Eglises d'Asie

Répression sanglante

Publié le 18/03/2010




Mandalay, à 500 km environ au nord de Rangoon, est la deuxième ville de Birmanie. Une agitation latente règne dans le pays pratiquement depuis les élections générales de mai 1990, qui furent à plus de 80% favorables à la Ligue nationale pour la démocratie, parti d’opposition. La population supporte mal que la dictature militaire mise en place en septembre 1988 fasse traîner les opérations de transfert des pouvoirs. Des manifestations sporadiques ont lieu en différents centres, la plupart du temps orchestrées par des étudiants et des bonzes (5), les deux bêtes noires du régime.

Il n’y avait cependant pas eu d’incidents importants avant le 8 août 1990 date à laquelle, à Mandalay précisement, des moines bouddhistes se mirent dès l’aube à défiler en ville pour marquer l’anniversaire du soulèvement, durement réprimé voici deux ans, à la suite duquel le gouvernement actuel prit les affaires en main. Selon des sources diplomatiques, plus de 5 000 personnes ont pris part à leur manifestation qui se voulait pacifique. Celle-ci s’est déroulée pendant 1h 1/2 sans heurt jusqu’à ce que, peu avant 7h 30, la troupe se déploie pour barrer la route au cortège. Entre-temps, un fort contingent de jeunes avait rejoint les manifestants.

On ne sait au juste ce qui déclencha le feu des soldats : selon les uns, ce fut un jet de pierres qui atteignit un capitaine ; selon les autres, ce fut la brusque apparition dans la foule d’un étendard “au paon hardi”, symbole de la résistance étudiante. Bilan : 2 moines – 7 selon d’autres rapports – et 2 étudiants tués ; d’autres manifestants blessés. Un porte-parole du “Conseil gouvernemental pour la restauration de la loi et de l’ordre” -autrement dit, du gouvernement central – a démenti qu’il y ait eu du sang versé, de telles informations, a-t-il dit, n’étant que “vagues rumeurs répandues par des éléments sans scrupules

En d’autres villes, il se peut que des violences aient eu lieu, mais elles auraient été sans gravité. On signale qu’à Rangoon l’armée était très présente dans les rues et procédait à des contrôles et des fouilles sur les passants. Le pays tout entier est toujours sous la loi martiale, qui interdit tout rassemblement de plus de 5 personnes.