Dans ce contexte, les Eglises sont perçues par un certain nombre d’observateurs comme étant de plus en plus présentes sur la scène sociale et politique, en particulier, depuis la répression, à Beijing, du mouvement étudiant en juin 1989. Un certain nombre d’événements récents semblent conforter cette perception.
C’est ainsi que 25 associations protestantes et catholiques se sont retrouvées, le 27 juin 1990, pour exiger du Conseil législatif du territoire que la « déclaration des droits » acceptée, en principe, par le gouvernement de Hongkong en février 1990, soit effectivement appliquée et jouisse d’une prééminence juridique par rapport à l’ensemble des lois qui régissent le territoire (5). Le Conseil législatif a finalement adopté, le même jour, une motion qui donnait satisfaction au groupe de pression formé par les associations catholiques et protestantes.
Quelques jours plus tard, au début du mois de juillet, c’est un pasteur anglican, le Rd Fung Chiwood, qui était condamné par un tribunal à une amende: il avait été inculpé à l’occasion de l’organisation d’une marche pour la démocratie en janvier 1990.
Par ailleurs, le 4 juin 1990, l’interdiction faite par le gouvernement d’utiliser un stade pour tenir un rassemblement religieux afin de commémorer les événements de l’année précédente à Beijing, avait aussi contribué à mobiliser les Eglises. Le Rd Lo Lung-kwong, porte-parole des organisateurs de la manifestation, avait sévèrement condamné cette inféodation abusive des responsables politiques de Hongkong au gouvernement de Beijing: » Cette interdiction va à l’encontre de la liberté d’expression et de la liberté religieuse », avait-il déclaré.
Interrogé par la presse de Hongkong au sujet du militantisme grandissant des organisations chrétiennes, le P. Louis Ha, directeur d’un journal catholique et responsable du Centre des communications sociales du diocèse déclarait, quant à lui: « Sans devenir une institution politique, l’Eglise doit s’intéresser à l’évolution politique de la société et les chrétiens doivent s’engager dans les affaires sociales et politiquesEstimant que les droits de l’homme et l’égalité de tous les citoyens étaient les priorités de l’Eglise catholique, il ajoutait: « Obtenir la démocratie est la meilleure manière de mettre en oeuvre ces priorités ».