Eglises d'Asie

Une ONG lance le programme « adopte un bidonville » contre la mortalité infantile et maternelle

Publié le 05/07/2019




Le programme « adopte un bidonville » a été lancé en octobre 2016 par le Comité de vigilance populaire sur les droits de l’homme, une ONG indienne, aux côtés de l’ONG Jan Mitra Nyas. Près de Varanasi dans l’État de l’Uttar Pradesh, le programme chercher à réduire la mortalité infantile et maternelle dans les bidonvilles, dont celui d’Anei Musahar Basti, au village d’Anei, qui compte 295 personnes de la communauté musahar. Aujourd’hui, le programme a permis de réduire la malnutrition et d’améliorer l’accès aux soins. Grâce à différents partenariats, de nombreux projets sont implantés, associant santé et développement.

L’ONG Jan Mitra Nyas, associée au Comité de vigilance populaire sur les droits de l’homme (PVCHR) – une ONG indienne basée à Varanasi –, cherche à réduire le taux de mortalité infantile et à fournir des soins médicaux aux femmes enceintes grâce à son programme « adopte un bidonville », à commencer par Anei Musahar Basti, le bidonville musahar du village d’Anei dans l’État de l’Uttar Pradesh. Par ce programme, l’ONG cherche à rompre la culture du silence qui entoure les gens qui vivent dans les bidonvilles, explique le directeur de PVCHR, le Dr Raghuvanshi, également médecin et activiste. Le bidonville d’Anei accueille 55 familles soit 295 personnes. Le programme a été lancé en octobre 2016 avec le soutien de l’ONG indienne Child Rights and You (CRY – « Les droits de l’enfant et vous »). Depuis, un projet pilote de jardin potager a été lancé avec le soutien du Haut-commissariat de Nouvelle-Zélande, de l’avocat Parul Sharma et de deux cents bienfaiteurs suédois. Grâce à différents partenariats, de nombreux projets ont été implantés, associant santé et développement. Pour la société indienne, les habitants des bidonvilles sont invisibles. De plus, la société patriarcale a favorisé le développement de traditions et de superstitions qui s’intéressent peu au sort réservé aux femmes. Enfin, beaucoup d’enfants et d’adolescents ne sont pas scolarisés et ne connaissent pas leurs droits.

Quand une femme du bidonville est enceinte, la communauté locale l’amène souvent voir l’ojha, une sorte de sorcier guérisseur, qui béni la mère et l’enfant à naître. En revanche, ses services ne sont pas gratuits : il reçoit 200 roupies par mois (2,90 dollars), de l’alcool et du poulet. À la naissance, le devin célèbre à minuit un rituel appelé gadthant, pour prévenir des décès prématurés ; pour cela, il est payé entre 2 000 et 5 000 roupies (entre 29 et 72 dollars). Ces rituels n’empêchent pas les décès, dus au manque d’accès aux soins dans les bidonvilles. De plus, les sages-femmes et les auxiliaires puéricultrices ne se rendent pas dans les ghettos, et ne rendent visite qu’aux castes supérieures. Globalement, ce mélange de stéréotypes, de superstition et de méfiance envers les programmes de santé publique complique l’intervention des services médicaux auprès des mères et des enfants des bidonvilles. Grâce au projet lancé par l’ONG à Anei, 18 femmes enceintes sur 23 ont été amenées au centre de soins de Badagaon pour accoucher, et les cinq autres sont restées chez elles. Les mères ont également commencé à allaiter leurs enfants, alors que certaines n’étaient pas conscientes de l’importance du lait maternel et ne leur donnaient que de l’eau. « Nous avons constaté une grave malnutrition dans le village », explique le Dr Raghuvanshi. Mais il assure que le projet a contribué à sensibiliser la communauté et que les choses ont commencé à changer. Aujourd’hui, on trouve au bidonville des pompes d’irrigation, des camps médicaux, et des infirmières viennent vacciner les enfants. « Désormais, il n’y a presque plus de mortalité infantile ou maternelle », se réjouit-il.

(Avec Asianews)

Crédit : Milei.vencel / CC BY-SA 3.0