Eglises d'Asie

L’impatience des oulémas…

Publié le 18/03/2010




Les oulémas sont mécontents : on entend trop de critiques relatives au projet, qui a tout leur appui, d’imposer la “Charia” comme unique référence pour tout le système législatif pakistanais. Conscient des difficultés qui pourraient surgir s’il était voté par le Parlement, le gouvernement n’avançait dans cette voie qu’à petits pas prudents (3). Il était à craindre en effet que l’adoption, sur le plan civil, de la loi islamique donnant tous pouvoirs aux religieux musulmans, surtout dans le domaine judiciaire, ne se ferait pas sans mettre en péril la paix sociale.

Il était prévu qu’aux environs de la mi-août 1990, l’Assemblée nationale aurait à se prononcer sur cette affaire, qui inquiète non seulement les minorités religieuses – elles ne comptent que dix députés – mais aussi bon nombre de musulmans modérés. Or, le Sénat a déjà pris position en faveur de l’imposition de la Charia, le 13 mai dernier. Aussi, depuis lors, quelques personnalités ont publiquement manifesté leur souhait de tempérer les effets qu’une telle loi pourrait avoir dans l’administration de la justice. Sur ce, le Conseil des oulémas fit savoir qu’il n’accepterait aucun amendement au texte approuvé par la Chambre Haute.

Un séminaire, rassemblant à Lahore les porte-parole de différentes associations, le 28 juillet, a défendu le point de vue selon lequel le projet en question, s’il n’était pas sensiblement modifié, rendrait la Constitution inopérante. Mgr John Joseph, évêque de Faisalabad et président de la Commission des Droits de l’homme – dépendant de la Conférence épiscopale – précisait à cette occasion: “Nous ne prenons pas parti contre l’islam ou la Charia, mais contre cette loi qui va à l’encontre de l’esprit même du Coran et de la Sunnaou ensemble des enseignements du Prophète.

Interviewée par des journalistes, Mme Benazir Bhutto, premier ministre, leur avait déclaré dès le 20 juillet qu’elle ne pensait pas qu’il faille appliquer à la lettre, dans les lois civiles, les mesures punitives préconisées par le Coran. Par exemple, avait-elle suggéré, c’est au gouvernement qu’il appartient de décider si l’amputation est, ou non, une peine à introduire dans notre appareil répressif. C’en était trop pour les tenants d’un islam pur et dur. Accusée de se moquer de la loi islamique et de prôner “des méthodes infidèles” nées en Occident, Mme Bhutto, à peine soutenue par quelques voix discordantes, se vit, de plusieurs côtés, sommée de démissionner pour avoir ouvertement déclaré la guerre à la religion. Plainte fut déposée contre elle, par un “comité de sauvegarde” constitué pour la circonstance, auprès du président Ghulam Ishaq Khan, déjà prévenu contre son premier ministre à qui on reproche tout un éventail de fautes d’ordre social et politique.

Le monde entier a appris, le 6 août, la réaction du président. Evincée, Mme Benazir Bhutto a déclaré que les charges retenues contre elle étaient vagues et sans fondement, et qu’elle considérait l’action présidentielle à son encontre comme “illégale et anticonstitutionnelle