Eglises d'Asie – Japon
Une Japonaise de Tokyo baptisée à Pâques : le cancer de son mari l’a conduite vers la foi
Publié le 02/03/2024
Junko Kusanagi, âgée de 49 ans, vit à Tokyo avec son mari catholique, 53 ans, et leur fils de neuf ans. Selon elle, la maladie de son mari la conduite à la foi et vers « le commencement d’une véritable vie de famille ». Elle a étudié dans un lycée et une université catholiques, mais Junko explique qu’elle n’y a vécu aucune expérience l’ayant attiré vers la foi à l’époque.
Plus tard, alors qu’elle se préparait au mariage, son futur mari lui a dit : « Je suis catholique », comme toute sa famille. « Si je n’avais pas été déjà exposée au catholicisme via mon éducation, j’aurais pu avoir une réaction négative, mais dans ce contexte, c’était plus facile pour moi de l’accepter », confie-t-elle.
Junko avait 39 ans quand ils ont eu un fils. Son mari lui a alors dit « je voudrais le faire baptiser », elle ne parvenait pas à se décider. Elle a donc demandé à la sœur de son mari ce qu’elle pensait du fait de baptiser les nouveau-nés. Sa belle-sœur, elle-même baptisée à la naissance, a répondu que depuis le plus jeune âge, elle a toujours ressenti fortement que « Dieu est toujours là ». Cette réponse a incité Junko à accepter de faire baptiser son fils unique. Après cela, elle évoque le soulagement et la joie de son mari, lui disant que « même si nous parents nous sommes amenés à mourir, tout ira bien parce que Dieu est avec lui ».
« Heureux d’être tombé malade »
La famille Kusanagi a déménagé dans leur lieu de résidence actuel quand leur fils est entré à l’école primaire ; le père et le fils ont alors rejoint l’église catholique de Sekimachi. Selon Junko, leur vie était insouciante jusqu’en octobre 2022, quand un jour, son mari a appelé pour lui annoncer « Je suis désolé de t’inquiéter, Junko, mais j’ai un cancer ». On venait de lui diagnostiquer un cancer du pancréas.
Elle a été tellement choquée et paniquée que son mari lui a dit n’avoir « jamais rencontré une personne aussi anxieuse ». De son côté, son mari n’a jamais montré aucun signe d’inquiétude après avoir reçu ce diagnostic. Selon Junko, cela ne voulait pas dire qu’il renonçait à sa vie, en aucun cas. En l’observant, elle explique lui avoir demandé pourquoi il restait aussi calme. Sa réponse invariable, « tout va bien, Dieu est toujours là », l’a surprise et elle s’est interrogée sur la puissance de la foi.
Jusqu’à sa maladie, Junko voyait son mari comme « une personne très gentille mais ordinaire », mais elle a compris que sa foi l’avait soutenu et fortifié depuis le plus jeune âge. Après cela, elle a décidé de suivre le chemin de son mari face au cancer, en prenant la même direction que lui, d’où sa décision de demander le baptême. Elle s’est aussi dit que son mari pouvait penser que « si son épouse angoissée se faisait baptiser et mettait sa confiance en Dieu, elle pourrait vivre avec la paix au cœur ». Il a été tellement heureux d’apprendre sa décision qu’il a confié être « content d’être tombé malade ».
« Déjà une membre importante de la communauté »
Après avoir pris sa décision, Junko a contacté l’église de Sekimachi, où on lui a parlé d’un cours préparatoire qu’elle a suivi à partir d’avril 2023. Un parcours catéchétique parrainé par l’archidiocèse de Tokyo a assigné cinq catéchistes dans l’église de Sekimachi. Chaque session commence avec un temps de prière, puis les catéchistes invitent les catéchumènes à explorer des thèmes comme « la justice de Dieu » ou « la façon dont Jésus a vécu ». Ce parcours introductif a été complété par Junko en janvier dernier, et jusqu’à la cérémonie du baptême, elle rencontra à plusieurs reprises le père Yasuaki Inagawa, curé de l’église de Sekimachi, pour des sessions complémentaires.
Kumiko Ogawa, une paroissienne de 80 ans, fait partie des organisateurs du programme et a suivi la progression de Junko. Elle assure que cette dernière est « déjà une membre importante de la communauté ». Quand les Kunasagis sont venus dans le quartier il y a trois ans, durant la pandémie, Junko se sentait tout le temps bloquée chez elle. En l’absence d’amies à qui parler, elle ne pouvait se confier qu’à son mari, et se sentait parfois seule avec rien à faire avec qui que ce soit.
« Je ne peux pas vivre bien une semaine sans le dimanche »
Depuis qu’elle a approfondi son engagement dans la paroisse avec la maladie de son mari, elle confie que « Dieu, Jésus, l’Église, les prêtres et les laïcs sont tout mon soutien. Je ne peux pas vivre bien une semaine sans le dimanche. » Elle ajoute que dans la paroisse, il y a toujours quelqu’un à qui parler, qui se préoccupe de son mari malade et qui prie pour lui. « Avant de venir à l’église, je ne pensais pas que les mots ‘je prie pour toi’ pouvait être aussi rassurants », confie-t-elle.
Junko ajoute que le soutien des membres de la paroisse la sauve et l’encourage. Elle transporte ensuite cette énergie renouvelée chez elle afin de remonter le moral de son mari convalescent et d’égayer leur foyer. Elle explique avoir choisi Raphaëlle comme nom de baptême d’après l’archange saint Raphaël. Dans l’Ancien Testament, dans le livre de Tobie, saint Raphaël voyage avec le fils de Tobie, Tobias, et lui apprend comment soigner Tobie qui a perdu la vue. Junko souhaite que Raphaël puisse protéger sa famille spirituellement et physiquement, qu’il soit avec eux pour les guider. « Je veux continuer de lire la Bible, rencontrer Jésus et prier en songeant à la signification des mots de la prière. » Junko Kusanagi sera baptisée le samedi 30 mars au soir durant la vigile pascale, dans l’église de Sekimachi.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Mariko Terada / Ucanews