Cette conférence épiscopale a été formée dans le but de faire l’unité de l’Eglise de Chine et non pour la diviser, a affirmé le prélat, répondant ainsi aux critiques formulées par certains milieux romains qui pensent que cette initiative était inopportune et pourrait mettre en péril les négociations entre la Chine et le Vatican ainsi que les efforts consentis pour la réconciliation à l’intérieur de l’Eglise de Chine (7). Mgr Tang ajoutait que l’intention des évêques qui se sont réunis le 21 novembre était d’inviter tous leurs frères dans l’épiscopat de l’Eglise “officielle”, qui reconnaissent le pape, à les rejoindre dans une Eglise unifiée.
A son retour à Hongkong le 14 juin, l’archevêque a précisé que les préparatifs pour former cette Conférence épiscopale avaient commencé en novembre 1988, avant que le gouvernement ne publie le “document n°3” dont un des objectifs est de mettre à la raison l’Eglise catholique “clandestine” (8). 57 évêques “clandestins” avaient été contactés pour participer à la réunion du 21 novembre 1989 qui s’est tenue près de Sanyuan dans la province du Shaanxi, mais 9 seulement s’y étaient rendus. Rappelons que la plupart des participants ont été emprisonnés par la suite.
D’après Mgr Tang, la décision de former cette Conférence épiscopale s’explique par le fait que certains évêques de l’Eglise “clandestine” veulent que leur opinion soit prise en compte dans l’organisation future de l’Eglise en Chine. Parce qu’ils sont dans l’illégalité, ils ont du mal à se faire entendre même par ceux qui sont supposés travailler à la réconciliation de l’Eglise; ils n’ont pas la possibilité de répondre aux critiques qui leur sont adressées par les évêques de l’Eglise “officielle” ayant, eux, facilement accès aux medias internationaux.
Mgr Tang estime cependant que si la formation de cette Conférence épiscopale a été unaniment approuvée dans les milieux de l’Eglise “clandestine” des provinces du nord, elle a suscité davantage de réserves dans ceux de la région de Shanghai et dans le sud. L’archevêque de Canton explique ces divergences par l’histoire: les catholiques “clandestins” du nord ont durement souffert de la répression depuis 40 ans et n’ont pas peur de prendre des initiatives de ce genre car ils sont habitués à mettre leur sécurité personnelle en danger. Le sud a connu une évolution différente.
Interrogé à Beijing par l’agence UCAN de Hongkong, Anthony Liu Bainian, porte-parole de l’Association patriotique a déclaré, quant à lui, qu’il n’y a qu’une seule Eglise catholique en Chine et il ne peut y avoir aucun dialogue entre elle et l’Eglise “clandestine”. De son côté, Mgr Joseph Zong Huaide, président du Collège épiscopal de l’Eglise “officielle” s’est montré plus nuancé et a déclaré, le 4 juin 1990, que les évêques et les prêtres “clandestins” étaient les bienvenus dans l’Eglise “officielle”, pourvu qu’ils acceptent certaines conditions.