Eglises d'Asie

Un orphelinat des Missionnaires de la Charité accusé de conversions forcées par les autorités de l’État du Gujarat

Publié le 16/12/2021




Le 13 décembre dans l’État du Gujarat, dans l’ouest de l’Inde, un orphelinat des Missionnaires de la Charité a été visé par une plainte dans le cadre d’une loi anti-conversion. Le centre, situé à Vadodara, compte 48 filles pensionnaires. Le père Cédric Prakash, jésuite, y voit « une tentative délibérée de discréditer les chrétiens et l’institution fondée par sainte Mère Teresa, très respectée à travers le monde ». Le père Babu Joseph, ancien porte-parole de la Conférence épiscopale indienne, estime que cette affaire fait partie « d’une campagne bien orchestrée ciblant les minorités chrétiennes ».

Le 5 septembre 2018 à Calcutta, lors du 21e anniversaire de la mort de sainte Mère Teresa.

Un foyer des sœurs Missionnaires de la Charité a été accusé par les autorités de l’État du Gujarat, dans l’ouest de l’Inde, de convertir de force des filles pensionnaires du centre. Une enquête policière a été ouverte contre le foyer Nirmala Shishu Bhavan, dans la ville de Vadodara, le 13 décembre après une plainte déposée pour violation de la loi anti-conversion du Gujarat.

« L’organisation, fondée par Mère Teresa, est visée par la loi Gujarat Freedom de 2003 et se trouve accusée de ‘heurter les sentiments religieux hindous’ et ‘d’attirer des jeunes filles vers le christianisme’ dans un foyer qu’elle dirige », a informé un journal local, The Indian Express. Le plaignant, Mayank Trivedi, un fonctionnaire local, qui a visité l’orphelinat des religieuses avec du comité pour la protection infantile du district le 9 décembre dernier, a affirmé que les filles pensionnaires sont forcées de porter une croix autour du cou et de garder une bible dans une salle qu’elles utilisent régulièrement.

« Le 13 décembre dans l’après-midi, une équipe de policiers, accompagnée de journalistes, a visité l’orphelinat en interrogeant les religieuses et d’autres résidents durant au moins une heure et demie », explique une des religieuses, sœur Emmaculate, interrogée le 14 décembre. Après le départ de la police, une autre équipe de six fonctionnaires, dont une femme expliquant faire partie du comité pour la protection infantile, est arrivée vers 19 heures pour inspecter les lieux jusqu’à 23 heures.

« Ils ont cherché dans tous les moindres recoins, et ils ont noté des détails sur nos activités quotidiennes, ainsi que sur d’autres centres dirigés par la congrégation au Gujarat et dans les États voisins », ajoute la religieuse. Sœur Emmaculate souligne qu’on ne leur a pas montré la plainte enregistrée contre elles, et insiste pour nier tout acte répréhensible. L’orphelinat compte 48 filles pensionnaires, dont 22 enfants souffrant de handicaps physiques ou mentaux. Sœur Emmaculate explique que les harcèlements ont commencé dès le 29 août dernier lors d’une inspection officielle des autorités du Gujarat. « Quel mal avons-nous fait ? », demande-t-elle.

« C’est une affaire fausse et fabriquée »

« C’est une affaire fausse et fabriquée », dénonce le père Cédric Prakash, un prêtre jésuite basé au Gujarat. « Il y a quelques temps, une équipe a visité l’orphelinat. Ils ont trouvé une bible, et maintenant, une affaire est enregistrée contre elles. Posséder une bible ou tout autre texte religieux n’est pas illégal, et condamner quelqu’un pour cela va à l’encontre des principes fixés par la Constitution indienne », ajoute-t-il. Le père Prakash y voit « une tentative délibérée de discréditer les chrétiens ainsi qu’une institution fondée par sainte Mère Teresa, pourtant très respectée à travers le monde ».

Il ajoute qu’ils comptent réfléchir à toutes les solutions légales possibles pour prouver que les accusations contre l’orphelinat sont fausses. Le père Babu Joseph, ancien porte-parole de la Conférence épiscopale indienne, estime que cette affaire au Gujarat semble faire partie « d’une campagne bien orchestrée ciblant les minorités chrétiennes indiennes, sous le prétexte de s’opposer aux soi-disant conversions religieuses ». Il insiste en précisant que les chrétiens dirigent effectivement de nombreux orphelinats et d’autres organisations de bienfaisance, mais sans aucune « discrimination religieuse ». « C’est un droit fondamental, pour les chrétiens, de gérer ces institutions et de pratiquer leur foi librement. En aucun cas ils n’imposent leur religion aux autres », souligne le père Joseph.

Une hausse des attaques antichrétiennes enregistrée ces derniers mois

Le prêtre se demande si « ces accusations de conversions n’ont pas été lancées délibérément afin de provoquer une fracture sociale et des tensions entre des personnes pacifiques de différentes confessions religieuses dans le pays ». Ces derniers mois, une hausse des attaques contre les chrétiens a été enregistrée, avec des affaires rapportées dans presque tous les États à travers l’Inde, sous prétexte de contrer les conversions forcées.

Les Missionnaires de la Charité ont déjà été accusées, dans le passé, de conversions et d’adoptions illégales, mais aucune de ces accusations n’a pu être prouvée par un tribunal. Les chrétiens représentent environ 2,3 % de la population indienne, sur 1,3 milliards d’habitants ; ils continuent d’être harcelés par les hindous extrémistes, qui les accusent de convertir des personnes d’autres religions à grande échelle.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ians / Ucanews