Eglises d'Asie

Une enquête pour corruption expose le ministère des Affaires religieuses

Publié le 21/03/2019




Le 18 mars, la Commission indonésienne pour l’éradication de la corruption est intervenue au ministère des Affaires religieuses suite à une affaire de corruption, alors que les élections présidentielles du 18 avril approchent. La perquisition était liée à l’arrestation, la semaine dernière, du président du PPP (Parti pour l’unité et le développement), Muhammad Romahurmuziy, un allié du président Joko Widodo, et de deux fonctionnaires du ministère. Selon Lucius Karus, un analyste politique catholique, le manque de transparence et la tradition oligarchique des partis indonésiens les exposent trop souvent à la corruption. Malgré tout, les observateurs affirment que Joko Widodo est connu pour sa position contre la corruption et que sa campagne ne devrait pas être affectée.

La Commission indonésienne pour l’éradication de la corruption a perquisitionné le bureau du ministre des Affaires religieuses, Lukman Hakim Saifuddin, dans le cadre d’une enquête anticorruption suite à l’arrestation, la semaine dernière, du chef du parti Partai Persatuan Pembangunan (PPP – Parti pour l’unité et le développement) et de deux fonctionnaires du ministère. L’intervention de la commission est survenue le 18 mars, trois jours après l’arrestation du président du PPP, Muhammad Romahurmuziy, un proche allié du président indonésien Joko Widodo. Le ministre des Affaires religieuses appartient au même parti et c’est le seul membre du cabinet de Joko Widodo appartenant à un parti politique. Muhammad Romahurmuziy a été arrêté aux côtés de Haris Hasanuddin, le chef du département des Affaires religieuses de la province de Java oriental, et de Muhammad Muafaq Wirahadi, chef d’un bureau de district du ministère. Le porte-parole de la commission, Febri Diansyah, a déclaré que la perquisition du ministère était liée à l’arrestation de Romahurmuziy. Ce dernier est suspecté d’avoir accepté 21 500 dollars (US) de pots-de-vin pour avoir aidé les deux fonctionnaires à décrocher leurs postes. « Il semble que la perquisition au ministère a permis de trouver des pièces relatives à l’affaire », a confié Febri Diansyah au site d’informations Temp.co. Plusieurs documents et une somme d’argent non précisée ont été saisis durant la perquisition. Toutefois, la commission n’a pas commenté la culpabilité éventuelle du ministre.

Les partis toujours exposés à la corruption

De son côté, le ministre Saifuddin a promis de coopérer avec les enquêteurs. « Le ministère licenciera les personnes concernées si elles sont coupables », a-t-il déclaré. Muhammad Romahurmuziy n’est pas le premier chef de son parti à être lié à des affaires de corruption. L’ancien président du parti, Suryadharma Ali, a été condamné à dix ans de prison en 2016 pour avoir détourné des dons destinés au Hajj (le pèlerinage à la Mecque) quand il était ministre des Affaires religieuses. Les deux fonctionnaires du ministère et le chef du parti PPP risquent jusqu’à vingt ans de prison et une amende entre 21 500 et 51 500 dollars. Avant son arrestation, Romahurmuziy faisait partie de l’équipe de campagne de Joko Widodo dans le cadre des élections présidentielles qui auront lieu le 17 avril prochain. Petrus Selestinus, avocat et coordinateur du groupe de juristes Tim Pembela Demokrasi Indonesia (Équipe de défense de la démocratie indonésienne), estime que cette arrestation ne devraient pas porter préjudice à la campagne de Joko Widodo. « Le président n’interviendra pas parce que sa position contre la corruption est bien connue », affirme Petrus Selestinus, qui est également candidat au parlement pour le parti Hanura (Hati Nurani Rakyat – parti de la conscience du peuple), un allié du président Widodo. Lucius Karus, un analyste politique catholique du groupe Indonesian Parliament Watch, n’est pas supris par l’arrestation de Romahurmuziy. « Le manque de transparence et la tradition oligarchique au sein des partis politiques indonésiens les ont exposé à la corruption », explique-t-il.

(Avec Ucanews, Jakarta)


CRÉDITS

Ucanews