Un groupe oecuménique de la région de Multan, au Pendjab, assure que, dans les établissements pénitentiaires de cet Etat, les « pensionnaires » qui suivent des cours coraniques et passent leurs examens avec succès voient leur peine abrégée de deux ans, tandis que leurs collègues chrétiens qui réussissent une épreuve similaire pour des études bibliques ne bénéficient d’aucune faveur de même nature. Journellement, les prisonniers musulmans ont trois heures et demi de leçons de religion: c’est ce qu’a décidé de longue date le ministre-président de cet Etat, M.Nawaz Sharif, et ce n’est que depuis le 29 mai 1990 que les Eglises chrétiennes ont été autorisées à pourvoir d’elles-mêmes à un enseignement religieux pour leurs ressortissants privés de liberté. Jusqu’à présent, aucune nomination de responsable n’a donc été faite du côté chrétien, tandis que les autorités publiques organisent elles-mêmes les classes pour musulmans: les détenus appartenant aux minorités religieuses doivent s’en référer à leurs propres organismes qui disposent d’un permis de visite. Ceux-ci n’ont pas toujours les moyens de satisfaire aux demandes, et des observateurs se demandent pourquoi, sur ce point, le gouvernement ne traite pas tous les prisonniers de la même façon.
Autrefois, seuls les adeptes du Prophète étaient en mesure de parfaire, en privé, leur formation religieuse. C’est en 1989 seulement qu’un amendement à une loi de 1894 a étendu ce droit aux non-musulmans, qui depuis lors peuvent détenir dans leur cellule un exemplaire de leurs Ecritures respectives: par exemple, la Bible pour les chrétiens, ou le Bhagavat Gita pour les hindous.
Divers mouvements réclament pour eux non seulement que l’Etat leur procure des enseignants capables, mais aussi qu’il leur accorde une réduction de peine identique à celle dont peuvent profiter les plus studieux parmi les pieux musulmans.