Eglises d'Asie

Les catholiques du Hebei inquiètent les autorités

Publié le 18/03/2010




Comment se débarrasser des “forces clandestines de l’Eglise catholique” du nord de la Chine ? C’était le thème d’une réunion organisée par les autorités gouvernementales dans une ville de la province du Hebei à la fin de mars 1990.

Dans son discours, le maire de la ville a décrit la situation de l’Eglise “clandestine” dans la province et dans sa municipalité. Mettant l’accent sur “l’importance qu’il y a à s’occuper des catholiques dans la nouvelle situation”, il a souligné le succès croissant de l’Eglise catholique “clandestine”. Il estime qu’environ 300 000 catholiques de la province sont sous le contrôle des prêtres et évêques “noirs“, non affiliés à l’Eglise “officielle”, et que le Hebei est devenu “le centre de direction des forces clandestines catholiques de tout le pays

En ce qui concerne sa propre ville, le maire a déclaré que “plus de la moitié des 15 000 catholiques penchent vers les forces clandestines” dont la puissance s’accroît et dont les activités deviennent de plus en plus visibles. Il énumère ensuite les 5 causes principales de cette croissance rapide de l’Eglise “clandestine”: l’absence, dans la région, de clergé patriotique et progressiste, l’ingérence de forces clandestines extérieures qui créent la division, des insuffisances dans l’application de la politique religieuse officielle, l’apathie des cadres qui sous-estiment l’Eglise catholique, et la faiblesse du système judiciaire. Il en appelle donc aux Comités du Parti à tous les niveaux pour qu’ils travaillent la main dans la main avec l’Eglise catholique “officielle”.

La deuxième partie du discours porte sur la stratégie à mettre en oeuvre pour “renforcer la direction et la gestion de l’Eglise catholique” par les fonctionnaires du gouvernement. Dans la troisième partie, le maire appelle à “résister résolument à l’infiltration des forces clandestines extérieures” afin que “l’autorité dans l’Eglise reste entre les mains des forces patriotiques”. Il termine enfin par des suggestions d’ordre pratique pour une répression plus sévère des “clandestins” et un contrôle plus strict des activités religieuses des catholiques.

Rappelons que cette province du Hebei au nord du fleuve Jaune, forme une couronne autour des municipalités indépendantes de Beijing et de Tianjin. La capitale provinciale est Shijiazhuang à 300 km au sud de Beijing. La population de la province est estimée à 60 millions d’habitants. L’histoire du catholicisme y est très ancienne puisqu’elle remonte à la dynastie des Ming, au temps où le jésuite italien Matteo Ricci s’installait à Beijing au début du XVIIème siècle. Il existe aujourd’hui une dizaine de diocèses dans la province et les catholiques sont au nombre d’au moins 1 500 000. 25% environ de tous les catholiques de Chine vivent donc dans cette province. La situation de l’Eglise y est plus compliquée que partout ailleurs (6) et les chrétiens clandestins y sont nombreux, surtout dans les zones rurales où un certain nombre de villages sont entièrement catholiques.