Le pouvoir fédéral avait pourtant, jusqu’au dernier moment, essayé de déstabiliser la majorité du « Parti Bersatu Sabah ». Après l’arrestation de militants proches du ministre-président le 25 mai, la police politique fédérale annonçait qu’elle avait aussi placé en détention, depuis le 7 juin, un officier supérieur de police de Sabah, M. Abdul Rahman Ahmad: des documents auraient été saisis chez lui concernant une certaine « Organisation pour la libération du peuple de Sabah », ainsi que des plans et des photographies aériennes d’installations militaires. Par ailleurs, la police politique affirmait être à la recherche d’un Européen qu’elle disait être en train de recruter des mercenaires étrangers pour perpétrer un coup d’état.
Le 13 juillet, c’est Jeffrey Kitingan, le propre frère du ministre-président, qui se comparaissait devant le tribunal de Kuala Lumpur pour une affaire de corruption dont il a été accusé au début de l’année.
Malgré tout, la grande majorité des Chinois et des Kadazans se sont ralliés au parti de Joseph Pairin Kitingan. Si la victoire de celui-ci est indubitable, elle n’est pourtant pas sans révéler un certain nombre d’éléments inquiétants pour la stabilité future de l’Etat de Sabah. Une analyse détaillée des résultats des élections montre en effet une nette accentuation des polarisations religieuses et raciales. Tous les musulmans qui se présentaient sous l’étiquette « Parti Bersatu Sabah » du ministre-président, dans les circonscriptions à majorité musulmane, ont été battus, y compris le vice-président du parti, M. Ahmad Baharom Titingan. Les musulmans, dans leur grande majorité, ont préféré se rallier au parti d’opposition USNO (7) de Mustapha bin Harun, l’un des leurs, ancien ministre-président de Sabah pendant 12 ans. La volonté de Joseph Pairin Kitingan de faire de son parti une force rassemblant toutes les religions et les races de Sabah ne semble pas devoir se concrétiser dans l’immédiat. Cette polarisation accrue ne laisse pas d’être inquiétante.