Eglises d'Asie

Une décision de la Cour suprême indienne ordonne aux autorités d’accélérer le retour des travailleurs migrants

Publié le 25/06/2020




Le 9 juin, la Cour suprême a pris une série de décisions en faveur des travailleurs migrants, qui ont quitté massivement les villes depuis le 25 mars. Alors que beaucoup d’entre eux ont perdu leurs emplois, la Cour suprême a demandé aux autorités de soutenir les créations d’emplois pour les migrants et d’abandonner les poursuites pour violation des directives de confinement. En effet, nombre d’entre eux sont toujours isolés et impuissants. « Beaucoup se plaignent du manque de coordination, laissant les migrants se débrouiller sur la route en étant exposés à la faim, à la maladie et à l’incertitude », déplore Jaison Vadasserty, secrétaire de la commission pour les migrants de la Conférence épiscopale indienne.

Le 16 mai, des travailleurs migrants patientent à Ghazipur, à la frontière entre les États de Delhi et de l’Uttar Pradesh.

Le 19 juin, la Cour suprême indienne a pris une décision inédite en demandant au gouvernement fédéral de renvoyer tous les migrants internes chez eux en respectant les délais fixés. La Cour suprême a ainsi confirmé son ordre du 9 juin, exigeant que les procédures de transport des travailleurs migrants vers leurs régions d’origine soient achevées dans un délai de quinze jours. « La Cour suprême a dû intervenir après avoir été alertée par de nombreuses organisations et ONG sur la situation des migrants, en l’informant que ses directives n’étaient pas respectées correctement », explique le père Jaison Vadasserty, secrétaire de la commission pour les migrants de la Conférence épiscopale indienne. Le prêtre affirme que le gouvernement fédéral et les autorités locales ont lamentablement échoué dans leur gestion des déplacements des travailleurs migrants vers leurs États d’origine. « Il y a encore trop de malentendus et de confusion entre les gouvernements des États et le gouvernement central. Beaucoup se plaignent de décisions peu claires et d’un manque de coordination, laissant les migrants se débrouiller sur la route en étant exposés à la faim, à la maladie et à l’incertitude, ce qui est très regrettable », déplore le père Vadassery. Les États comme le Bihar, le Chhattisgarh, le Jharkhand, l’Odisha, le Rajasthan et l’Uttar Pradesh sont parmi les principales régions d’origine des travailleurs migrants indiens, qui sont majoritairement employés dans le bâtiment, l’industrie, le travail domestique, le textile, les transports et l’agriculture. Le 9 juin, la Cour suprême avait déjà informé clairement que tous les migrants devaient pouvoir rejoindre leur domicile dans les quinze jours ; mais la Cour a été informée par Indira Jaising, une avocate réputée de Mumbai, des démarches administratives excessives à effectuer par les migrants.

Selon Indira Jaising, la décision du 9 juin de la Cour suprême n’a pas été respectée. Elle ajoute qu’aucune garantie n’a été donnée aux travailleurs migrants concernant leur voyage de retour ou leurs lieux de travail. « Rien n’a été fait. Aucune annonce adaptée, aucune publication des ordres de la Cour suprême par les gouvernements des États à l’intention des travailleurs migrants », souligne-t-elle. La Cour a également demandé à Tushar Mehta, solliciteur général, de s’adresser à tous les États et territoires de l’union indienne afin de leur demander de respecter la décision et d’en assurer la publication. Le 9 juin, la Cour suprême avait annoncé une série de décisions en faveur des travailleurs migrants, en demandant aux gouvernements régionaux de soumettre leurs programmes pour soutenir les emplois des migrants et d’abandonner les poursuites pour violation des directives de quarantaine. Le confinement général du pays a débuté le 25 mars, générant un exode massif des travailleurs migrants depuis les villes vers leurs régions d’origine. Minakshi Singh, un activiste local, estime cependant que la dernière décision de la Cour suprême risque d’entraîner encore davantage de confusion. « L’État du Pendjab, dans le Nord, a déjà ramené [en ville, depuis chez eux] une partie des travailleurs migrants par bus, et il y a même eu un vol affrété. Avec les nouvelles directives, il risque d’y avoir des incertitudes », ajoute-t-il. « La décision de la Cour suprême est juste cependant, parce que les autorités fédérales et locales n’ont pas su gérer le problème de l’exode des migrants, qui sont toujours isolés et impuissants dans de nombreux États, et inquiets face à l’avenir. »

(Avec Ucanews, New Delhi)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews