Eglises d'Asie

Les fêtes d’ouverture de l’année sainte à So Kiên ont été profondément marquées par le souvenir des martyrs et l’histoire de l’Eglise dans le pays

Publié le 25/03/2010




Les 23 et le 24 novembre, à So Kiên, qui fut au XIXème siècle le cœur même de la chrétienté du Tonkin occidental, la foule des catholiques vietnamiens était au rendez-vous de l’année sainte, prête à accomplir son pèlerinage à l’intérieur de l’histoire de son Eglise, comme le soulignera Mgr Nguyen Chi Linh dans son homélie. Les estimations de l’affluence ont été différentes, … 

… mais le nombre des participants devait s’approcher des 100 000 fidèles attendus (1).

Venus de partout, mais en particulier des diocèses du Nord, en empruntant toutes sortes de moyens de locomotion, les catholiques remplissaient la vaste place de 1,1 hectare spécialement aménagée pour la circonstance devant les ruines de la chapelle de l’ancien grand séminaire. Au centre, se dressait l’estrade où l’on pouvait lire les trois mots d’ordre de l’année sainte : « Mystère, Communion, Mission ». C’est là que se sont déroulées la veillée du 23 novembre et la messe solennelle du lendemain. Bon nombre des participants étaient là depuis plusieurs jours. C’était aussi le cas du cardinal Roger Etchegaray qui, dans une allocution prononcée avant la messe du 24 novembre, a rappelé que lors d’un voyage effectué en 1989, il avait renoué les liens entre le Vatican et le Vietnam. Le cardinal-archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, le cardinal Bernard Law, archevêque émérite de Boston, Mgr Brown, évêque du comté d’Orange, le P. Jean-Baptiste Etcharren, supérieur des Missions Etrangères de Paris, étaient, eux aussi, présents depuis deux jours. Trente-et-un évêques vietnamiens, plus de 400 prêtres, tous présents depuis la veille, concélébraient cette messe solennelle, présidée par le cardinal-archevêque de Saigon, Mgr Jean-Baptiste Pham Minh Mân, haut responsable du Comité de l’année sainte. On pouvait voir aussi dans les premiers rangs, 11 représentants des ambassades étrangères à Hanoi, des représentants des autorités vietnamiennes ainsi que de hauts dignitaires du bouddhisme vietnamien (2).

Avant la messe, divers messages ont été lus et plusieurs allocutions prononcés. Le secrétaire adjoint de la Conférence, Mgr Vo Duc Minh, a donné lecture de la Lettre du pape Benoît XVI et du message du préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, le cardinal Ivan Diaz. Après une allocution chaleureuse du cardinal Etchegaray, le président de la Conférence des évêques prononçait le discours d’ouverture. Il a souligné le moment historique, le « Kairos », a-t-il précisé, vécu en ce début de l’année sainte par l’Eglise du Vietnam. II a commencé par une méditation sur l’itinéraire historique de l’Eglise au Vietnam et a ensuite commenté les trois grands thèmes de l’année sainte : mystère, communion et mission. L’homélie de Mgr Nguyen Chi Linh, lue après l’Évangile, a savamment associé les thèmes de l’année sainte et de la fête des 117 martyrs vietnamiens. Débutant avec une courte histoire de la paroisse de So Kiên, qui fut pendant un temps le cœur de la chrétienté tonkinoise, l’homélie s’est ensuite poursuivie par une méditation sur le sens de la persécution dans l’Eglise. Elle s’est achevée par un vivant appel à la réconciliation de tous les Vietnamiens, trop longtemps séparés par la méfiance et opposés par des violences, des idéologies, des préjugés. Cette conclusion qui reprenait un appel au pardon et à la communion contenu dans le message du pape Benoît XVI, a provoqué de vifs applaudissements de la part des fidèles (3).

La veille, avait eu lieu une veillée très spectaculaire organisée par l’ensemble des dix diocèses du Nord, dont le mérite principal était de rappeler les diverses étapes de l’itinéraire historique du christianisme au Vietnam. La soirée avait débuté par une série de gestes symboliques. Il y eut d’abord une procession aux flambeaux en l’honneur des saints martyrs du Vietnam, à laquelle participaient des représentants de huit des 26 diocèses du pays. Ces gestes symboliques se succédèrent ensuite : embrasement du flambeau de la foi, vénération des ancêtres dans la foi, rite de réconciliation…

Après une allocution du président du Comité de l’année sainte, le cardinal Pham Minh Mân, puis un discours du vice-président du Front patriotique du Vietnam, commença la veillée proprement dite. Celle-ci, sur le thème de « Si le grain ne meurt… », évoqua les grands événements de l’histoire de l’Eglise au Vietnam.