Eglises d'Asie

Un groupe philippin appelle les jeunes avocats à se mettre au service des pauvres

Publié le 18/04/2023




Mgr Jose Colin Bagaforo, évêque de Kidapawan et président de la Commission pour la justice sociale de la Conférence épiscopale philippine, estime que l’accès aux services juridiques gratuits reste difficile pour les plus pauvres dans le pays, faute d’avocats prêts à défendre leur cause. L’évêque a réagi aux déclarations d’un groupe de fermiers philippins, la coalition CFAR, qui a appelé les jeunes avocats nouvellement diplômés à « représenter les causes des plus pauvres pour les aider à avoir accès à la justice ».

Un candidat après les examens du barreau aux Philippines en 2022. Selon les évêques philippins le pays manque d’avocats prêts à défendre les plus défavorisés.

Un groupe d’agriculteurs philippins a invité les nouveaux avocats fraîchement diplômés dans le pays à travailler pour des clients défavorisés qui n’ont pas les moyens d’assumer des frais juridiques onéreux. La coalition CFAR (Coalition of Farmers for Agrarian Reform) a salué les 3 992 avocats qui ont passé les examens du barreau avec succès en 2022, sur un total de 9 182 candidats. Les résultats ont été publiés le 14 avril.

Un responsable du groupe s’est exprimé en espérant qu’ils seront nombreux à rejoindre le Bureau du procureur de la République afin de représenter des clients démunis. « Nous espérons que beaucoup d’entre eux serviront les gens en travaillant avec le gouvernement pour représenter les causes des plus pauvres et les aider à avoir accès à la justice », a souligné le Beth Urbano, secrétaire général de la coalition.

Aux Philippines, le Bureau du procureur de la République, qui dépend du gouvernement, offre des services juridiques gratuits aux clients défavorisés. Le groupe de Beth Urbano a critiqué des frais juridiques excessifs que beaucoup ne peuvent se permettre. Nombre d’entre eux ne peuvent obtenir les services d’avocats compétents et sont souvent mis en échec au tribunal.

« J’ai dû céder à l’une des demandes au tribunal parce qu’il n’y avait personne pour me représenter. Mon avocat m’a abandonné quand je ne pouvais plus continuer de payer les frais », explique Ricardo Burton, un fermier philippin âgé de 52 ans. Il ajoute qu’il s’est tourné vers les services gratuits du gouvernement mais qu’il a dû patienter des mois avant qu’un avocat lui soit assigné pour une question de litige foncier. « Cela a pris des mois, et mon terrain avait presque disparu. Un promoteur immobilier l’avait déjà détruit au bulldozer », précise-t-il.

« Il y a trop d’affaires à gérer dans le secteur public »

Selon le gouvernement philippin, le Bureau du procureur de la république a remporté 277 752 affaires en 2022 contre 248 963 en 2021, soit 15,98 % de plus. Le responsable du service, l’avocat Persida Acosta, a reconnu en février lors d’une conférence de presse que le nombre d’affaires examinées est passé de 256 927 en 2021 à 305 396 en 2022. « Sur ces 305 396 affaires closes, 263 335, soit 86,23 %, ont conduit à des décisions favorables pour les clients », a-t-il assuré.

Un fermier de la province de Bulacan, au nord de Manille, estime pourtant que beaucoup ont été « sous-représentés » dans les tribunaux philippins. « Il y a toujours des gens qui n’ont pas d’avocat parce qu’il y a trop d’affaires à gérer dans le secteur public », confie Chris Domalunan.

En février dernier, le procureur général Maria Joy Filio a reconnu que chaque avocat du secteur public devait gérer environ 340 affaires par an. « Actuellement, malgré cela, c’est encore gérable. Mais c’est vraiment plus que la normale », a-t-elle confié, interrogée par Philippine Collegian, le bulletin d’information officiel de l’Université des Philippines.

La Commission pour la justice sociale de la Conférence épiscopale philippine estime de son côté que l’accès à des services juridiques gratuits reste difficile pour les plus pauvres faute d’engagement de la part d’avocats prêts à défendre leur cause. « Il y en a, mais pas suffisamment. Nous avons besoin d’avocats qui voient leur mission autrement que comme une source de revenus », a réagi Mgr Jose Colin Bagaforo, évêque de Kidapawan et président de la commission.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Noli Cayaman / Ucanews