Eglises d'Asie – Indonésie
Une clinique catholique auprès des victimes du tsunami
Publié le 15/01/2019
Les ONG affirment que les aides commencent à reculer par rapport au mois dernier, quand le tsunami du 22 décembre a frappé l’Indonésie. Afin de remédier aux manques, une clinique temporaire a été financée par l’Église afin de soutenir les victimes dans le besoin. La clinique, qui a été installée au village de pêche de Panimbang Jaya, dans la province de Banten à 140 kilomètres de Jakarta, a permis à des milliers de personnes d’être relogées dans des lieux plus sûrs. Beaucoup ont perdu leur logement quand le tsunami du détroit de la Sonde a frappé les côtes indonésiennes le 22 décembre 2018. La catastrophe a causé 437 victimes ; près de 14 000 personnes ont été blessés et 34 000 personnes ont été déplacées. Le 2 janvier, selon l’Agence indonésienne de gestion des catastrophes (BNBP), 14 personnes étaient encore portées disparues. Le tsunami venait aussi clore une année difficile qui n’a pas été épargnée par les intempéries, dont une série de séismes dévastateurs à Lombok, près de Bali, en juillet et août 2018, ainsi qu’un tremblement de terre et un tsunami au Célèbes (Sulawesi) en septembre. Sans compter le crash d’un avion de la compagnie Lion Air, 13 minutes après le décollage en quittant Jakarta, qui a tué 189 passagers et membres de l’équipage en octobre.
Alors que l’accumulation des catastrophes a entraîné un recul des aides disponibles, l’installation de la clinique provisoire est une bénédiction pour ceux qui vivent dans les régions reculées, où les aides du gouvernement et les centres de soin sont rares. La clinique ambulante a passé une semaine à offrir des bilans de santé et des soins gratuits aux familles de pêcheurs et aux mères traumatisées de Panimbang Jaya, après s’être occupée de victimes d’autres régions dont le district de Pandeglang, dans la même province. Nuryati et son fils de trois ans ont ainsi pu bénéficier des soins de la clinique. La jeune mère confie que la santé de son fils la tourmentait et qu’elle ne savait plus quoi faire avant que la clinique ne s’installe, proposant des soins et des médicaments. Nuryati fait partie des trois cents victimes du tsunami qui ont rendu visite à la clinique le 8 janvier. Elle-même souffrait de douleurs gastriques et restait traumatisée par les souvenirs de la vague géante qui a bouleversé sa vie. Son fils, quant à lui, souffrait d’une grippe et d’une toux chronique. « Je suis tellement soulagée que nous ayons pu recevoir des soins ici, et cela ne nous a rien coûté », se réjouit la musulmane de 38 ans, mère de trois enfants. « Ils nous ont vraiment aidés. »
Le risque de nouvelles éruptions demeure

Vitria, 37 ans, attend un quatrième enfant et se dit hantée par les souvenirs du tsunami. Elle vit dans l’angoisse devant les bouches à nourrir et à la recherche d’un nouveau logement pour sa famille. « J’ai toujours peur », confie-t-elle, ajoutant que la clinique lui a jeté une bouée de sauvetage. Elle espérait rester dans la région, mais le gouvernement a déclaré la fin des secours d’urgence le 9 janvier. Yayah, 47 ans, dont la maison a été gravement endommagée, est reconnaissante envers la sœur franciscaine Maria Atanasia, coordinatrice de l’équipe médicale, pour être venue en aide à sa communauté. Elle s’est mise à pleurer quand la religieuse et les volontaires ont visité son foyer détruit. « J’ai tout perdu, tout ce que j’avais, y compris ma maison », explique-t-elle.
« Nous essayons d’aider tout le monde »
Sœur Atanasia a commencé à soigner les victimes dès le 24 décembre, aux côtés des volontaires de l’Association catholique de services sanitaires Perdhaki, de Caritas Indonesia, du personnel hospitalier de l’hôpital catholique RS Misi Lebak (Rangkasbitung), ainsi que de l’organisation catholique Lembaga Daya Dharma (LDD), qui dépend de l’archidiocèse de Jakarta. Ils étaient tellement débordés que sœur Atanasia confie qu’elle n’a pas pu aller à la messe la veille de Noël, parce qu’elle devait rechercher un lieu où installer un abri temporaire. Elle a finalement pu installer un poste d’urgence équipé d’une cuisine publique, au village d’Angsana à près de trois kilomètres de Panimgang Jayapour, pour y proposer des soins et un accompagnement gratuits. « Dès que nous nous l’avons ouvert, les aides ont commencé à arriver – des dons et des produits de première nécessité, des vêtements et des produits de nettoyage, des matelas, des tentes et des médicaments », confie-t-elle. Des dizaines de volontaires, y compris des médecins, des psychologues, des nutritionnistes, des infirmières et des sages-femmes, ont participé aux aides d’urgence. Les volontaires se sont divisés en petites équipes, s’organisant au quotidien afin de visiter les blessés et les déplacés, leur apporter des médicaments et de la nourriture, écoutant leurs histoires afin de les aider à se relever.

Fin des aides d’urgence
Le gouvernement a annoncé que les ONG et les organismes publics avaient jusqu’au 9 janvier pour assurer l’aide d’urgence aux victimes du tsunami. Cela veut dire que les réfugiés ont dû se préparer à rentrer chez eux, et ceux qui ont perdu leur maison se demandaient toujours quoi faire. Beaucoup d’habitants du village de Panimbang Jaya, dont Nuryati, Vitria, et Yayah, confient qu’ils ne pourront pas s’en sortir seuls et qu’ils ont encore besoin d’aide, que ce soit de la part de l’État ou de l’Église. Sœur Atanasia et les diocèses locaux prévoient de continuer à venir en aide aux victimes. Quand son poste de secours sera fermé, son équipe s’attellera à la reconstruction et à la réparation des maisons endommagées, afin de permettre à la région de retrouver un semblant de normalité. L’équipe prévoit aussi de réparer les bateaux abîmés pour que les pêcheurs puissent repartir en mer pour nourrir leurs familles, souligne sœur Atanasia.
(Avec Ucanews, Banten)
CRÉDITS
Siktus Harson / Ucanews
