Célibataires et âgées pour la plupart de moins de 25 ans, ces femmes sont utilisées en dehors de toutes les normes établies tant par la législation bengalaise que par les accords internationaux sur la réglementation du travail. Plus de 90% d’entre elles, après les 3 mois réguliers d’engagement à l’essai, ne reçoivent jamais de contrat en bonne et due forme, mais simplement une carte sans valeur officielle, qu’on peut leur retirer dès que l’on n’a plus besoin de leurs services, et qui ne leur permet pas d’aller en justice contre leur employeur : elles n’auraient d’ailleurs pas les ressources nécessaires pour le faire, celui-ci usant de toutes les subtilités de la loi pour que le procès, qui devrait être clos en deux ou trois mois, s’éternise pendant deux ou trois ans.
Les heures de travail vont de 8h du matin à 10h du soir, mais bien souvent le personnel est contraint de travailler 36h durant, avec seulement de brèves interruptions pour un repas rapide et un repos léger. Tout recours aux syndicats existants est rendu impossible: ce serait s’exposer à un renvoi immédiat. Quant à l’inspection du travail, elle semble ignorer les exactions auxquelles sont soumises ces ouvrières de la part de compagnies qui ne tiennent de registres administratifs plus au moins falsifiés que dans la mesure où ils sont indispensables pour donner à l’extérieur l’impression d’une firme sérieuse. Il va de soi que des fonctionnaires corrompus sont complices de ces opérations préjudiciables au petit peuple.
Et pourtant, il y a des centaines de milliers de jeunes chômeuses, de veuves et de divorcées en mal d’emploi, qui attendent anxieusement le moment où telle société de leur voisinage leur offrira de l’embauche !
Au Bangladesh, à quelque niveau que ce soit, les droits de la femme ne sont pratiquement pas respectés, en dépit des efforts des Eglises chrétiennes – très peu représentées d’ailleurs -pour la rendre consciente de sa dignité (4).