Eglises d'Asie

Une solution fédérale ?

Publié le 18/03/2010




Est-ce un effet de l’appel du 12 juillet 1990, lancé par Mgr Peiris au nom de la Commission “Justice et paix” srilankaise (4) ? Voici qu’à leur tour, des personnalités du diocèse de Jaffna interviennent pour que les combattants arrêtent les hostilités et se donnent un temps de réflexion. Avec la bénédiction de leur évêque, Mgr J.B. Deogupillai, elles ont adressé, dès le 15 juillet, un pressant message au président Premadasa, pour qu’une trève soit conclue au plus tôt entre l’armée nationale et les “Tigres” insurgés, pour épargner les vies humaines et faire cesser cette “furieuse guerre où les droits fondamentaux de l’homme, tels qu’ils sont reconnus par la loi, ne sont pas plus respectés d’un côté que de l’autre

Désireux d’exposer au chef de l’Etat “les aspirations du peuple des régions tamoulesles signataires proposent qu’un répit dans cette lutte fratricide, qui a repris vigueur depuis plus d’un mois, permette à chacune des parties en présence d’envisager les moyens grâce auxquels l’unité du pays pourra être préservée sans que soient lésés les droits que revendiquent légitimement “les différents groupes nationaux” qui ont leurs racines dans l’île même et y ont développé leurs traditions propres au cours de l’histoire.

Le texte en question ne se borne pas à une déclaration platonique, mais il suggère d’étudier la possibilité de “transformer le Sri Lanka en un Etat fédéralavec une décentralisation des pouvoirs du gouvernement de Colombo vers chacune des entités composantes. On en reviendrait ainsi à un projet déjà formulé en 1949 par les dirigeants – des chrétiens tamouls – du “Parti fédéraliste” de l’époque. Pareille perspective ayant été rejetée par la majorité cingalaise, les défenseurs du fédéralisme formèrent, en 1973, avec plusieurs factions nationalistes, un Front commun (5) pour la libération des régions tamoules, lequel par la suite réclama la division du pays et l’indépendance du “Tamil Eelam”. On connaît la suite…

On peut se demander si, à 40 ans de distance, pareil programme a quelque chance de succès. Ses initiateurs comptent sur la lassitude ressentie par l’ensemble des citoyens plongés dans cet interminable et sanglant conflit. Ils présument de la bonne volonté du président Ranasinghe Premadasa qui, le 26 juin dernier, quinze jours après le départ de la nouvelle flambée de terrorisme, avait réuni des représentants de plusieurs groupements tamouls – rivaux des “Tigres” – pour tenter de rétablir l’ordre et la paix dans les provinces du nord et de l’est… Et ils souhaitent, pour neutraliser les forces en présence, qu’un cessez-le-feu soit négocié et garanti par la communauté internationale.

Est-ce la voie du salut ? Des observateurs assurent qu’à l’heure actuelle une solution fédérale serait plus facilement acceptée dans les milieux cingalais soucieux de ramener la paix dans le pays en sauvegardant son unité. Mais pourront-ils se concilier les bonnes grâces de leurs ultras ?