Eglises d'Asie

Un prêtre vietnamien invite à célébrer la Nativité avec des crèches locales

Publié le 21/12/2022




Au Vietnam, la tradition des crèches de Noël est parfois reproduite en s’inspirant d’images rurales traditionnelles locales plutôt qu’occidentales, comme des maisons au toit de chaume, comme le décrit un prêtre vietnamien, le père Khac Ba. Ce dernier explique que « l’idée de base est de souligner la pauvreté et la simplicité de Noël dans un contexte culturel national ». Il invite également à s’inspirer de ces traditions en construisant des « crèches spirituelles » afin de « faire de notre âme une crèche pour accueillir le Seigneur qui vient ».

Une scène de la Nativité dans l’église de Bac Thanh, dans le diocèse de Nha Trang, sur la côte sud du Vietnam.

Avec le temps de Noël vient aussi la saison des crèches, qui sont installées dans toutes les paroisses rurales et urbaines au Vietnam. Beaucoup de ces crèches sont faites avec des matériaux simples comme du papier et du carton, tandis que d’autres utilisent des objets plus précieux. Beaucoup ne sont pas plus grosses que la main, et d’autres sont plus grandes que nature. Certaines sont aussi érigées aussi bien dans des champs déserts que dans des centres commerciaux surfréquentés.

« En contemplant ces scènes de la Nativité, les gens peuvent admirer leur beauté artistique ou des décorations précieuses, mais la crèche peut sûrement remuer et toucher profondément, afin de faire ressentir à chacun la proximité et la familiarité de la naissance du Christ », explique le père Antoine Tran Khac Ba, SJ. C’est pourquoi certains habitants aiment construire des crèches en prenant pour modèle des petites maisons vietnamiennes au toit de chaume et aux murs de bambou, avec des jarres d’eau en terre cuite et des charrues ainsi que d’autres outils agricoles.

Certains ajoutent de la paille de riz là où doit être installé l’enfant jésus, ainsi que des lampes à huile. Des images emblématiques d’une campagne vietnamienne traditionnelle sont également reproduites, comme des garçons à dos de buffle et jouant de la flûte, plutôt que des figures occidentales.

« L’idée de base de ce genre de crèche est avant tout de souligner la pauvreté et la simplicité de Noël dans un contexte culturel national », confie le jésuite vietnamien. « Mais il y a d’autres raisons à cela : ces objets étant très familiers et proches des catholiques, ceux-ci peuvent sentir qu’ils font partie de ces scènes, en plaçant des images familières de leur vie quotidienne ».

« Notre façon de célébrer Noël doit être similaire à ces crèches que nous faisons »

Il estime que c’est important de favoriser ces traditions simples et populaires, en particulier durant les célébrations de Noël, y compris sur le plan théologique. « Jésus est entré dans le monde non pas pour construire un nouvel ordre mondial au sens politique ou social, ni pour démontrer l’autorité de Dieu sur l’humanité. Au contraire, il s’est fait homme pour renforcer sa relation avec nous, pour nous aider à reconnaître un Dieu proche et aimant, pour que nous puissions l’appeler ‘Père’. Dieu vient pour embrasser l’humanité et l’aider à venir à lui », poursuit le père Khac Ba.

« C’est pourquoi la façon la plus appropriée de célébrer Noël doit être similaire à ces scènes de la Nativité que nous confectionnons. En d’autres termes, nous devons aussi faire de notre âme une crèche pour accueillir le Seigneur qui vient », recommande-t-il. C’est pourquoi il estime qu’à l’image des crèches de style vietnamien, il est important d’utiliser de construire ces « crèches spirituelles » en prenant en compte des aspects familiers de la vie quotidienne.

« Ces ‘matériaux’, qui sont souvent ceux qui nous préoccupent le plus, peuvent être des inquiétudes vis-à-vis de nos revenus, de notre avenir, de nos réussites et de nos échecs, de la société et de l’Église. Ce sont aussi des joies et des peines concrètes de tous les jours, ou encore des sentiments éprouvés pour nos conjoints et nos familles, ainsi que nos combats, nos faiblesses et nos chutes », souligne le prêtre. « Plutôt que de dire des prières stériles, nous pouvons placer à côté de l’Enfant Jésus ce qui est le plus proche de notre esprit. Ces choses seront sanctifiées par sa grâce et sa présence. C’était aussi son désir en entrant dans le monde : se faire homme pour que les hommes soient sanctifiés et unis à Dieu. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews