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Des évêques mettent en garde contre la tendance actuelle des institutions éducatives catholiques à favoriser l’élitisme plutôt que la défense des valeurs chrétiennes

18 mars 2010
“Les écoles catholiques doivent-elles apprendre aux élèves à devenir de bons citoyens ou doivent-elles enseigner aux bons élèves ?” C’est sur cette interrogation mettant en garde les écoles catholiques contre la tendance actuelle à favoriser l’élitisme plutôt que la défense des valeurs chrétiennes que Mgr John Hung Shan-chuan, évêque de Chiayi, a ouvert le symposium organisé sur le thème de “l’Eglise catholique et l’éducation à Taiwan”. Mené les 27 et 28 novembre derniers à l’Université de la Providence, à Taichung, le symposium était l’un des sept événements marquant le 50e anniversaire de cette université catholique (1).


LA MODERNISATION POLITIQUE DE TAIWAN ( )


A Taiwan, les changements politiques se succèdent de plus en plus vite dans les domaines de l’économie, de la culture et de la vie sociale. Les élections locales du 27 novembre 1993 et la campagne électorale qui les ont précédées ont été un bon indicateur des changements majeurs survenus dans la structure institutionnelle de l’île et dans le comportement politique de ses citoyens.


Un amendement au Code pénal est perçu comme un signe encourageant par certains partisans de l’abolition de la peine de mort


Le 7 janvier dernier, les députés du Parlement, le Yuan législatif, ont adopté un amendement au Code pénal pour exclure du champ d’application de la peine de mort les mineurs et les personnes âgées de plus de 80 ans. Parallèlement, la période au cours de laquelle une personne purgeant une peine de prison à vie ne peut pas être remise en liberté a été portée de quinze à vingt-cinq ans. Pour le P. John Chen Kun-chen, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Taiwan, cet amendement, qui entrera en vigueur le 1er juillet 2006, représente un pas vers l’abolition de la peine de mort et il est le signe d’un respect croissant des droits de l’homme à Taiwan. “Les gens commencent à comprendre, a-t-il expliqué, que les droits l’homme doivent être respectés et défendus.” Pour un certain nombre de milieux, notamment chrétiens, si l’amendement en question va dans le bon sens, il ne représente toutefois qu’un pas timide en direction de l’abolition. De fait, l’opinion publique ne paraît pas prête à accepter une réforme plus radicale.


En se rendant place Saint Pierre pour les funérailles de Jean-Paul II, Chen Shui-bian est devenu le premier président taiwanais à visiter le Vatican


Vendredi 8 avril, jour où les obsèques du pape Jean-Paul II ont été célébrées place Saint Pierre, le président taiwanais Chen Shui-bian a passé à peine huit heures à Rome et au Vatican. Le temps de vol aller et retour, depuis Taipei, aura duré trois fois plus longtemps, mais, que ce soit à Taiwan ou ailleurs dans le monde, le caractère singulier de cette visite a été souligné. La nonciature apostolique auprès de la République de Chine est installée à Taipei depuis 1952, mais, avant ce vendredi 8 avril, jamais aucun président chinois n’avait été reçu au Vatican. A Pékin, la République populaire de Chine a bien entendu vigoureusement réagi et protesté, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères déclarant, le 8 avril, que “le passage à Rome de Chen Shui-bian [.] était une action visant à créer deux Chine ou une Chine et un Taiwan, ce à quoi le gouvernement chinois s’est toujours opposé”.


Selon des responsables catholiques, une publicité sur le préservatif mettant en scène une religieuse est révélatrice d’un manque de sensibilité envers l’Eglise


Suite aux protestations de différentes associations religieuses catholiques, un organisme gouvernemental de santé publique a retiré les affiches d’une campagne publicitaire de prévention du sida. Lancée en juin dernier, la campagne recourait notamment à une affiche, placardée sur les murs du métro de Taipei, représentant une religieuse tenant un préservatif dans la main. Joufflue et souriante, la femme habillée en religieuse catholique était accompagnée de la légende suivante : “Même si je n’en ai pas besoin, je sais à quoi ça sert.” L’affiche apparaissait également sur des panneaux publicitaires lumineux et des distributeurs automatiques de préservatifs. Pour le Centre de dépistage des maladies sexuellement transmissibles de Taipei, organisateur de la campagne, l’affiche avait pour objet de sensibiliser l’opinion publique sur les relations sexuelles “sans risques dites “protégées”. Mais, pour l’Association régionale des religieuses supérieures majeures de Taiwan, une telle utilisation de l’image d’une religieuse catholique est apparue inacceptable et une plainte a été déposée.


Le gouvernement taiwanais ainsi que l’épiscopat catholique doutent de l’existence d’un calen-drier secret relatif à la normalisation des relations entre le Saint-Siège et la Chine populaire


Le 29 octobre dernier, le quotidien The Times, à Londres, a publié un article citant, sous le sceau de l’anonymat, un haut fonctionnaire taiwanais disant qu’il était attendu que le Saint-Siège et Pékin nouent des relations diplomatiques d’ici à dix-huit mois, ou avant mai 2007. Quelques jours auparavant, le 25 octobre, le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Angelo Sodano, avait déclaré, à l’occasion de l’inauguration du Centre de conférence Matteo Ricci de l’université pontificale grégorienne, que, si le Saint-Siège “avait des contacts avec Pékin (.), le chargé d’affaires, qui est à Taiwan, irait à Pékin” (1). Peu après, on apprenait que le cardinal Jean-Louis Tauran, bibliothécaire et archiviste du Vatican, ancien secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats, allait effectuer un séjour à Taiwan du 20 au 27 novembre 2005. Officiellement, selon l’ambassadeur de Taiwan près le Saint-Siège, il s’agissait d'”une visite privée” prévue en avril dernier et repoussée en raison du décès de Jean-Paul II ; le motif du déplacement était la réception d’un titre de docteur Honoris Causa d’une université catholique et la remise par le président de la République de Chine, Chen Shuibian, d’une décoration pour l’aide apportée au renforcement des relations entre Taiwan et le Saint-Siège.


L’Eglise catholique lance une carte de crédit caritative dans le cadre d’une campagne destinée à rendre les Taiwanais plus optimistes face à la vie


L’Eglise catholique de Taiwan est entrée en campagne pour réhabiliter “l’optimisme devant la vie” et le lancement d’une carte de crédit caritative sera un des moyens utilisés pour rappeler aux chrétiens leur devoir à l’égard des laissés-pour-compte. Le “Mouvement pour le véritable bonheur” doit commencer en janvier prochain. Il appellera tous les catholiques à s’efforcer de témoigner de la bonté à l’égard de leur parenté, de leurs amis, voisins et collègues. Comme instrument de cette campagne, la Conférence régionale des évêques catholiques de Taiwan s’est associée à une banque locale, la Chinese Bank, pour lancer la “Carte du véritable bonheur” (1).


Le gouvernement taiwanais a décerné deux prix à Renlai, mensuel de réflexion lancé en janvier 2004 par l’Institut Ricci de Taipei


Le 18 décembre dernier, le Bureau pour l’information du gouvernement taiwanais a décerné deux prix, l’un relatif à l’information générale et l’autre à l’information sur les questions de violence entre les sexes, à Renlai, mensuel de réflexion lancé en janvier 2004 par l’Institut Ricci de Taipei. Selon le cofondateur et rédacteur en chef du mensuel, le jésuite Benoît Vermander, ces deux distinctions représentent une surprise “et une forme appréciée d’encouragement”. Elles sont la preuve que notre intuition de produire un magazine qui aille au-delà des frontières de l’Eglise catholique était bonne, a-t-il ajouté. Les articles distingués concernaient les droits des épouses étrangères à Taiwan, un phénomène social non négligeable du fait du nombre grandissant d’hommes taiwanais qui “achètent” une épouse au Vietnam et retournent vivre à Taiwan ; ces articles mettaient également à jour la violence que certaines de ces épouses rencontrent dans leur nouvelle vie.


Le cardinal Shan a reçu une décoration des mains du président de la République pour sa contribution à la promotion des relations entre l’Eglise et l’Etat


Recevant une décoration des mains du président de la République, le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, qui a assumé la présidence de la Conférence régionale des évêques catholiques de Taiwan pendant dix-huit ans, a tenu à remercier tous les prêtres catholiques, les religieuses et les fidèles de Taiwan pour tout ce qu’ils avaient fait pour la société taiwanaise. Le 16 février dernier, le président Chen Shui-bian a décoré le cardinal Shan, jésuite âgé de 82 ans, de l’Ordre de l’Etoile brillante (première classe), en reconnaissance pour sa contribution à la promotion des relations entre Taiwan et le Saint-Siège. Le président Chen a remis la médaille et le ruban au cardinal au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée dans le bureau présidentiel. Le cardinal Shan a remercié le président pour cette distinction, déclarant : “Je ne suis qu’un prêtre ordinaire qui a travaillé à Taiwan pendant quarante ans pour aider les gens dans le besoin, poussé par l’esprit de service et de sacrifice du Christ Jésus.”


Dans le diocèse de Kaohsiung, une paroisse a su aider deux communautés très différentes à s’intégrer en leur montrant comment dépasser le fossé culturel qui les séparait


Une paroisse du sud de Taiwan a réussi à faire en sorte que soit dépassé le fossé culturel qui séparait les catholiques originaires de deux régions très distinctes : “le haut pays » et “le plat pays”. Les gens du “plat pays” sont des Chinois de l’ethnie han. Ils parlent le dialecte taiwanais ou le mandarin, langue officielle de Taiwan. Ils occupent la région côtière, région prospère. Les gens du “haut pays en revanche, sont les aborigènes qui, descendus des montagnes, sont venus s’installer aux environs de Kaohsiung, une ville située à 300 Km au sud-ouest de Taipei. Quand la paroisse de Hsiaokang (diocèse de Kaohsiung) a été érigée il y a une dizaine d’années, rapporte le P. Ulrich Scherer, les paroissiens du plat pays ne furent pas ravis de voir arriver les catholiques du haut pays. Ils trouvaient en effet difficile d'”accepter que leur paroisse devienne une église d’aborigènes”. Ceux du haut pays, principalement des Amei venus de Hualien, représentaient 80 % des paroissiens, une proportion telle qu’ils pensaient eux-mêmes devoir demander une église qui leur soit propre.