Eglises d'Asie

Une délégation des évêques indiens se rend au Manipur et appelle à la paix

Publié le 26/07/2023




Ces derniers jours, la Conférence épiscopale indienne (CBCI) a envoyé une délégation pour deux jours de visite dans l’État du Manipur, dans le nord-est de l’Inde, afin de visiter les régions affectées par les émeutes et lancer un appel à la paix. Depuis le début des violences, qui ont éclaté le 3 mai, on compte presque 150 décès et plusieurs dizaines de milliers de déplacés, sans compter de nombreuses habitations, églises, écoles et autres infrastructures incendiées.

Une délégation de la Conférence épiscopale indienne s’est rendue au Manipur ces derniers jours, en visitant plusieurs infrastructures incendiées.

Une délégation de la Conférence épiscopale indienne (CBCI) a lancé un appel à la paix et au dialogue après deux jours de visite dans l’État de Manipur. « Nous appelons toutes les personnes concernées à mettre en œuvre un processus de dialogue et à se concentrer sur le développement de tous les secteurs de la population, afin d’instaurer la paix et l’harmonie en Inde, et en particulier dans l’État du Manipur », a déclaré la délégation dans un communiqué publié le 24 juillet.

La délégation est menée par Mgr Andrews Thazhath, président de la CBCI et archevêque de Thrissur (Kerala). Elle comprend également le père Jervis D’Souza, secrétaire général, et le père Paul Moonjely, directeur général de Caritas Inde. Ils étaient accompagnés par Mgr Dominique Lumon, archevêque d’Imphal (la capitale du Manipur). Ils ont visité des régions affectées par des émeutes, où de nombreuses habitations, églises, écoles et autres institutions ont été incendiées.

Presque 150 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines de milliers d’habitants ont été déplacés depuis le début des violences, qui ont éclaté le 3 mai dans cet État situé au nord-est du pays. « C’est douloureux de voir que ces lieux comme désertés, et il semble qu’ils ne seront pas habités dans un avenir proche vu la crainte et la méfiance mutuelle qui demeure toujours », ont poursuivi les membres de la délégation dans leur communiqué.

Les évêques ont organisé cette visite trois jours après la diffusion d’une vidéo, le 19 juillet dernier, montrant deux femmes chrétiennes nues et harcelées par une foule. L’une des deux, âgée de 19 ans, aurait été violée, et son frère et son père auraient été assassinés. La vidéo a été enregistrée le 4 mai. Il semble que lorsque ces événements se sont déroulés, la police était présente mais n’est pas intervenue. Le gouvernement du Manipur, dirigé par le parti BJP pro-hindou du Premier ministre Narendra Modi, est également accusé de collusion avec les coupables.

Un mouvement national organisé dans 132 diocèses

Narendra Modi est sorti du silence sur les violences au Manipur pour la première fois en deux mois après la diffusion virale de la vidéo, en la qualifiant comme une « honte pour n’importe quelle société civilisée » et pour « toute la nation indienne ». De leur côté, les membres de la délégation catholique ont souligné être « tout aussi préoccupés par le silence et l’inaction prolongés des responsables du maintien de l’ordre ». « Nous avons eu l’opportunité de visiter plusieurs écoles et foyers où nous avons pu constater l’angoisse et la détresse des enfants. Et pour le moment, cela nous laisse clairement sans réponse », ont-ils raconté.

Ils ont aussi distribué des aides matérielles et inauguré un camp médical. Caritas Inde a réagi à cette crise sans précédent en fournissant son aide en collaboration avec l’ONG locale Catholic Relief Services (CRS) et avec la Diocesan Social Services Society (la branche sociale de l’archidiocèse d’Imphal). Le pape a aussi envoyé des aides pour le Manipur à hauteur de 30 millions de roupies indiennes (332 145 euros), selon le communiqué de la délégation.

Après la diffusion de la vidéo, le 23 juillet, la Commission pour les femmes de la CBCI a organisé un mouvement national dans 132 diocèses. À New Delhi, une manifestation a eu lieu avec plusieurs centaines de femmes membres de divers mouvements et associations, en présence de Mgr Anil Couto, archevêque de Delhi. Le 23 juillet également, un temps de prière interconfessionnel a été organisé à Ranchi, capitale de l’État central du Jharkhand. Mgr Felix Toppo, archevêque de Ranchi, a accompagné plus de 10 000 habitants qui sont descendus dans les rues de 10 heures du matin à midi, afin d’appeler à la paix au Manipur.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews