Eglises d'Asie

Une quatrième année de sécheresse pour le fleuve Mékong

Publié le 15/01/2022




Selon un nouveau rapport de la commission MRC (Mekong River Commission), dont font partie les six pays traversés par le Mékong (Chine, Cambodge, Laos, Birmanie, Thaïlande et Vietnam), le fleuve est entré dans sa 4e année de sécheresse. Selon le rapport, les faibles précipitations enregistrées ces dernières années sur le bassin, les barrages hydroélectriques et les changements climatiques menacent les activités agricoles et la pêche dont dépendent près de 65 millions d’habitants dans la région. An Pich Hatda, du MRC, suggère une action collective immédiate pour atténuer cette crise.

Des pêcheurs sur le fleuve Mékong, à Phnom Penh (Cambodge).

Alors que le Mékong entre dans sa quatrième année de sécheresse, des faibles précipitations, ainsi que les barrages et les changements climatiques, ont entraîné des conditions drastiques qui menacent près de 65 millions d’habitants. Par conséquent, la commission MRC (Mekong River Commission) a appelé six pays à réagir de toute urgence afin de faire face « au faible débit régional, aux fluctuations des niveaux d’eau et à la sécheresse ». Dans son dernier rapport (Faible débit et sécheresse sur le Mékong en 2019-2021), la commission MRC a constaté que depuis 2015, le régime hydrologique du Mékong a changé, avec une saison sèche plus longue et une période de haut débit plus courte.

Cette tendance est provoquée par une multiplication des réservoirs de stockage le long du bassin du Mékong. « Ceci a entraîné des conséquences à la fois positives et négatives. Toutefois, la période 2019 à 2021 était exceptionnelle à cause de très faibles précipitations et de conditions climatiques qui se sont détériorées », explique An Pich Hatda, responsable du secrétariat de la commission MRC. « Tous ces facteurs combinés peuvent avoir fortement affecté la production agricole et la pêche parmi les populations vivant sur le delta du Mékong, et menacé l’écosystème délicat du bassin. »

Selon le rapport, 2020 a été l’année la plus sèche avec des précipitations qui sont restées sous le niveau habituel presque tous les mois, sauf en octobre. Cette année-là, plus d’actions ont été requises, « non seulement de la part de la Chine mais de tous les pays membres de la commission MRC, afin d’apporter une solution collective à ces problèmes ». Les autres pays membres étant le Cambodge, le Laos, la Birmanie, la Thaïlande et le Vietnam.

« Les six pays membres peuvent entreprendre des actions immédiates »

Le rapport de la commission, d’une centaine de pages, évalue également l’impact des faibles niveaux d’eau sur le flux inversé au niveau du lac Tonle Sap, au Cambodge (un baromètre important de l’hydrologie du bassin du Mékong). Il s’est avéré que cette inversion cyclique du courant, alors que le lac se remplit, était proche de la moyenne en 2019. Mais les niveaux d’eau ont été les plus bas jamais enregistrés en 2020 et 2021. Ces deux dernières années, les volumes de flux inversés ont été respectivement de 58 % et 51 % du volume moyen entre 2008 et 2021, selon le rapport.

La commission a également conclu que les barrages construits sur le bassin supérieur du Mékong n’étaient pas les plus en cause concernant les faibles niveaux d’eau dans le bassin inférieur, mais que c’était plutôt dû aux conditions climatiques aggravées conjuguées avec des précipitations particulièrement faibles. En 2019, le niveau d’eau total des deux plus grands réservoirs du bassin supérieur – Xiaowan et Nuozhadu – était inférieur aux niveaux enregistrés en 2018, 2020 et 2021, selon le rapport.

« Les six pays membres peuvent entreprendre des actions immédiates pour atténuer cette crise. Cela suppose notamment d’établir un mécanisme conjoint de notifications sur les niveaux d’eau inhabituels et, à l’avenir, de concevoir une gestion coordonnée des réservoirs et des barrages hydroélectriques », confie An Pich Hatda. « De plus, les pays doivent réfléchir aux solutions possibles afin de construire davantage de réservoirs et ainsi mieux gérer les conditions de sécheresses et d’inondations. Il s’agit aussi de concevoir un modèle opérationnel pour tout le bassin du Mékong. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Adam Hill / Pixabay