Une religieuse indienne et sa mère arrêtées dans l’État du Chhattisgarh

Des religieuses des Filles de Sainte-Anne célèbrent leurs premiers vœux à Ranchi, dans l’État du Jharkhand.

Cinq personnes ont été arrêtées après avoir participé à une messe dans l’État indien du Chhattisgarh, dans le centre du pays, dont une religieuse catholique et sa mère. Elles sont accusées d’avoir « offensé les sentiments religieux » et de « soutenir les hostilités entre religions ». Sœur Bibha Kerketta, membre des Filles de Sainte-Anne (DSA), qui vient de prononcer ses premiers vœux religieux au sein de sa congrégation, a été arrêtée le 6 juin avec sa mère, sa tante, son oncle et un chauffeur au domicile familial, au village de Balachapper dans le diocèse de Jashpur.

« La religieuse et les membres de sa famille sont victimes d’une affaire montée de toutes pièces », assure le père Nirmal Minj, curé de l’église Shanti Bhavan, la paroisse de la religieuse. Les personnes arrêtées ont été détenues au poste de police durant la nuit et ont été conduites au tribunal le lendemain, le 7 juin au soir. L’oncle de la religieuse a été libéré sous caution, mais les autres sont toujours placés en détention provisoire, selon le père Minj.

Sœur Bibha Kerketta a prononcé ses vœux temporaires en décembre dernier et les membres de la famille ont « célébré une messe d’action de grâce chez eux ». « Des proches, des prêtres et des religieuses du village ont assisté à la célébration et ont partagé un repas fraternel », indique le curé de la paroisse.

Peu après le départ des invités, une vingtaine d’hommes, dont certains issus de villages voisins, sont entrés de force chez eux et ont commencé à les attaquer, ajoute-t-il. « Ils ont giflé sa mère et jeté la Bible, les cierges et un chapelet », raconte-t-il. « Les hommes les ont aussi menacés en demandant pourquoi ils sont devenus chrétiens. Peu après, la police est arrivée et a emmené cinq d’entre eux au poste de police. »

Le diocèse de Jashpur appelle le gouvernement du Chhattisgarh à agir immédiatement

Le 8 juin, le tribunal a décidé d’étudier leur demande de libération conditionnelle le 13 juin prochain. « C’est vraiment triste. Nous ne comprenons pas pourquoi une messe est présentée comme quelque chose qui crée l’inimitié avec des personnes d’autres religions », regrette le père Mirmal Minj.

Le parti du Congrès, qui affirme vouloir défendre la laïcité indienne, est à la tête du gouvernement local au Chhattisgarh. Pourtant, les chrétiens continuent de subir des violences et des attaques perpétrées par des groupes extrémistes hindous. Depuis août 2022, les violences ont forcé le déplacement de plus de 1 000 chrétiens indigènes dans la région de Bastar (où les attaques proviennent aussi de rebelles maoïstes).

Selon la communauté chrétienne locale, les attaques organisées à leur encontre ont forcé beaucoup d’entre eux à fuir leur village. Les agresseurs sont aussi accusés d’avoir pillé leurs maisons, leurs bêtes et leurs cultures. Par ailleurs, les chrétiens n’ont pas eu l’autorisation d’enterrer leurs morts dans leurs villages, les forçant à transporter les corps dans d’autres cimetières catholiques et d’autres localités.

Le ministre en chef du Chhattisgarh, Bhupesh Baghel, a promis des actions contre les responsables des violences antichrétiennes, mais la situation reste tendue selon les chrétiens dans la région. Le père John Crus Minj, secrétaire de l’évêque de Jashpur, a condamné les attaques contre la religieuse et ses proches. Le prêtre a dit qu’ils feraient appel au gouvernement afin de lui demander d’agir immédiatement contre le harcèlement des chrétiens au Chhattisgarh, où ils représentent moins de 2 % de la population sur environ 30 millions d’habitants, majoritairement indigènes.

(Avec Ucanews)