« Khalistan » est le cri de ralliement des sikhs nationalistes, qui sont pour la création d’un État sikh indépendant appelé Khalistan). Selon le père Poochalil, la police a été prévenue et une enquête est en cours. « Nous demandons l’intercession de notre Patronne, Notre-Dame de la Paix, pour que la paix et la tranquillité puissent revenir dès que possible, et que les coupables soient poursuivis », a ajouté le prêtre.
« J’ai parlé au père Thomas Poochalil, le curé de l’église de Patti, et je suis encore en train d’évaluer la situation là-bas. Il est trop tôt pour dire quoi que ce soit pour le moment. C’est bien sûr triste et choquant », a réagi Mgr Agnelo Rufino Gracias, administrateur apostolique du diocèse de Jalandhar.
La paroisse est située dans le diocèse de Jalandhar, et la ville de Patti (située dans le district de Tarn Taran), est à environ 50 km au sud d’Amritsar, la ville sainte du sikhisme. Dans le village voisin de Jandiala, des menaces avaient été lancées contre des catholiques au cours des jours précédents. Par ailleurs, l’arrestation récente de plusieurs membres du mouvement sikh, pour avoir perturbé une célébration chrétienne dans un village local, avait également mis en colère plusieurs membres de la communauté sikh.
Les chrétiens aujourd’hui estimés autour de 10 % de la population au Pendjab
Peu avant l’attaque contre l’église de Patti, des responsables de la communauté sikh avaient également accusé des missionnaires chrétiens de la région de tentatives de conversion forcée. En juin, un chef spirituel sikh de l’État du Pendjab a appelé à mettre fin aux conversions des membres de sa communauté. « Le christianisme se répand largement au Pendjab afin de nous affaiblir sur le plan religieux. Des églises et mosquées sont construites en grand nombre dans les villages de la province, ce qui est inquiétant », a ainsi affirmé Giani Harpreet Singh, un responsable de l’Akal Takht, siège de l’autorité de sikhisme (un vaste bâtiment situé dans le complexe du Temple d’Or d’Amritsar).
Toutefois, les chrétiens du Pendjab ont protesté contre ces accusations, en niant toute tentative de conversion forcée. Selon les médias locaux, le jour même de l’attaque, l’Akal Takht a publié un communiqué contre des conversions forcées commises par des missionnaires chrétiens. De leur côté, les membres du mouvement Nihang Sikh, descendant de l’ordre de moines-guerriers sikhs créé XVIIe siècle, ont également partagé ces accusations. En plus d’accuser les chrétiens de conversions dans la région, ils affirment que le gouvernement du Pendjab n’écoute pas leurs avertissements.
L’Akal Takht, en soutenant les affirmations des Nihangs, a évoqué des « faux pasteurs » qui trompent les sikhs pour les convertir. On compte près de 25 millions d’adeptes du sikhisme à travers le monde, et la population du Pendjab est à majorité sikh. Les conversions au christianisme ont augmenté au cours des dernières décennies, et les chrétiens sont aujourd’hui estimés autour de 10 % de la population sur environ 28 millions d’habitants au Pendjab.
(Avec Ucanews et Asianews)