Eglises d'Asie – Divers Horizons
Un nouveau rapport sur le droit de manifestation signale le recul de l’Asie
Publié le 09/12/2022
Le droit de manifester et de s’opposer est de plus en plus attaqué dans la région Asie-Pacifique, avec de nombreux gouvernements qui ont recours à la détention illégale, aux poursuites pénales et aux exécutions extrajudiciaires d’opposants, selon un nouveau rapport de la plateforme en ligne Civicus Monitor, intitulé « Droit de manifester : bilan global 2022 » et publié le 7 décembre. En inaugurant cette nouvelle étude, l’organisation explique que des opposants demandant des réformes politiques, économiques ou de gouvernance ont été brutalement réprimés dans la région durant la période étudiée (entre octobre 2021 et septembre 2022). Le rapport, publié quelques jours avant la Journée internationale des droits de l’homme (10 décembre), souligne que les gouvernements en question utilisent la législation et les pratiques en vigueur pour cibler des rassemblements pacifiques et non-violents. Josef Benedict, un chercheur qui a contribué au rapport, explique que « des pays ont utilisé des règles d’état d’urgence et des lois anti-rassemblements et même des mesures anti-Covid-19 afin de bloquer ou dissuader des manifestations, en allant jusqu’à arrêter et détenir les manifestants ». « Ces actions sont contraires au droit international et affectent ceux qui osent élever la voix et se mobiliser », ajoute-t-il.
La liberté de manifestation fortement limitée en Chine, au Laos et au Vietnam
À l’échelle mondiale, selon le rapport, la liberté de rassemblement pacifique a subi des restrictions dans au moins 100 pays sur 197 durant la période étudiée. Dans la région Asie-Pacifique, la détention de manifestants a été pratiquée couramment dans au moins 20 pays. « De nombreux opposants de la région ont été emprisonnés pour des accusations infondées, ou sont restés en détention provisoire pour de longues périodes sans se voir accorder le droit de libération sous caution. Certains ont été torturés et maltraités », précise le communiqué de l’organisation.
Le rapport indique qu’en Inde, plusieurs manifestants étudiants, comme Gulfisha Fathima et Umar Khalid, sont restés en détention dans le cadre d’une loi antiterrorisme, pour avoir participé au mouvement contre l’amendement de 2019 de la loi sur la citoyenneté, jugé discriminatoire. Des ONG ont également signalé la destruction, par les autorités, d’habitations de manifestants musulmans dans l’État de l’Uttar Pradesh, dans le nord du pays.
En Chine, au Laos et au Vietnam, la liberté de manifester a été fortement limitée via différentes lois en vigueur. Des règles strictes ont également été observées dans des pays comme Singapour. Toutefois, le plus troublant a été l’exécution extrajudiciaire de manifestants dans au moins 24 pays à l’échelle mondiale (sur 197). « Il y a aussi eu un manque de poursuites des coupables, ce qui a exacerbé un sentiment d’impunité dans ces régions », commente Benedict.
La junte birmane engagée dans une répression violente
On compte au moins 14 pays dans la région Asie-Pacifique, avec un usage excessif de la force contre des manifestants, notamment en Birmanie où la junte s’est engagée dans une répression violente contre les manifestations qui ont suivi son coup d’État. Par ailleurs, des manifestants ont été visés par des canons à eau, des matraques et du gaz lacrymogène, entre autres, dans plus de 40 % des pays étudiés.
Depuis avril 2022 au Sri Lanka, le gouvernement a utilisé à de nombreuses reprises l’état d’urgence, déclaré contre la crise économique, afin de réprimer des manifestations dénonçant la gestion du pays par les autorités. Cela a permis d’arrêter et de détenir des suspects sans justification et hors du cadre légal habituel. Des couvre-feux ont également été imposés, ainsi qu’une restriction de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux, dans le cadre de l’état d’urgence.
En Thaïlande, un décret voté en urgence contre la pandémie a continué d’être utilisé jusqu’à fin septembre 2022 pour réprimer des manifestations. À Hong-Kong, le gouvernement pro-Pékin a bloqué toute forme de manifestation dans le cadre de sa répression de l’opposition. En juin 2022, les autorités ont notamment interdit la commémoration annuelle du massacre de la place Tiananmen pour la troisième année consécutive, en évoquant des risques liés à la crise sanitaire.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews