Eglises d'Asie

Plaidoyer pour un cessez-le-feu

Publié le 18/03/2010




A ce moment critique de leur histoire, les chrétiens du Sri Lanka “doivent se faire entendre, et plus que jamais, sinon leur silence sera interprété comme apathie et faiblesseC’est Mgr Raymond Peiris, président de la Commission “Justice et paix” de la Conférence épiscopale, qui lance cet appel.

Dans un communiqué publié le 12 juillet, il invite instamment le gouvernement aussi bien que les rebelles tamouls à déposer les armes afin de revenir à la table des négociations. Pour lui, les hostilités qui ont repris, le 11 juin, entre forces gouvernementales et “Tigres tamouls”, dans la région de Batticaloa, entraînent le pays dans un cycle de violence d’où il n’est pas certain de pouvoir s’extirper. “Cette bataille dont on ne voit pas le bout, entre frères et soeurs du même pays, ne peut que nous mener sur la voie d’une destruction irréparable. Des millions de roupies ont été sacrifiés sur l’autel de la guerre au lieu d’être utilisés pour la nourriture, l’éducation, la santé, les transports et autres services destinés à améliorer la qualité de notre vie

Mgr Peiris s’en prend à un “patriotisme romantique” qu’un journalisme irresponsable instille dans la jeunesse cinghalaise. “Les discours enflammés destinés à pousser les jeunes à prendre les armes et le plaisir malsain avec lequel on exalte la “mort du héros”, pendant que les autres victimes de la guerre, les veuves et les orphelins cherchent à comprendre, tout cela devrait être condamné par toute personne de jugement saindit-il. Il ajoute que les épreuves actuelles du Sri Lanka sont les conséquences de problèmes restés sans solution, “à savoir les inégalités criantes, la discrimination institutionnelle, les préjugés dénués de tout fondement. Tout cela ajouté à la corruption et à l’arrogance gouvernementales. Celles-ci n’ont fait qu’augmenter au cours des décennies écoulées depuis l’indépendance et prennent aujourd’hui des proportions désastreuses

Le prélat rappelle que l’Ecriture nous invite à être “artisans de paix” : “A ce stade du conflit, dit-il, nous avons besoin de rassembler nos forces morales et spirituelles pour relever ce défi et parvenir à une solution durable, qui soit acceptable pour tous les intéressés. Un bon travail a été mis en train, pour apporter de l’aide aux populations souffrantes du nord et de l’est. Il faut le continuer, sans se préoccuper de savoir si les bénéficiaires seront cinghalais, tamouls ou musulmans”.

Dans la même déclaration, Mgr Peiris demande aux forces gouvernementales aussi bien qu’aux rebelles, de faire en sorte que, tant qu’une solution n’a pas été trouvée au conflit, on évite au maximum les pertes civiles ; que l’on renonce à la torture, en particulier des femmes, des enfants et des personnes âgées ; que les vivres soient distribués de manière équitable ; que l’on assure le libre passage aux organisations d’aide humanitaire et que l’on respecte les accords internationaux protégeant les soldats qui déposent les armes, les combattants blessés, les prisonniers de guerre. L’évêque encourage les leaders religieux à entrer en dialogue, afin de supprimer la méfiance qui existe entre les diverses communautés et d’être capables de proposer des mesures pratiques qui profiteraient à la nation toute entière.

Par ailleurs, le Centre catholique pour le Développement économique et social a envoyé deux camions de nourriture et de vêtements aux camps de réfugiés installés à proximité du port de Trincomalee. Et Mgr Edmund Fernando OMI, évêque de Badulla, dont le diocèse s’étend sur une partie du district de Amparai, à l’est de l’île, signale une certaine amélioration de la situation. Les tensions s’atténuent peu à peu et des réfugiés rentrent chez eux. A Amparai, écoles et bureaux fonctionnent à nouveau depuis le 16 juillet.