Eglises d'Asie

Vientiane : à plus de 23 %, le taux d’inflation au Laos pourrait entraîner une crise politique

Publié le 09/07/2022




En juin 2022, le taux d’inflation au Laos a dépassé 23 %, un taux record depuis 22 ans, à cause de la hausse des prix des carburants et des besoins de première nécessité. La situation est également due à la dépréciation du kip, la monnaie nationale. De plus, le pays d’Asie du Sud-Est fait face à une aggravation de la crise de la dette souveraine, due notamment à de vastes projets d’infrastructures. Malgré les tentatives de Vientiane face à la crise, les experts estiment que c’est insuffisant face aux problèmes structurels de l’économie locale.

Le festival de That Luang, organisé tous les ans en novembre à Pha That Luang (Vientiane). Les habitants subissent de plein fouet un taux d’inflation record.

Le mois dernier au Laos, l’inflation a dépassé 23 %, soit le plus haut niveau enregistré dans le pays depuis 22 ans, selon le journal d’État Vientiane Times. La montée des prix des carburants et des produits de première nécessité, ainsi que la dépréciation du kip, la monnaie nationale laotienne, a fait passer la hausse de l’Indice des prix à la consommation au-dessus du plafond de 12 % fixé par le gouvernement. Durant la première moitié de l’année 2022, les prix du pétrole, du gaz et de l’or ont grimpé respectivement jusqu’à 107,1 %, 69,4 % et 68,7 %. De plus, alors que le dollar américain s’échangeait contre 9 300 kips en septembre, ce chiffre est aujourd’hui autour de 15 000 kips.

En mai, les longues files de motards attendant d’acheter de l’essence étaient les signes les plus visibles de la crise économique dans le petit pays communiste. En fait, alors que les devises étrangères se raréfient, le gouvernement de Vientiane s’avère incapable d’importer du pétrole et du diesel, pourtant nécessaires aux transports et à l’agriculture. Comme au Sri Lanka, la hausse des coûts de production menace le rendement des produits agricoles.

L’économie laotienne lourdement endettée envers la Chine

De plus, le pays d’Asie du Sud-Est fait face à une aggravation de la crise de la dette souveraine, à hauteur de près de 13,3 milliards de dollars US, contractés principalement pour financer de vastes projets d’infrastructures, dont une ligne de train à grande vitesse devant relier la capitale laotienne à la Chine. Comme le souligne The Diplomat, la crise économique risque de devenir également politique. Le mois dernier, le Premier ministre laotien Phankham Viphavanh a renouvelé certains membres de son cabinet, en ajoutant également quelques technocrates, tout en nommant un groupe de travail spécial afin de gérer la situation économique.

Le gouvernement a aussi ajouté à cela une lettre de crédit pour 200 millions de litres de pétrole, afin de couvrir les besoins du Laos pour juillet et août, et il a augmenté le revenu minimum légal afin de tenter de soutenir les catégories les plus pauvres de la population. Pourtant, selon les experts, de telles mesures ne suffiront pas à résoudre les problèmes structurels de l’économie laotienne, dont la corruption, l’évasion fiscale et une stratégie de développement basée sur la construction d’infrastructures, et qui ont laissé le pays lourdement endetté envers la Chine.

(Avec Asianews)