Eglises d'Asie

Un prêtre indien appelle à légiférer pour mieux protéger les travailleurs migrants internes

Publié le 24/07/2020




Le père Jaison Vadassery, secrétaire de la Commission pour les migrants de la Conférence épiscopale indienne, appelle à mieux protéger les travailleurs migrants internes, après l’exode massif qui s’est produit au début de la crise sanitaire à travers l’Inde. « Nous avons été témoins de leur souffrance, alors que le pays luttait contre le Covid-19 », alerte-t-il. Selon le prêtre, la crise sanitaire a révélé l’urgence de la situation, alors que leur retour dans leur région d’origine au début de la pandémie s’est transformé en crise humanitaire. Les migrants internes sont souvent issus des États moins développés, et sont embauchés principalement dans des secteurs comme la construction immobilière, le textile, les transports, le travail domestique et l’agriculture.

Le 16 mai, des travailleurs migrants de l’État de Bihar patientent à Ghazipur, à la frontière entre les États de Delhi et de l’Uttar Pradesh.

Le père Jaison Vadassery, secrétaire de la Commission pour les migrants de la Conférence épiscopale indienne (CBCI), appelle à renforcer la loi de 1979 sur les travailleurs migrants inter-États, alors que de nombreux migrants internes reviennent dans les zones urbaines après retournés dans leur région d’origine durant le confinement. La loi de 1979 comporte des dispositions portant notamment sur les salaires minimums, sur les heures de travail et sur la santé. Le père Vadassery explique que la loi de 1979 s’applique à toutes les sociétés et à tous les employeurs embauchant cinq travailleurs migrants ou plus, venus d’autres États. Il ajoute que l’enregistrement des sociétés auprès des autorités permet un système de responsabilisation et de transparence. La loi permet aussi au gouvernement d’évaluer le nombre de migrants inter-États et d’améliorer leurs conditions. Selon les médias indiens, de nombreuses sociétés industrielles ont entrepris de faire revenir les travailleurs migrants afin de poursuivre des projets d’infrastructure à Mumbai. L’État du Pendjab, dans le nord du pays, a même commandé des cars et réservé des billets de train pour faire revenir les travailleurs migrants, avant la récolte du riz.

« Nous avons été témoins de la souffrance des travailleurs migrants durant l’exode de masse qui s’est produit durant le confinement, alors que le pays luttait contre le Covid-19 », souligne le père Vadassery, qui ajoute que la crise sanitaire avait mis en évidence l’urgence immédiate d’identifier clairement la situation et d’établir des statistiques exactes afin d’accélérer et de renforcer au mieux la protection des travailleurs migrants. Leur exode durant la pandémie est devenu une véritable crise humanitaire, alors que nombre d’entre eux ont dû parcourir plusieurs centaines de kilomètres à pied sur les routes et les voies ferrées, vers leurs États d’origine. En mai, dans le district d’Aurangabad, dans l’État du Maharashtra, au moins 16 migrants ont été tués lors du passage d’un train de marchandises – au moins une centaine d’autres ont été victimes d’accidents de la route à travers le pays. Une grande partie d’entre eux sont issus des États moins développés comme Bihar, Chhattisgarh, le Jharkhand, Odisha, le Rajasthan et l’Uttar Pradesh. Ils sont principalement embauchés sur les chantiers, dans les usines et les fours à briques, et dans des secteurs comme le travail domestique, le textile, les transports et l’agriculture. Ils sont souvent privés de droits fondamentaux comme une assistance au logement, des aides alimentaires, des infrastructures sanitaires, un accès à l’éducation et aux services bancaires. Ils travaillent souvent dans des conditions précaires, sans sécurité sociale ni protection juridique.

(Avec Ucanews, New Delhi)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews