Eglises d'Asie – Vietnam
Un prêtre vietnamien envoyé en mission dans les villages Hmong, dans les montagnes du Nord-Ouest
Publié le 14/10/2021
Le père Joseph Nguyen Tien Lien commence habituellement ses journées vers 4 heures du matin pour les terminer à minuit. Le prêtre vietnamien se rend régulièrement en visite pastorale dans les régions reculées où vivent les villageois Hmong. Il a construit des chapelles dans leurs villages, et organisé des collectes afin d’offrir des vêtements et de la nourriture aux personnes dans le besoin. Il a également financé la réparation de maisons endommagées par les catastrophes naturelles, qui frappent régulièrement la région. L’été, il organise aussi des temps de formation spirituelle dans son église, auxquels participent plusieurs centaines de personnes. Près de cent villageois Hmong ont également participé à une session organisée durant le carême l’an dernier. Ils y ont aussi reçu de la nourriture et des aides financières au logement et pour leurs déplacements. Le prêtre, qui a déjà érigé 13 chapelles dans les villages alentour, a été assigné dans la paroisse de Mai Yen en 2017, devenant le premier prêtre à domicile de la paroisse, fondée en 2007 par le diocèse de Hung Hoa.
La paroisse est située dans le district de Mai Son, dans la province de Son La (dans le nord-ouest du Vietnam), où toutes les communautés religieuses ne sont pas officiellement reconnues par le gouvernement. La province compte une majorité d’habitants de l’ethnie Kinh (Viêt) majoritaire, ainsi que des communautés Hmong, Dao, Muong, Thai et Tay, entre autres. La plupart des groupes ethniques ont beaucoup d’enfants, gagnent leur vie comme cultivateurs dans les montagnes et manquent souvent de nourriture. « Nous sommes ravis que plus de 700 personnes, dont une majorité de villageois Hmong, aient rejoint le catholicisme au cours des quatre dernières années. Je rends grâce à Dieu », confie le père Lien, qui a été ordonné en 2016. « L’évangélisation des minorités ethniques dans les villages est pour moi une priorité, parce qu’ils vivent dans la misère et souffrent à cause des catastrophes naturelles annuelles. Je veux leur apporter l’amour de Dieu pour qu’ils puissent jouir de la miséricorde de Dieu comme d’autres l’ont reçue. »
« Nous essayons d’envoyer autant d’aides que possible »
La paroisse compte aujourd’hui environ 1 600 membres. Le prêtre s’efforce de respecter la tradition patriarcale des villageois Hmong, en travaillant avec les chefs de villages, les familles et les habitants privilégiés. Une fois que ceux-ci accueillent la foi chrétienne, ils peuvent ensuite inviter les membres de leurs familles et d’autres villageois à rejoindre le catholicisme. Des groupes caritatifs fondés dans la paroisse viennent également en aide aux populations locales en offrant de la nourriture gratuite aux patients issus des minorités accueillis dans quatre hôpitaux publics, une fois par semaine. Par ailleurs, des bienfaiteurs locaux ont envoyé 45 millions de dongs (2 000 dollars US) aux victimes du Covid-19 dans les provinces du sud du Vietnam. « Nous essayons d’envoyer autant d’aides que possible aux personnes dans le besoin, même si nous-même vivons dans la pauvreté. Nous voulons contribuer au développement et coopérer avec tous pour le bien commun », souligne le père Lien.
Le prêtre, âgé de 42 ans, confie que si la mission a porté des fruits, c’est en grande partie grâce aux nombreux efforts des catholiques dans la région, en particulier grâce aux plus âgés qui ont transmis leur foi aux nouvelles générations depuis plusieurs décennies, en l’absence de prêtres résidents. « Nous faisons de notre mieux pour apporter le catholicisme aux autres habitants dans la région, afin de montrer notre reconnaissance envers les missionnaires étrangers qui ont transmis la foi aux groupes ethniques au début du XXe siècle. » Le père Lien se dit fortement inspiré par les exemples d’évangélisation des missionnaires, qui ont su toucher les cœurs des minorités ethniques en vivant avec les communautés locales, en prenant soin de leur vie matérielle et spirituelle et en apprenant leurs langues et leurs cultures. Il explique qu’ils ont visité les villages reculés et tissé des relations harmonieuses avec les villageois. Il ajoute que les missionnaires étrangers ont laissé aux populations locales un héritage spirituel et des églises, quand ils ont été forcés de partir dans la cadre des combats entre les troupes françaises et les communistes en 1940.
Un nouveau livre de prière en langue Hmong
Plusieurs dizaines de missionnaires ont travaillé parmi les villageois Hmong, Muong et Thai, dans les provinces de Son La et de Yen Bai, dans le Nord-Ouest. Ils ont construit cinq églises, dont trois (à Nghia Lo, Giang La Pan et Phinh Ho) existent toujours. De nombreux missionnaires ont traduit la Bible en langue Hmong et publié des livres de prière qui continuent d’être utilisés par les populations locales. Le père Peter Nguyen Truong Giang, vice-directeur du comité pastoral pour les minorités ethniques du diocèse de Hung Hoa, explique que Mgr Pierre Nguyen Van Vien, administrateur apostolique du diocèse, a approuvé cette année un nouveau livre de prière en langue Hmong. Le nouveau recueil remplace l’ancien, écrit avec un système d’écriture qui n’est plus adapté à la langue moderne. Le père Giang, qui parle couramment la langue locale, confie qu’en mars dernier, 90 prêtres, religieuses, catéchistes et missionnaires laïcs de la province de Lao Cai ont été formés pour lire des prières Hmong et utiliser le livre de prière dans la liturgie. Des copies du nouveau livre seront distribuées aux paroisses et aux familles dans l’année. « Nous espérons qu’il aidera les catholiques Hmong à comprendre ce qu’ils lisent et à vivre leur foi », poursuit le prêtre.
« Nous espérons que notre paroisse sera bientôt reconnue »
Marie Nguyen, de la province de Dien Bien, estime que le travail d’évangélisation a vraiment porté ses fruits dans les provinces du nord-ouest depuis 2016, quand des prêtres ont commencé volontairement un travail pastoral auprès des communautés catholiques de Dien Bien, Lai Chau et Son La. Par ailleurs, parmi les membres de l’ethnie Kinh qui sont venus dans la région il y a plusieurs décennies depuis d’autres provinces, beaucoup ont dû pratiquer leur foi discrètement à domicile au début, en raison du manque d’activités pastorales. « Aujourd’hui, les activités religieuses se sont améliorées et nous avons des messes toutes les semaines, grâce à Dieu », confie Marie Nguyen. Elle ajoute que le nombre de catholiques dans sa province est passé de 1 500 à 3 000 ces dernières années. Plusieurs centaines de Hmong rejoignent le catholicisme tous les ans. Marie souligne que le père Joseph Nguyen Ngoc Ngoan, premier curé de Dien Bien, a construit des chapelles, des routes et des toilettes, tout en apportant des aides pour l’accès à la santé et à l’eau potable, ainsi que des aides alimentaires et d’autres besoins fondamentaux. Plus de 100 étudiants ont également reçu des aides au logement et des bourses d’étude.
Marie Nguyen ajoute que des catholiques ont fait des dons et travaillent avec le prêtre pour aider les groupes ethniques qui peinent à survivre comme cultivateurs. Ils ont également construit sept chapelles et un foyer étudiant au cours des cinq dernières années. Les trois provinces de Dien Bien, Lai Chau et Son La, qui comptent de nombreux groupes ethniques qui ont entamé de nouvelles activités religieuses au cours du nouveau millénaire, ont aujourd’hui douze paroisses et plusieurs dizaines d’antennes paroissiales et stations missionnaires, avec huit prêtres pour environ 15 000 catholiques. Seules quelques paroisses ont été approuvées par le gouvernement, et la plupart des activités religieuses ont lieu chez les gens. Le père Lien assure que les catholiques de la région ont tissé de bonnes relations avec les autres et avec les autorités, tout en contribuant de manière significative au développement des populations locales. « Nous espérons que notre paroisse sera bientôt reconnue, pour que nous puissions mieux vivre notre foi et travailler pour le bien commun. Ainsi, nous pourrons protéger l’héritage de foi reçu de nos ancêtres. »
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews