Eglises d'Asie – Philippines
Une coalition catholique philippine appelle Manille à reconnaître les droits de la nature
Publié le 28/03/2023
Le groupe Rights of Nature PH, une coalition d’ONG et d’associations environnementales catholiques philippines, a déclaré un état d’urgence climatique dans le pays. L’organisation a appelé le gouvernement philippin à légiférer afin de reconnaître les « droits de la nature » et de garantir la survie et la croissance des écosystèmes. Cette requête est annoncée peu de temps après le naufrage du pétrolier MT Princess Empire, qui a eu lieu fin février au large de la province du Mindoro oriental.
La campagne a été organisée par Caritas Philippines et par Philippine Misereor Partnership ; 62 membres de la coalition ont participé à une assemblée générale de trois jours, du 21 au 23 mars à Quezon City, près de Manille, consacrée à « la reconnaissance des droits de la nature aux Philippines ».
Une proposition avait déjà été soumise à la Chambre des Représentants du pays en 2019. La sénatrice Risa Hontiveros a également proposé un projet similaire au Sénat en juillet 2022. Plusieurs représentants des autorités de la province de Mindoro oriental ont aussi présenté des mesures suggérées par la coalition à la Chambre de la Représentants en février dernier.
Parmi de nouvelles zones protégées aux Philippines, on compte la rivière d’Agos depuis 2022, quand le gouvernement local d’Infanta (province de Quezon) a adopté les premiers décrets « Rights of Nature » (« Droits de la nature »). La coalition environnementale, le réseau d’action social de Caritas Philippines et les centres de développement social diocésains sont derrière ce concept, destiné à résoudre un système économique dysfonctionnel et à faire face à des structures juridiques, sociales, politiques et culturelles néfastes aussi bien pour les hommes que pour la planète.
« Nous reconnaissons la gravité de la situation et l’urgence d’une action collective »
Le concept des « droits de la nature » reconnaît et honore les droits environnementaux des êtres humains, explique le père Edwin Gariguez, ancien directeur de Caritas Philippines. Selon lui, cela veut dire que les activités humaines ne doivent pas interférer avec la capacité des écosystèmes à absorber leurs effets, à régénérer leurs capacités naturelles, à se développer et évoluer. Pour cela, toutes les parties prenantes, y compris les acteurs du monde des affaires, doivent être rendus pleinement responsables de tout impact négatif sur les écosystèmes, poursuit le prêtre.
« Nous reconnaissons la gravité de la situation et l’urgence d’une action collective afin d’atténuer les impacts négatifs du changement climatique », confie Mark T. Peñalver, directeur général de l’organisation IDIS (Interfacing Development Interventions for Sustainability). Les autorités doivent dépasser « le strict minimum – les négociations sur le climat et les objectifs fixés », ajoute-t-il, et « défendre de toute urgence la justice climatique en cessant les projets lucratifs destructeurs ».
Pour Mgr Cosme R. Almedilla, évêque de Butuan, il est indispensable de déclarer l’état d’urgence climatique, et de reconnaître que l’humanité et tout l’écosystème sont au bord de l’effondrement, à moins de prendre des actions immédiates et stratégiques afin de réduire ou cesser les changements climatiques et éviter des conséquences potentiellement irrémédiables.
Selon une étude récente menée par SWS (Social Weather Stations), 93 % des Philippins ont ressenti personnellement les effets des changements climatiques au cours des trois dernières années. Près de 17 % des répondants ont signalé des symptômes « graves », tandis que 76 % d’entre eux estiment que si l’humanité essaie vraiment, il est possible de renverser la tendance.
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Asianews